Interview : Ari Aster réalisateur & scénariste

Devenu le chouchou de la presse internationale après la projection d’Hérédité à Sundance en 2017, Ari Aster nous revient avec Midsommar, un second long-métrage qui l'impose comme l'un des tout meilleurs cinéastes de sa génération.
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Vous avez écrit le scénario de Midsommar quelques années avant de vous attaquer à Hérédité. Avez-vous eu le temps d’y apporter des modifications lorsque le projet a été validé dans la foulée de ce dernier ? Les délais devaient été serrés, non ?

C’est une bonne question. (il réfléchit) Je n’ai pas pu modifier beaucoup de choses. J’aurais aimé avoir un peu de temps pour alléger le script, car le premier montage du film durait plus de 3h40, soit 1h25 de plus que la version distribuée en salles. J’ai en effet commencé à bosser sur Midsommar juste après la sortie d’Hérédité. Pour vous donner une idée, lorsque je bossais sur les effets spéciaux de ce dernier, j’assurais déjà les repérages de Midsommar en Suède. J’ai ensuite dressé toute une liste de plans, sans en parler à mon chef-opérateur ou mon directeur artistique, car j’ai besoin de visualiser l’intégralité de mon film avant d’en parler à qui que ce soit. De plus, je savais que nous allions bénéficier d’un budget limité, et je devais savoir exactement ce que je voulais montrer à l’écran. Si on ne sait pas précisément ce que l’on va filmer, on dépense de l’argent inutilement. Je vais vous donner une idée de mon emploi du temps à cette époque : Hérédité est sorti aux USA le 8 juin et j’ai débuté la préproduction de Midsommar le lendemain. Nous avons construit un village entier dans un endroit sauvage que nous avons dû rendre habitable en vue d’un tournage tout début août. Je vous confirme que les délais ont été très courts. Sans parler d’autres problèmes comme le manque de soleil qui nous handicapait lors de chaque journée de tournage… Pour tout vous dire, j’ai fini de monter le film il y a à peine huit jours.


Midsommar donne l’impression que vous vous êtes donné pour but de faire un film de terreur diurne à l’opposé d’Hérédité. Un peu comme si on assistait à une comédie qui virerait à l’horreur sous l’influence du peintre Jérôme Bosch…

Étant très amateur du travail de Bosch, j’accepte volontiers la comparaison. L’idée de tourner le film dans un style pastoral quasi idyllique s’est immédiatement imposée. Je voulais faire quelque chose qui serait de prime abord agréable à regarder, et qui évoluerait ensuite vers quelque chose de plus « blafard ». En cela, je considère plus Midsommar comme un conte de fées que comme un film d’horreur, même si je me suis beaucoup amusé à jouer avec les codes du genre. Dans le cinéma horrifique, il y a comme un contrat tacite passé entre le réalisateur et son public. Le réalisateur accepte d’utiliser certaines ficelles et d’aller vers une direction préétablie. On sait, par exemple, que ces personnages de touristes américains vont se faire tuer un par un, sans quoi le public serait déçu parce que je n’aurais pas respecté les règles du genre. Mais Midsommar le fait de manière détournée. Comme les spectateurs savent que tout ça finira mal, je peux me permettre de ne pas montrer [...]

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