Gerardmer 2020
Point de neige mais beaucoup de gastronomie : tel fut le menu de cette escapade vosgienne où nous avons dû affronter bourrasques pluvieuses, ours des montagnes, loups des steppes et fermetures inopinées du bar du Grand Hôtel à 1h du matin. Nous ignorions alors le véritable danger de ce festival, à savoir le parfum capiteux de notre Arielle Dombasle nationale, qui manqua d’asphyxier la moitié des courageux chauffeurs bénévoles et l’un de nos rédacteurs, monté par mégarde dans la voiture destinée à la réalisatrice de l’épouvantable Alien Crystal Palace. Heureusement, il y avait aussi Asia Argento (très à l’aise dans son rôle de présidente du jury) et une sacrée brochette de cinéastes bien Mad invités pour causer de l’avenir du genre français : les tandems Bustillo/Maury et Cattet/Forzani, Fabrice du Welz, Alexandre Aja, Xavier Gens, Jan Kounen, Marina De Van et bien d’autres (ainsi que Coralie Fargeat et Christophe Gans, également présents dans les jurys courts et longs-métrages). Quant à la compétition officielle, elle s’est montrée plutôt robuste. Afin de nous concentrer sur la bonne chère, évacuons donc d’emblée ses quelques fautes de goût. À commencer par Blood Quantum de Jeff Barnaby, recyclage mal fagoté et affreusement mal joué de The Walking Dead où seuls les habitants d’une réserve indienne sont immunisés contre un virus qui a transformé les visages pâles en zombies. Ne capitalisant jamais vraiment sur cette idée intéressante, la chose ne vaut guère que pour son vieux guerrier micmac qui a ramené un katana de la Guerre du Pacifique et s’en sert pour décapiter des infectés à tour de bras. Très attendu par les fans du réalisateur de Ju-on: The Grudge, Howling Village de Takashi Shimizu s’impose malheureusement comme la plus grosse déception du festival (ce qui ne l’a pas empêché de rafler le Prix du Jury), la faute à une intrigue confuse où il est question d’un village maudit hanté par des femmes qui se seraient accouplées avec des chiens, et à des effets qui étaient déjà pénibles dans les films d’horreur japonais des années 90. Des effets usés jusqu’à la corde, on en trouve aussi à la pelle dans The Vigil de Keith Thomas, production Blumhouse où un jeune homme engagé pour veiller pendant toute une nuit la dépouille d’un membre de la communauté juive orthodoxe – qu’il vient tout juste de quitter suite à un drame – est confronté à une entité maléfique. Le récit s’égare dans des thématiques lourdingues liées à la mémoire de la Shoah et dans une atmosphère censément suffocante, mais qui ne réussit qu’à plonger le spectateur dans une torpeur funèbre, avec en prime l’impression tenace de regarder un court-métrage déguisé en long. On lui préférera l’énergie de Snatchers, teen comedy geek et trashouille inspirée par Juno signée Stephen Cedars et Benji Kleiman. Une lycéenne couche avec son petit ami fraîchement revenu d’un voyage au Mexique, où il a été envoûté/contaminé par une créature du cru. Enceinte de neuf mois dès le lendemain, elle accouche très vite d’une créature qui ne demande qu’à se reproduire. Libre à chacun d’y voir une métaphore pro-Trump sur le danger de l’immigration clandestine, ou d’apprécier la chose comme un hommage aux productions Troma de la grande époque. Nettement moins rigolo, Répertoire des villes disparues du Canadien Denis Côté confronte la population d’un village enneigé au retour de ses défunts, qui déambulent sur les lieux sans rien dire mais en faisant peur à tout le monde… parce qu’ils déambulent sans rien dire. Si le film a le tort d’arriver après Les Revenants, il parvient à convaincre dans sa description d’une petite communauté désemparée par l’irruption du surnaturel, et par une ambiance saisissante qui évoque à la fo [...]
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danysparta
le 19/03/2020 à 13:48Je trouve le dossier cette année de Fantastic'art plutôt légé comparé aux autres années ou chaque film était détaillé et critiqué de façon individuel. Mais bon, peut-être un manque de place vous y a obligé alors on fera avec.
Geouf
le 25/03/2020 à 10:16En tout cas je valide pour Saint Maud et Sea Fever, tous deux vus a la Frightfest. Le premier est vraiment puissant, notamment grace a l'interpretation toute en nuances de Morfydd Clark et a l'empathie sans faille de la realisatrice (au passage tres sympa) pour son heroine. Le second est plus classique et sous influence, mais les personnages sont tous credibles et attachants, ce qui fait que leurs trepas sont de vrais creve-coeur.
danysparta
le 26/03/2020 à 11:46Merci Geouf, tu m'as donné encore plus envie de le voir.