Hommage : Mou Tun-Fei

Réalisateur du traumatisant Camp 731 et de plusieurs productions Shaw Brothers, le Taïwanais Mou Tun-Fei nous a quittés. Retour sur le parcours d’un authentique rebelle.
Array

Petit avertissement en préambule : Camp 731 est l’une des expériences cinématographiques les plus extrêmes qui soient. Son réalisateur Mou Tun-Fei était-il un amateur de trash ingénieux ou un cinéaste authentiquement engagé ? Son parcours permet d’éclairer un peu mieux cette oeuvre qui a fini par éclipser ses autres travaux.
Né en 1941 en Chine continentale, Mou et sa famille fuient à Taïwan durant la guerre civile. Le garçon grandit dans un pays placé sous loi martiale, qui ne laisse guère de place à l’expression personnelle. Il se lance dans des études de cinéma qui ne mènent nulle part, conscient que ses professeurs n’en connaissent guère plus que lui sur le sujet. Il fait déjà preuve d’un tempérament rebelle, à tel point que l’un de ses amis, Richard Chen, décide d’en faire (avec deux autres camarades) le sujet d’un documentaire, The Mountain. Mou y évoque ses passions, la guerre du Vietnam ou encore la hiérarchisation de la société locale, qui soutient avant tout les membres du Kuomintang. Mou clame alors qu’il veut « réaliser des films ou mourir ». En 1969, il choisit donc la vie avec son premier long, I Didn’t Dare to Tell You. Une production atypique au sein du cinéma taïwanais plutôt formaté de l’époque, où le cinéaste débutant s’intéresse à un gamin qui travaille la nuit pour couvrir les dettes de jeu de son père. Tellement atypique que le film est interdit de diffusion. Même punition pour son second effort, The End of the Track. Motif de la censure : la mise en scène d’une relation homosexuelle. Le film est pourtant plus subtil que cela, avec ses deux jeunes issus de milieux sociaux différents et qui passent leur temps à traîner ensemble, avant que l’un d’eux ne meure dans un accident. Dépité par l’accueil réservé à son travail, Mou tourne un troisième long, la romance The Fallen Woman, qui trouve cette fois le chemin des salles, mais que le réalisateur ne porte pas dans son coeur. Pour lui, la coupe est pleine : il comprend qu’il ne pourra jamais s’é [...]

Il vous reste 70 % de l'article à lire

Ce contenu éditorial est réservé aux abonnés MADMOVIES. Si vous n'êtes pas connecté, merci de cliquer sur le bouton ci-dessous et accéder à votre espace dédié.

Découvrir nos offres d'abonnement

Ajout d'un commentaire

Connexion à votre compte

Connexion à votre compte