Interview Makoto Shinkai réalisateur & scénariste
Le scénario des Enfants du temps aborde de façon assez frontale certaines réalités sociales, comme les enfants fugueurs, la pègre, la prostitution, les armes à feu… Pourquoi avoir choisi précisément ce film-ci pour traiter ces sujets ?
Je n’ai pas vraiment cherché à montrer le côté sombre de la société japonaise d’aujourd’hui. Mon intention première était de faire un film qui parle au public adolescent. Je voulais que les ados se sentent vraiment très proches du personnage de Hodaka, qu’ils s’identifient complètement à lui. C’est pour ça que très naturellement, les éléments dont vous parlez ont surgi, car ils ancrent le personnage dans la réalité.
Les Enfants du temps aborde une thématique environnementale, mais à la différence d’un Hayao Miyazaki, vous ne dressez pas de constat précis, le film se prête même à plusieurs interprétations…
C’est vrai que l’oeuvre de Miyazaki délivre un message on ne peut plus clair : les êtres humains ont fait du mal à la nature. Et comme j’ai grandi avec ses films, j’ai forcément été influencé par ce discours. Mais depuis cette époque, le monde a beaucoup changé, et on ne peut plus aborder ce sujet de façon aussi simple. Il ne faut pas oublier que les êtres humains blessent la planète par leur seule existence. Donc aujourd’hui, on sait que notre influence négative sur la nature est inévitable. Personnellement, je trouve qu’il est extrêmement important de mener des actions contre le changement climatique, car je suis très conscient que nous aurons de moins en moins d’espace habitable, je le vois déjà dans la vie de tous les jours. Je constate, comme le dit un personnage des Enfants du temps, que le monde est en train de devenir fou. Et il est malheureusement trop tard pour revenir en arrière. On est obligé d’accepter cette idée. Dès lors, la question qu’il convient de se poser est : « Que peut-on faire au sein d’un monde devenu fou ? ». Puisqu’on ne peut pas faire autrement que vivre dans cette réalité, il faut trouver notre bonheur comme on peut.
Dans vos films, vous établissez presque toujours un lien entre les sentiments de vos personnages et le ciel ou l’espace, qui sont des éléments déclencheurs ou perturbateurs.
Il est vrai que j’établis souvent une connexion entre des sentiments très intimes et la nature ou l’univers, en tout cas des notions extrêmement vastes. Mais je ne suis pas le seul réalisateur à faire ce [...]
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