Hommage Christopher Lee 1922-2015

Entre les deux Christopher (Lee et Lemaire), c’est une grande histoire d’amour cinéphagique. Sauf que Lee, lui, n’en a jamais rien su… Déclaration/hommage/coming out, ici, maintenant.
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La toute première rencontre – totalement virtuelle – avec Christopher Lee date d’il y a… 43 ans ! Alors que le cinéma fantastique prenait ses marques dans mon occiput, mes parents m’offraient pour Pâques Les Classiques du cinéma fantastique de Jean-Marie Sabatier. Ma bible. Mon bouquin culte pour la life. Dans les quatre pages consacrées au « Sir » (Lee ayant été anobli par la Reine d’Angleterre en 2001), l’auteur mettait déjà les points sur les i : « Il est aussi un grand comédien que sa spécialisation dans le cinéma d’épouvante ne doit pas faire sous-estimer. » Une réponse prophétique à ces milliers de journalistes fatigués et facebookeux qui ont synthétisé son décès en écrivant juste : « Dracula est mort. ». Dans ces quatre pages, trois photos m’avaient hautement marqué : Lee au visage décousu dans Frankenstein s’est échappé !, Lee en momie mélancolique dans La Malédiction des pharaons et Lee en vampire classieux sur une photo de plateau de Dracula, prince des ténèbres. Trois films signés Terence Fisher, l’homme à qui l’acteur doit son revirement de carrière dans le genre. Toujours en 1973, dans un numéro de Creepy (mag qui mixait BD d’horreur et cinéma fantastique) que j’avais acheté en cachette de mes parents, quelques pages étaient consacrées à Dracula 73 d’Alan Gibson. Dont une photo – Dracula/Lee grimaçant, le ventre explosé par un couteau d’argent – m’avait hautement fasciné. Dracula 73 devint alors un Graal. Le but de ma vie. Un film à voir absolument, même s’il était programmé dans le cinéma le plus vintage des hauteurs de l’Himalaya. Bon, je n’aurai pas à aller si loin… Le 14 décembre 1974, mon rêve s’accomplit enfin lorsque je mets les pieds pour la première fois au Colorado, salle du boulevard de Clichy spécialisée dans l’horreur et l’épouvante au même titre que le Styx, le Mexico et le Brady. Ce jour-là, je traîne avec moi quelques camarades de classe, n’osant pas affronter seul un « film d’horreur interdit aux moins de treize ans » (ouf ! J’en avais quatorze depuis deux mois !). C’était la première fois que je voyais Christopher Lee s’animer sur un écran. Et mon premier Hammer, par la même occasion. Une séquence m’avait grandement marqué : la résurrection de Dracula en plein Londres contemporain. Comme si l’époque victorienne se tapait l’incruste dans le Swinging London. Comme si Christopher Lee, suppôt de Satan, avait le pouvoir de maîtriser le temps. Autre choc : le fait que Dracula meure deux fois. En début de film, où il périt empalé sous les roues d’un chariot, et en fin de film, au moyen du poignard précité. Ma première double ration de gore, quoi ! J’étais ravi et heureux, malgré les insultes de mes camarades qui, eux, étaient partagés entre le dégout et la moquerie. Je ne les ai jamais revus… Même si Dracula 73 est loin d’être l’un des meilleurs Hammer, il est resté une de mes grosses madeleines. Mon premier dépucelage avec Christopher Lee, en quelque sorte. De multiples rencontres suivront, mais je ne le savais pas encore… 

SERVICE PUBLIC/BRADY : MÊME COMBAT !

Le jeudi 4 avril 1975, FR3 programme Le Cauchemar de Dracula de Terence Fisher. Un film d’horreur en prime time : je n’ose y croire. C’est le choc absolu ! Or, quatre mois auparavant, j’avais inauguré mes premiers écrits dans de petits cahiers critiques. Voilà ce que j’avais rédigé sur ce chef-d’oeuvre. Une vraie dépêche de l’AFP en version naïve (je n’avais que 13 ans) : « Premier Dracula avec Christopher Lee. Acteur merveilleux que Peter Cushing. Belle mort de Dracula fondant devant la lumière du soleil. Cimetière. Croque-mort. Cercueil. Croix. Pieu enfoncé dans le coeur. Tout pour plaire avec ce merveilleux film d’épouvante et qui est un classique. » Aujourd’hui, ma prose serait probablement plus concise. Mais beaucoup moins innocente.
Le 10 janvier 1976, pour mon tout premier passage au Brady (sur les 122 que je ferai au total), je découvre Christopher Lee dans La Maison ensorcelée de Vernon Sewell, l’histoire d’une bâtisse douteuse sur fond d’occultisme, de malédiction et de sabbat. Lee y croise deux autres monstres du genre : Boris Karloff alors pré-grabataire (il mourra un an plus tard) et Barbara Steele, le visage peint e [...]

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