Hommage Sean Connery

Triste hasard du calendrier, la disparition de Sean Connery coïncide avec la sortie en Blu-ray de superbes éditions du Lion et le vent chez Rimini et de L’Homme qui voulut être roi chez Wild Side. L’occasion de revenir sur la carrière de cet Écossais fier de ses origines et que sa forte tête destinait aux rôles de rebelles.

Né le 25 août 1930 à Édimbourg, Thomas Sean Connery est un Celte, un vrai : ses grands-parents du côté paternel sont des Irlandais émigrés en Écosse et il est écossais du côté maternel. Sa mère, protestante, est femme de ménage. Son père, catholique, est ouvrier d’usine. Des origines modestes qui forgent le caractère de ce grand bonhomme dépucelé à l’âge de 14 ans par une militaire bien plus âgée que lui. Deux ans plus tard, il rejoint la Royal Navy où il se fait tatouer « Mum and Dad » et « Scotland forever » – bien qu’anobli par la Reine, il restera toute sa vie farouchement attaché à l’indépendance de son pays. Démobilisé, il enchaîne les petits jobs mais comprend vite que vendre son corps rapporte plus que livrer du lait ou conduire des poids lourds : son physique d’Apollon, qui fait sensation au bord des piscines où il joue parfois les maîtres-nageurs, lui permet de poser comme modèle à l’école des Beaux-Arts. Après avoir tâté du culturisme et refusé un contrat pro dans l’équipe de foot de Manchester United, il décide de devenir acteur : c’est moins fatigant que de soulever de la fonte ou taper dans un ballon, et ça plaît aux filles. Il s’est déjà fait une réputation de bagarreur à Édimbourg, allant jusqu’à inspirer crainte et respect au gang local après avoir corrigé six de ses membres qui tentaient de le dépouiller. Après les passages obligés de la profession (du théâtre, de la figuration, des petits rôles pour la télé), il engage un agent qui lui dégote des rôles de second plan dans plusieurs films policiers. Durant le tournage d’un mélodrame avec Lana Turner, il casse la figure de son amant, le gangster Johnny Stompanato, qui a pointé une arme sur lui parce qu’il le soupçonne de coucher avec la comédienne. Après avoir fréquenté des leprechauns dans la production Disney Darby O’Gill et les farfadets et affronté le seigneur de la jungle dans l’étonnamment violent La Plus grande aventure de Tarzan, il décroche à 32 ans le rôle très convoité de l’agent 007 dans James Bond 007 contre Dr. No devant la caméra de Terence Young, qui l’avait dirigé cinq ans plus tôt dans la série B d’action Au bord du volcan.




BEYOND BOND
Le film fait de Sean Connery une star planétaire dont la notoriété ne va cesser de grandir durant les neuf années au cours desquelles il reprendra son Walther PPK, pour le meilleur (Opération tonnerre, Goldfinger, Bons baisers de Russie) et pour le pire (Les Diamants sont éternels et dans une moindre mesure On ne vit que deux fois). Pour tout savoir sur le sujet, on ne peut que vous inciter à vous plonger dans notre HS Classic consacré à James Bond. Très tôt dans sa carrière d’espion, Sean Connery décide de prouver qu’il est capable d’autre chose : il ne supporte plus d’être associé à Bond dès qu’il met un pied dehors et vit très mal sa célébrité. Michael Caine, son ami de longue date, raconte même qu’il ne fallait surtout pas aborder le sujet avec lui sous peine de le voir entrer dans une rage folle. Le fait que Sean Connery ait voulu échapper à 007 ne résulte pas d’un simple caprice, mais d’une soif de jouer qu’il va étancher dans une série de films remarquables. Ainsi, entre deux Bond, il interprète un veuf amoureux d’une jeune femme perturbée pour Alfred Hitchcock (Pas de printemps pour Marnie), un prisonnier militaire qui se rebelle contre ses gardiens et un perceur de coffres pour Sidney Lumet (La Colline des hommes perdus, Le Gang Anderson) ou un mineur irlandais qui mène la révolte pour Martin Ritt (Traître sur commande), allant jusqu’à s’autoriser un détour par le western européen dans le sympathique Shalako, sur lequel il fait engager sa partenaire de Goldfinger Honor « Pussy Galore » Blackman. À peine a-t-il quitté James Bond qu’il marque le coup en enchaînant deux rôles quasi suicidaires : un flic psychopathe qui fantasme sur des viols et des meurtres pédophiles dans le sensationnel The Offence, sur lequel il retrouve Lumet, et surtout un barbare refusant de continuer à tuer pour le compte de l’élite dans l’extraordinaire post-apo hippie Zardoz de John Boorman. À l’époque, Connery a du mal à trouver du boulot et accepte donc de remplacer au pied levé Burt Reynolds, indisponible pour cause de maladie. 




NI DIEU NI MAÎTRE
Projet que le réalisateur de Délivrance a toutes les peines du monde à monter et sur lequel il se rabat après avoir vainement tenté d’adapter Le Seigneur des Anneaux, Zardoz se passe en 2293. La population se div [...]

Il vous reste 70 % de l'article à lire

Ce contenu éditorial est réservé aux abonnés MADMOVIES. Si vous n'êtes pas connecté, merci de cliquer sur le bouton ci-dessous et accéder à votre espace dédié.

Découvrir nos offres d'abonnement

Ajout d'un commentaire

Connexion à votre compte

Connexion à votre compte