Hommage : John Carl Buechler
Né le 18 juin 1952 dans une petite ville de l’Illinois, John Carl Buechler décide à la fin des années 70 de se lancer dans le show-business, mais envisage dans un premier temps une carrière bien différente. « J’étais un réalisateur et un acteur avant de devenir un maquilleur » explique-t-il en 2010 dans un entretien donné au site Horrornews. « Mais je n’étais pas à L.A. J’ai commencé à Saint-Louis dans le Missouri. Puis j’ai décidé de déménager en Californie. Quand on débute dans une profession, il faut faire certains choix. En tant qu’adulte, on ne vous traite pas de la même manière qu’on traite un enfant. Lorsqu’un enfant se comporte correctement, on le récompense. Or, un adulte est récompensé pour la valeur qu’il peut apporter. J’ai dû comprendre quelle était ma propre valeur, et je me suis rendu compte que les gens pouvaient avoir besoin de mes dons dans les effets spéciaux. J’ai toujours été un artiste. J’ai appris tout seul à faire des maquillages. Après le lycée, j’ai donné des cours d’effets spéciaux sans avoir de diplôme. » Son premier contrat officiel, Buechler le signe pour le court-métrage The Thing in the Basement, où il crée et interprète lui-même un extraterrestre. Le résultat impressionne Roger Corman, qui lui confie rapidement la direction du service « make-up FX » de New World Pictures. Après le succès d’estime de Mutant, Corman concède à Buechler un poste de réalisateur de seconde équipe sur Sorceress, rôle qu’il reprend l’année suivante sur Deathstalker. En 1984, le maquilleur passe officiellement à la réalisation avec l’un des segments du film à sketches Ragewar, produit par l’autre pape de la série B Charles Band. Décelant le potentiel de Buechler, ce dernier lui confie une partie des maquillages de Re-Animator (1985), avant de le laisser mettre en scène le futur film culte Troll (1986).
MAQUILLEUR ET RÉALISATEUR
Pour John Carl Buechler, passer en permanence des effets spéciaux à la réalisation est un processus logique. « Quand on conçoit un personnage, il faut se poser pas mal de questions. Vient-il d’une autre planète ? Respire-t-il de l’air ? Dispose-t-il d’une vision stéréoscopique ? Tout ça, c’est de la narration, et faire du cinéma, c’est raconter une histoire. J’ai toujours aimé écrire, donc le fait de passer derrière la caméra n’a pas changé grand-chose pour moi. Les effets spéciaux font simplement partie des outils que j’utilise. » L’un de ses anciens employés, Michael Deak (passé de Re-Animator II, la fiancée de Re-Animator et Mutronics à Transformers et Tron : l’héritage), confirme : « John était très fier de ses effets spéciaux, en particulier ceux de Troll et de la série Ghoulies. Mais il adorait tous les aspects de la création cinématographique, en particulier la réalisation. Il avait souvent des projets qu’il développait dans son coin, et qu’il soumettait régulièrement à des producteurs, mais ça ne l’a jamais empêché de produire des trucages pour d’autres réalisateurs. » Derrière la caméra, Buechler signe notamment Vendredi 13, chapitre 7 : un nouveau défi, surtout connu pour avoir été l’une des plus grandes victimes de la MPAA durant les années 80. « Aucun film n’a été plus castré que le mien par le comité de censure » enrage Buechler. « Tous les excellents effets que j’ai créés ont presque été supprimés par la MPAA. Ce comité est un vrai problème. Je crois que ça ne leur a pas plu qu’un maquilleur dirige un film de studio, et ils me l’ont fait payer. Ils ont détruit le film, et dégradé tout ce que j’avais essayé de faire. Il faut comprendre que l’horreur est très proche de la comédie. Pour vendre une comédie, il faut raconter une bonne blague. Ça exige de préparer un gag pendant un temps, et de récompenser le public avec une punchline. Dans l’horreur, cette punchline est un money shot. Or, ils ont coupé toutes mes punchlines ! Le film n’est plus qu’une succession de mises en place. Je me doutais qu’ils allaient avoir ce type d’attitude, donc j’ai vraiment soigné le personnage de Jason. J’y suis allé à fond dans les effets mécaniques, et beaucoup considèrent que le film présente le Jason ultime. Quand son masque tombe, ça fonctionne vraiment. On voit par exemple la colonne qui ressort dans le dos, et ça au moins, ils n’ont pas pu le couper. » Deux ans plus tard, alors qu’il vient de participer anonymement à la mort de Julian Glover dans Indiana Jones [...]
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