Give Me Five Jérémy Clapin
LE LOUP-GAROU DE LONDRES DE JOHN LANDIS (1981)
Ce contenu éditorial est réservé aux abonnés MADMOVIES. Si vous n'êtes pas connecté, merci de cliquer sur le bouton ci-dessous et accéder à votre espace dédié.
« Me demander de parler de films qui m’ont marqué, ça me ramène forcément à mon enfance. Ça va peut-être faire vieux con, mais quand on devient adulte, les films ne nous marquent pas de la même façon. Ils vous traversent aussi en raison du contexte : quel âge on avait, où on était… Je vais donc commencer avec Le Loup-Garou de Londres, parce que j’ai eu beaucoup de mal à me promener la nuit après l’avoir vu. J’étais souvent dans les Cévennes en vacances, et il y avait un chemin pas très bien éclairé qui menait à la maison de mes cousins, dans un petit village. Ça a rendu le retour à la maison très compliqué pendant des années ! (rires) J’ai vu le film à 11 ans, en vidéo. J’étais le plus jeune de la famille : mes cousins et mon frère avaient deux ou trois ans de plus que moi, et je les suivais partout – erreur ! Je faisais le grand, mais ça m’a quand même beaucoup traumatisé. Devant cette scène, quand il se transforme, je n’arrêtais pas de me dire : « Mais qu’est-ce que je ferais si je me retrouvais dans la même pièce que ce type ? ». (Nous lui indiquons que le seul témoin de la métamorphose est une statue inanimée de Mickey Mouse, de la même manière que le seul témoin de la naissance de la main dans J’ai perdu mon corps est un oeil gisant sur le sol du laboratoire – NDR). Ah mais oui, quelque chose de figé et sans défense regarde cet événement fantastique se produire… C’est marrant, on ne fait pas ce genre de choses de façon consciente. Mais le parallèle est évident. J’ai revu Le Loup-Garou de Londres plusieurs fois, souvent par bouts, et le film fonctionne terriblement bien. On ne voyait pas grand-chose à vrai dire. Le monstre est souvent dans des ruelles sombres, au fond de l’écran. C’est peut-être ce que je déplore dans certains films aujourd’hui : trop vouloir montrer les éléments fantastiques. Ça ne fait plus aussi peur. À l’époque du Loup-Garou de Londres, il y a aussi eu Hurlements. Ce film était super malsain dans mon souvenir. Même dans la forme des loups-garous : ils sont souvent à contre-jour, les animatroniques sont recouverts de graisse, ce qui donne un aspect très tactile, très organique, les personnages qui se transforment sont à la base un peu bizarres… À l’époque, on utilisait tout ce qui donnait un rendu dégueulasse : les poils, les chairs, la graisse ; c’était très inconfortable. Hurlements n’était vraiment pas un film rassurant. »
Il vous reste 70 % de l'article à lire