Interview : Mamoru Hosoda réalisateur et scénariste

De passage à Paris, Mamoru Hosoda nous a accordé près de trois quarts d’heure pour décrypter les thèmes et la structure de Miraï, ma petite soeur. Génie du cadre et scénariste hors pair, l’artiste se révèle être aussi incroyablement chaleureux sur le plan humain, ce qui ne gâche rien…

Les thèmes abordés à travers les personnages de Miraï, ma petite soeur sont très universels…

Oui, j’imagine que dans le monde, il y a beaucoup de pères qui se posent des questions sur l’éducation et ne trouvent pas de réponses adéquates. Tous les pères ont des soucis comparables, mais aussi toutes les mères et tous les enfants.


Le personnage du père est tout de même très particulier. Vouliez-vous souligner à travers lui une évolution de la société nippone ? 

Vue de l’Europe, la société japonaise peut paraître très archaïque et traditionnelle. On imagine peut-être que le père travaille forcément à l’extérieur, et que la mère s’occupe du ménage et élève les enfants à la maison. Certes, le Japon reste un peu traditionnel, mais le modèle de la famille est en train d’évoluer. Ça se passe en ce moment même. Il y a six ans, quand j’ai réalisé Les Enfants loups…, on commençait à voir des pères qui portaient des bébés en écharpe. On les remarquait, parce qu’on n’avait pas l’habitude. Aujourd’hui, c’est devenu totalement banal. Ils sont absorbés dans le paysage. Il y a une vraie mutation dans la société, et le couple que je décris dans Miraï… n’est donc pas si particulier que ça.


Vous répétez plusieurs fois un plan aérien de la ville, qui débute à l’horizon et finit sur la petite maison enclavée dans un quartier pavillonnaire. Ça ne semble pas innocent. 

C’est effectivement un plan que je répète cinq fois dans le film. On commence en plan très large, et on finit en plan serré. En voyant les maisons aussi serrées, je voulais vraiment que le public se dise que cette histoire pouvait se dérouler n’importe où au Japon, et que chaque demeure voisine abrite une histoire potentielle. En répétant plusieurs fois ce plan, je voulais aussi que les spectateurs ressentent peu à peu une certaine affection pour cette maison, dont la forme est très singulière, et au milieu de laquelle pousse un arbre.


La structure de la maison est aussi très étrange. De toute évidence, vous avez essayé de raconter quelque chose à travers ce décor…

Absolument. Le personnage principal de ce film est un petit garçon de quatre ans. Et pour un enfant de cet âge-là, la maison représente tout son univers. Je me suis dit qu’il fallait absolument une maison spéc [...]

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