Votre Simetierre aborde des thématiques très proches de celles abordées par Starry Eyes, votre précédent film. Dans les deux cas, on assiste à la déchéance d’un personnage qui franchit la ligne jaune pour obtenir ce qu’il veut. Pour des raisons professionnelles dans le premier, et personnelles dans le second…

C’est en partie pour cette raison que l’on tenait à faire le film. Après Starry Eyes, nous avons été attachés à bon nombre de projets pour différents studios, mais lorsque nous avons su que Simetierre était en développement, nous avons tout fait pour en hériter. C’était pour nous le long-métrage parfait à faire avec un studio, d’autant que nous souhaitons alterner films de majors et films indépendants. 


Où en était le script quand vous avez été engagés ? Était-il déjà conforme à vos attentes ou avez-vous opéré quelques modifications ?

Le script était déjà très puissant, mais nous avons demandé de nombreux changements, comme le font souvent les réalisateurs qui viennent d’arriver sur un projet. Le scénariste Jeff Buhler a rédigé pas mal de versions différentes, car pour nous, l’important était vraiment de coller au plus près du roman. La première version que nous avons lue était très forte, mais il manquait certains éléments-clés du livre que nous tenions à inclure pour les fans. Il a donc fallu trouver le bon équilibre entre le film que nous voulions faire et celui qui serait apte à satisfaire les fans de King. 


Vous avez pourtant modifié certains aspects de l’histoire originale. Et sans vouloir trop spoiler, l’une de ces modifications confère un petit parfum oedipien à la confrontation finale…

Comment répondre sans trop en dévoiler ? Je dirais en effet que ce changement modifie la dynamique familiale, car il nous permet d’insuffler de nouvelles thématiques assez intéressantes. Des sujets que l’on n’aurait pas pu traiter avec un petit garçon de cinq ans. Je pense, par exemple, à ce passage où Ellie pose tout un tas de questions sur la vie après la mort. Après, lorsqu’elle revient d’entre les morts, elle peut intégrer toutes ces thématiques à sa nouvelle condition, remettant ainsi en doute ce que ses parents lui avaient expliqué. Notamment les propos de son père, qui lui avait assuré que les gens ne revenaient pas à la vie… Nous pensions vraiment que cet aspect allait nous aider à pousser les choses un peu plus loin tout en apportant quelques surprises à ceux qui connaissent déjà l’histoire. Mais nous avons fait attention à conserver l’essence du livre, car les fans n’auraient pas toléré qu’on s’en éloigne trop. 


La prestation de Jason Clarke est vraiment la grande force du film. Il est très touchant…

Travailler avec de bons acteurs, c’est sans doute ce que nous préférons dans ce job. Du coup, nous faisons toujours attention à choisir les meilleurs comédiens possible. Nous aimons explorer des émotions très pures, primales, et c’est justement cet aspect qui avait plu à Alex Essoe, la star de Starry Eyes. Elle était ravie de pouvoir explorer son personnage de fond en comble. Idem pour Jason Clarke. Il est souvent cantonné à des rôles secondaires – où il est très bon –, mais il tient ici un vrai « premier rôle » et il était très excité, car on voulait vraiment lui permettre d’exprimer une large palette d’émotions. Lorsque la confiance est réciproque, l’acteur sait qu’il peut explorer des zones très sombres et accepte de se laisse pousser dans ses retranchements. Tout ce qui comptait pour nous, c’était qu’il livre une prestatio [...]