Extrême Cinéma, LUFF, L’Absurde Séance Festival 2014
Extrême cinéma 2014
Pour sa seizième édition toujours menée par l’irremplaçable Prof. Thibaut, l’indispensable festival toulousain prouvait une fois de plus que le cinéma « out of this world » existait bien avant l’arrivée de R2D2 et C-3P0. Et même que certains films, bien que datant de Mathusalem, faisaient déjà preuve de modernité.
Modernité, déjà, via le film d’ouverture, Le Fantôme qui ne revient pas (1929) du Soviétique Abram Room, dont une magnifique séquence tournée en caméra portée semble avoir inventé la Nouvelle Vague trente ans avant Godard. Un hymne hypnotisant à la liberté et à l’espace que l’on retrouve dans un autre film russe de 1988, L’Aiguille, signé d’un certain Rashid Nugmanov. Un cinéaste à part (il a été architecte, archéologue et politicard) qui, invité au Festival par les p’tits gars du site 1 Kult (ils sortiront le film en DVD via leur boîte Badlands courant 2015), est venu présenter cette punkerie rock dont le cocktail drogue, baston et laisser-aller a enchanté le public russe de l’époque, qui en fit l’un des plus gros hits de la fin des eighties.
Porté par le succès de ses bouquins sur la Hammer et Midi Minuit Fantastique, Nicolas Stanzick est venu dire quelques mots sur Le Cauchemar de Dracula qu’on ne présente plus (surtout à Van Helsing) et le nettement plus rare et bizarro Le Peuple des abîmes de Michael Carreras, petit film d’aventure bien barré des sixties avec apparition d’un poulpe géant qui, dixit Christophe Gans, aurait influencé un brin celui de son sketch pour Necronomicon. Old school toujours avec la carte bleue (pour changer de la blanche !) offerte à ce vieux pisseux de bisseux de Christophe Lemaire ici présent. L’occasion de balancer trois vieilleries extirpées par hasard de la même époque (1973/74) et ayant pour point commun d’avoir traumatisé mes innocentes mirettes l’année de mes quinze ans. Sans être des chefs-d’oeuvre absolus, ces films avaient pour eux d’avoir des scénarios démentiels où se mêlent gore et tragédie shakespearienne (Théâtre de sang), yéti zombifié et cosaques furibards (Terreur dans le Shanghaï-Express) et goules dentées contre as du kung-fu (Les 7 vampires d’or).
Mais le point d’orgue de cette édition aura été la venue de l’hallucinante Macha Méril, actrice française qui a tout joué (des films de la Nouvelle Vague aux téléfilms TF1), y compris du bis en Italie. Surtout deux classiques bien Mad sur lesquels elle a balancé quelques réflexions variées faisant plaisir à entendre. À savoir Les Frissons de l’angoisse (« Vous remarquerez que le film est en noir et rouge ») et le bien glauque La Bête tue de sang-froid d’Aldo Lado où elle joue une perverse sexuelle (« Ce film m’a permis de faire passer certains fantasmes ! »). Lors du repas qui suivit, Macha Méril semblait se souvenir de chaque moment des 136 rôles de sa filmographie, y compris Ne jouez pas avec les Martiens, comédie spatiale française oubliée des sixties (« Saviez-vous qu’un des extraterrestres est joué par Amanda Lear ? »). Au passage, Macha (74 ans, elle en paraît 50) nous a gavés d’anecdotes salées sur Fassbinder et Pasolini (dont elle a coproduit Porcherie !) et à côté desquels Rocco Siffredi semble être un enfant de choeur ! Cerise sur le gâteau, elle est entrée dans son hôtel sur ces derniers mots : « S’il y a un genre qui restera dans le cinéma, c’est le cinéma de genre ! ». Bref, une femme bien surprenante, d’ailleurs surprise en train de s’extasier devant The Wild and Wonderful Whites of West Virginia de Julien Nitzberg, docu hallucinant sur une famille de rednecks de Virginie vivant dans la baston, le destroy et la dope depuis des générations et à propos desquels Maxime Lachaud (responsable du récent bouquin sur les rednecks au ciné) précise dans le catalogue du festival qu’« ils sont plus escrocs que les Dalton et plus irresponsables que des punks. »
Cet Extrême 2014 s’est donc achevé sur une drôle de sensation planante. Un truc indéfinissable, assez jouissif. Quoi donc ? Il y avait de la drogue dans la salle ? Pas du tout : c’est juste que la plupart des films éta [...]
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