Interview Bong Joon Ho réalisateur, coscénariste & producteur

C’est ce qui s’appelle avoir le nez creux : nous avons rencontré l’auteur de Parasite quelques jours avant qu’il ne reçoive la Palme d’Or. Pas encore vêtu du smoking réglementaire, il a pu nous raconter tranquillement comment il s’est servi de la lutte des classes pour concocter un thriller diabolique.
Array

Quelles ont été vos inspirations pour Parasite ?

Je crois que je me suis peut-être un peu inspiré de Que la bête meure de Claude Chabrol, un film que j’aime beaucoup et qui m’avait fortement marqué pendant mes années étudiantes. Cependant, l’idée de Parasite s’est cristallisée en 2013, quand j’ai pensé à raconter l’histoire de deux familles à la composition identique, avec deux parents, une fille et un fils. J’ai voulu voir ce que cela donnerait si je les mélangeais. D’ailleurs, le premier titre que j’ai envisagé pour le scénario était Décalcomanie.


À propos, que signifie le titre coréen, Gisaengchung ?

Il veut aussi dire « parasite », le titre international est une traduction littérale.


Comment avez-vous construit ces quatre personnages d’employés de maison qui se greffent à la famille qui les emploie ?

D’abord, j’ai écrit le scénario en me basant sur la personnalité de certains acteurs, avec qui j’avais déjà travaillé et que je voulais reprendre. Avant même d’avoir rédigé une ligne, il était évident pour moi que le père de famille, Ki-taek, serait interprété par Song Kang-ho (que Bong Joon Ho a dirigé dans Memories of Murder, The Host et Snowpiercer – NDR), tandis que son fils serait joué par Choi Woo-sik (vu dans Okja – NDR). Quant aux métiers des personnages, ils ont découlé du fait que l’histoire mettait en scène une famille riche et une famille pauvre. Quand on y réfléchit, on se rend compte qu’il y a très peu de points de rencontre entre les différentes classes sociales. C’est seulement à travers de tels métiers – comme chauffeur, gouvernante, professeur particulier – que les deux mondes se côtoient. À cette exception près, les riches et les pauvres ne se côtoient jamais. Ils ne travaillent pas dans les mêmes endroits, et ne vont même pas dans les mêmes restaurants. Et surtout, ils ne vivent pas dans les mêmes quartiers.


Cette notion de quartier et de maison est très importante dans le film. Comment avez-vous conçu les domiciles respectifs des deux familles ?

Comme je vous le disais, j’ai commencé à imaginer l’histoire de

Il vous reste 70 % de l'article à lire

Ce contenu éditorial est réservé aux abonnés MADMOVIES. Si vous n'êtes pas connecté, merci de cliquer sur le bouton ci-dessous et accéder à votre espace dédié.

Découvrir nos offres d'abonnement

Ajout d'un commentaire

Connexion à votre compte

Connexion à votre compte