Interview David Perrault réalisateur & scénariste

L’auteur de L’État sauvage nous donne sa recette personnelle du western fantastique, entre utilisation hyperréaliste des rigueurs de la nature et percées oniriques qui transforment un harassant voyage à travers le territoire sudiste en un véritable trip hypnotique.
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D’où vient l’idée du film ?

J’aime bien partir de grands genres issus de systèmes qui n’existent plus, et me les réapproprier dans le cadre de mes petites préoccupations personnelles. Avec mon premier long-métrage Nos héros sont morts ce soir, c’était le film noir. Ici, c’est le western… même si c’est un peu compliqué d’en faire un quand on est un cinéaste français contemporain. (rires) J’avais cependant un angle pour attaquer le genre et y apporter une tonalité hexagonale : d’une certaine manière, les États-Unis sont une version hypertrophiée de l’Europe. En particulier, les sudistes cultivaient un rêve européen, au lieu de se sentir typiquement américains. C’est sensible dans leur architecture, avec la contrepartie complètement barbare qu’était l’esclavagisme. J’ai ainsi eu l’idée de colons français installés de fraîche date dans le Missouri, car j’étais très intéressé par ce dialogue Europe/États-Unis, notamment au niveau des personnages féminins.


Ces personnages féminins effectuent un parcours menant à l’émancipation…

Là, j’ai utilisé le western comme un territoire mythologique, afin de raconter une sorte de fable contemporaine. Au début du film, il s’agissait de construire un monde d’hommes, régi par les hommes même s’il y a aussi des femmes. Puis ce monde s’effondre et les femmes prennent le pouvoir, à la fois ensemble et chacune de son côté. D’une certaine façon, elles prennent aussi le contrôle du film, les hommes disparaissant de l’écran au sens propre mais aussi symboliquement. Dès le départ, j’ai eu en tête l’image des femmes chevauchant sur la plage, qui représente une utopie. Il fallait que le film aille vers cette image ultime, même si elle reste ambigüe : l’émancipation n’a pas eu lieu à cette époque, et on ne sait pas ce qu’il adviendra des personnages, puisque la projection s’arrête.



Pour en arriver là, le récit effectue tout un périple qu’on a du mal à situer précisément. C’est une géographie rêvée ?

Oui, c’est plus une géographie rêvée [...]

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