Interview : Camille Moulin-Dupré graphiste

L'Île aux chiens

Remarqué pour une BD en forme d’hommage à l’art classique japonais (Le Voleur d’estampes, chez Glénat), le jeune dessinateur français a été appelé pour participer aux séquences 2D et aux éléments de décor de L’Île aux chiens. Il nous raconte son ping-pong créatif avec le très perfectionniste Wes Anderson.
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Comment avez-vous été amené à participer à L’Île aux chiens ?

J’ai reçu un coup de téléphone de la production de Wes Anderson, le 13 janvier 2017. Je me souviens de la date car c’était un an jour pour jour après la sortie de mon livre Le Voleur d’estampes, le 13 janvier 2016. Or, j’avais justement eu l’idée de ce dernier en sortant de la projection de Fantastic Mr. Fox, et cela m’a donc fait quelque chose de savoir qu’une des personnes qui m’avaient inspiré avait lu mon livre et l’avait aimé. Du coup, j’ai immédiatement mis en stand-by le tome 2, que les lecteurs attendaient pourtant, et qu’ils attendent toujours. (rires) J’ai d’autant plus sauté sur l’occasion que j’avais un peu lâché le cinéma d’animation après avoir réalisé le court-métrage Allons-y ! Alonzo !, un hommage à Jean-Paul Belmondo dessiné comme du Tintin. J’étais vraiment enchanté d’y revenir avec un film en stop motion.


Comment travailliez-vous avec Anderson ?

Tout de suite, on m’a dit que je ne dépendrais pas du directeur artistique, mais que je collaborerais directement avec Wes Anderson, en échangeant avec lui par mail. En effet, je n’intervenais pas du tout sur la partie animation en stop motion. J’ai d’abord bossé sur les paravents qui représentaient chaque personnage, à travers certains attributs. Derrière le maire Kobayashi, Wes voulait des chats dans la neige, et derrière le général, une grande bataille, etc. L’autre chose, c’est que ces scènes devaient avoir un accent très « Japon traditionnel ». J’avais donc un cahier des charges à suivre, mais au-delà de ça, j’avais plutôt carte blanche pour les références. Car ce qui est bien avec Wes, c’est que ce n’est pas quelqu’un de figé, du genre : « J’ai telle image en tête, tu n’en sors pas. ». Au contraire, à chaque fois que tu lui proposes d’aller plus loin avec un truc, il le regarde toujours. Bref, il aime bien qu’on le nourrisse avec de la documentation. Or, j’ai l’habitude de faire énormément de recherches, et je connais bien l’estampe japonaise. Notre méthode était donc la suivante : accompagnée d’un croquis et d’une note d’intention, je lui envoyais une image préexistante et il la validait ou non, sachant que je pouvais la reproduire telle quelle.

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