Interview : Matt Verboys, directeur du label La-Land Records

Bien connu de nos lecteurs béophiles, La-La Land Records vient de fêter ses 16 ans d’existence et s’est imposé comme le label de musique de film le plus Mad de la planète. L’occasion pour Matt Verboys, qui le dirige en compagnie de M.V. Gerhard, de nous raconter cette aventure placée sous le signe du cinéma de genre.
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Parlons de la création du label. De quel milieu professionnel venez-vous ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans un tel projet ? Et comment avez-vous trouvé l’argent ? 

J’ai commencé à Los Angeles, en travaillant pour des auteurs et des sociétés de production. M.V. Gerhard, qui dirige La-La Land Records avec moi, est également scénariste et réalisateur de formation, et s’est retrouvé à travailler pour Crescendo Records, un label qui a sorti pas mal de B.O. Nous sommes amis depuis très longtemps et comme nous sommes tous deux passionnés par le cinéma et la musique de film, nous nous sommes mis à suggérer des idées d’albums à sortir à Crescendo, mais ça n’a rien donné. L’une de ces idées était d’assembler une compilation de chansons tirées des films de John Hughes : au fil du temps, ce projet s’est métamorphosé pour devenir notre album de La Folle journée de Ferris Bueller, mais chez La-La Land ! Donc, en 2001, je travaillais pour une compagnie de production appelée Numenorean Films, qui envisageait de se lancer dans l’édition de musique de film. J’en ai parlé à M.V., je l’ai mis en contact avec eux et il a pris les choses en main en leur expliquant ce qu’il était possible de faire si on voulait s’inscrire dans la lignée de Varese Sarabande, FSM et Intrada. Avec l’aide du producteur de B.O. Ford A. Thaxton, nous avons alors sorti deux albums, dont un double CD de Dark Crystal. Il ne nous a pas fallu longtemps pour comprendre que c’était une activité sur laquelle nous voulions nous concentrer, mais à notre manière, avec nos propres sensibilités et sans être obligés de passer par d’autres pour traiter avec les sociétés de production détenant les droits des scores qui nous intéressaient. Et c’est ainsi que La-La Land est né, à l’automne 2002, avec 2000 dollars empruntés à nos familles respectives et des cartes de crédit au plafond très limité ! Au début, on a même dû faire appel à des investisseurs privés sur certains de nos projets, un peu comme si on montait un film indépendant. Bref, on a fait ce qu’il fallait pour construire quelque chose de solide. 


Quels ont été les projets les plus compliqués à mettre en place ? 

C’est difficile à dire, parce que chacun représente un cas de figure différent. Certains projets se montent très rapidement, d’autres peuvent prendre des années – on a mis huit ans à sortir Le Flic de Beverly Hills. Ce sont probablement ces derniers qui nous apportent le plus de satisfaction car ils représentent l’aboutissement de plusieurs années de travail. Ça implique de traiter avec plusieurs intervenants, des compagnies discographiques aux studios de production en passant par les artistes eux-mêmes : plus il y en a, plus c’est compliqué et plus l’album mettra du temps à sortir. Nous avons la chance d’avoir une super équipe de producteurs et un excellent superviseur musical, sans oublier tous nos alliés au sein des studios et des compagnies de disques. Ils sont d’une aide inestimable pour ce qui est de naviguer et de survivre dans ces eaux parfois traîtresses. Sans eux, on n’aurait pas pu sortir le coffret Star Trek : The Original Series. Aucun label n’avait osé se lancer dans une telle aventure, à savoir rassembler tous les scores des trois saisons qu’a comptées la série des années 60. Ça nous a coûté aussi cher que si on avait acheté une maison, mais quand le coffret a eu droit à un article dans le Wall Street Journal, on a su qu’on avait accompli quelque chose d’important d’un point de vue culturel. 


Ce qui distingue La-La Land des autres labels, c’est que vous semblez vous concentrer sur la SF, le fantastique, l’horreur… 

Au même titre que Star Trek, l’horreur est un genre qui nous a toujours porté chance. Quelques-uns de nos premiers albums sont des scores horrifiques. Cabin Fever, le remake de Massacre à la tronçonneuse ou les scores de Richard Band pour Re-Animator et From Beyond nous ont énormément aidés quand on a lancé le label. Nous sommes très fans de John Harrison, et nos albums du Jour des morts-vivants et de Creepshow continuent à très bien se vendre. Et puis il y a Harry Manfredini et ses formidables musiques pour les Vendredi 13. Le coffret de six CD consacré à la saga que nous avons sorti il y a quelques années a marqué une date pour nous. Rendre disponibles pour la première fois ces scores iconiques a représenté quelque chose de très spécial, parce que ça nous tenait vraiment à coeur et que le soutien des fans a été incroyable. Les amateurs de films d’horreur comptent parmi les gens les plus passionnés et les plus enthousiastes qu’on puisse trouver. C’est pour cette raison que nous continuons dans cette voie, avec des scores comme Trick ‘r Treat et Krampus du très doué Douglas Pipes ou, tout récemment, celui de la série Netflix The Haunting of Hill House signé par les Newton Brothers. C’est une musique extrêmement efficace, très… spectrale ! 


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