Jalmari Helander : "Je ne sais pas si 'Sisu' aurait été le même film si tout s'était bien passé"

Sisu : de l'or et du sang

Un père et son fils contre un infâme Santa Claus dans Père Noël origines, le fucking président des États-Unis et un ado contre des conspirateurs dans Big Game, et aujourd’hui un chercheur d’or et son chien contre des nazis dans Sisu : de l’or et du sang… Jalmari Helander n’aime rien tant que les récits de survie et de massacre dans les sublimes paysages de sa Finlande natale, ce dont il s’explique dans un anglais fleuri. 

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Vous revendiquez le premier film de la saga Rambo comme influence majeure de Sisu : de l’or et du sang. À quand remonte votre découverte du film de Ted Kotcheff ?

Je devais avoir 10 ou 11 ans. Tout le film m’a semblé tellement cool ! J’ai aimé l’idée de ne rien savoir du héros, qu’on apprenne au fil du récit que c’était vraiment un dur à cuire avec lequel il ne fallait pas déconner. Et surtout, j’ai adoré l’utilisation de la forêt comme un champ de bataille. J’ai forcément vu toutes les suites, il y a de très bonnes choses dedans, mais le premier reste le meilleur à mes yeux. 


Il y a quelque chose de très jouissif dans Sisu : la façon dont vous construisez la légende autour de votre personnage et l’émulation que cela crée chez les otages féminins. Qu’est-ce qui était le plus important à vos yeux ? Cette légende ou le concept purement finlandais de « sisu », qui désigne une résilience extrême capable de vous transfigurer ?

Ce concept de sisu irrigue bien évidemment tout le film. J’ai d’abord eu une intuition qui a déclenché l’écriture du scénario, avec des images qui me sont venues spontanément. Quand est venu le moment de choisir un titre, « Sisu » s’est imposé naturellement, et tout le reste en a découlé, de l’écriture à la mise en scène.

Pour ce qui est de la légende du héros, il fallait créer un personnage suffisamment fort pour que ses actes parlent d‘eux-mêmes et que les détails de sa caractérisation soient véhiculés par les autres protagonistes. Ce qui est le cas dans le premier Rambo, quand le colonel Trautman arrive dans la tente et explique aux autorités locales à qui elles ont affaire. J’adore ce genre de séquences, avec des répliques du style : « N’oubliez pas de commander un bon stock de sacs mortuaires. ».

C’est pour ça que j’ai casé non pas une, mais deux scènes dans cet esprit, des deux côtés du champ de bataille : l’une selon le point de vue du camp russe, auquel le héros a infligé de lourdes pertes, la seconde selon le point de vue finlandais. 



Aatami frôle la mort dans le décor fantomatique d'un village ravagé par les soldats allemands.


Lors des projections du film en festival, on sent clairement un plaisir palpable au sein du public au fur et à mesure que la légende du héros imprègne les soldats ennemis…

Oui, j’ai ressenti ça à Bruxelles, lors de la projection au BIFFF. Il y avait un millier de spectateurs et on ressentait chez eux une certaine excitation à voir des nazis se faire massacrer. (rires) Je n’avais jamais vu ça, ils jetaient du papier toilette dans les travées, il y avait des cornes de brume, comme dans un match de football. C’était la folie !  [...]

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