Interview : James DeMonaco scénariste et producteur
American Nightmare 4 : les origines
En France, on a longtemps aimé le cinéma de genre américain parce qu’il était capable de regarder son pays dans les yeux et de lui dire ses quatre vérités. Mais aujourd’hui, si l’on omet Get Out, les American Nightmare sont quasiment les seuls films qui adoptent un discours réellement provocateur dans le domaine du genre. Comment expliquez-vous ça ?
Je suis on ne peut plus d’accord avec ce constat. Ce qui se passe dans le cinéma actuel, avec toutes ces franchises et la domination de l’univers Marvel – je ne vais pas voir ces films, donc mon commentaire n’est pas lié à leurs qualités artistiques –, c’est que plus le film coûte cher, moins les studios veulent prendre de risques. Ils n’ont pas vraiment envie de glisser des points de vue politiques dans des films à 200 ou 300 millions de dollars. Quant aux productions Blumhouse comme Get Out ou les American Nightmare, les budgets sont minuscules comparés à ceux de Marvel. On peut donc se permettre de prendre des risques et de brandir un miroir à la société afin de lui renvoyer au visage la réalité de ses problèmes sociaux. On peut prendre le risque d’énerver les gens.
Si vous bénéficiez de beaucoup de liberté avec les American Nightmare, c’est donc parce qu’ils ne coûtent pas cher. Mais c’est aussi parce qu’ils rapportent de l’argent. D’une certaine façon, vous gagnez le droit de critiquer le système parce que vous êtes rentable ?
Oui, c’est vrai que c’est très ironique au fond ! (rires) Il y a en effet une sorte de mécanique circulaire à l’oeuvre ici dont j’aurais du mal à totalement saisir la logique. Oui, je travaille à l’intérieur d’un système et je gagne de l’argent grâce à ce système, et pourtant je commente ce système. Avec Jason Blum et surtout Sébastien Lemercier, qui a produit la plupart de mes films, nous parlons souvent de cet état de fait. Mais pour le coup, je dois vraiment tirer mon chapeau aux gens d’Universal, qui ont accepté d’accompagner ces films en salles. Car vous savez, quand on a conçu le premier opus, on pensait faire un truc qui ne serait montré que dans deux ou trois salles d’art & essai à New York. On avait l’impression de faire du Haneke ! (rires) Mais quand Jason Blum et Universal sont venus vers nous, ils ont décelé quelque chose dont nous n’avions pas conscience : le potentiel commercial du concept.
À partir du deuxième volet, lorsque l’action a été transposée dans les rues, la franchise a eu de plus en plus recours à des codes directement issus du cinéma d’exploitation. Est-il difficile de trouver une balance entre les éléments politiques de l’histoire et les frissons que vous vous devez de fournir au public ?
Nous savons très bien que [...]
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