En couverture : 2017, L’ODYSSÉE DE RIDLEY
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Ridley Scott est attendu au tournant pour ce qui sonne comme son authentique retour à la saga Alien, cinq ans après un Prometheus pas forcément très bien pensé et accueilli avec une tiédeur somme toute assez légitime au vu de la médiocrité du script de Damon Lindelof. Scott, lui, en est toutefois sorti indemne, la beauté picturale de sa mise en scène n’étant pas en cause. Reste que l’éventualité que Lindelof rempile avait de quoi inquiéter quant à la suite des opérations, surtout après les déclarations du scénariste stipulant que la suite de Prometheus s’éloignerait encore plus de la mythologie Alien (ce qui posait un sérieux problème, vu que Prometheus n’en avait créé aucune) pour s’intéresser à la destination du voyage du Dr Elizabeth Shaw. Scott, de son côté, déclare qu’un troisième film sera nécessaire pour établir une connexion directe avec Alien et, de fait, décide de se passer des services de Lindelof. Si cette décision donne l’impression que le cinéaste est conscient d’avoir fait fausse route avec cette collaboration controversée et qu’il compte redresser la barre pour satisfaire les attentes du public (à savoir, une véritable préquelle à son chef-d’oeuvre), il n’en demeure pas moins que le projet continue à se chercher une identité. D’autant que Scott doit produire en parallèle un Alien 5 réalisé par Neill Blomkamp. Tandis que Jack Paglen (Transcendance) et Michael Green (Logan et, euh, Green Lantern) se succèdent sur le scénario de la séquelle de Prometheus, Scott décide d’annuler jusqu’à nouvel ordre la commande faite au réalisateur de District 9, puis affirme qu’il n’y aura pas de xénomorphes dans Prometheus 2… avant d’annoncer un peu plus tard que finalement, si, il y en aura quand même. En septembre 2015, alors que la préproduction traîne depuis déjà trois ans, le film change de titre et devient Alien : Paradise Lost : il sera modifié deux mois plus tard pour Alien : Covenant, Scott précisant qu’on y verra le retour de toutes les formes d’aliens connues à ce jour (en plus d’une nouvelle, les néomorphes) et que l’histoire s’intéressera à l’exploration de la planète des Ingénieurs (les êtres « divins » découverts dans Prometheus) par un nouvel équipage. Les choses ont beau se préciser peu à peu, l’impression que Scott ne sait pas trop où il va reste persistante, même si la présence de l’excellent John Logan (Gladiator) a de quoi rassurer : avec la sériePenny Dreadful, l’homme a en effet prouvé qu’il était capable de s’emparer de mythologies fantastiques usées jusqu’à la corde pour leur redonner une vigueur viscérale, sans compter qu’il s’est déjà essayé à la SF avec Star Trek : Nemesis.
OPEN RANGE
Et à en juger par le synopsis officiel, ça part plutôt bien. L’histoire démarre dix ans après Prometheus à bord du Covenant, un vaisseau colonial de la Weyland Corporation qui compte parmi son équipage, outre le commandant (Billy Crudup) et son pilote (Danny McBride), une experte en terraformation (Katherine Waterston), épouse de l’ancien capitaine de l’astronef (James Franco) et, selon certaines rumeurs, mère d’Ellen Ripley. Sans oublier l’androïde Walter (Michael Fassbender), une forme plus évoluée de David, celui vu dans Prometheus. Et c’est justement sur David que l’équipage va tomber en explorant une planète à l’aspect paradisiaque dont il semble être le seul habitant… jusqu’à ce qu’ils deviennent la proie des autres créatures qui y vivent. Selon Ridley Scott, « le film s’intéresse à la mortalité, à l’immortalité et à la seule vraie question qui compte : Qui nous a créés, et pourquoi ? À mon avis, nous ne sommes pas un accident biologique dû au hasard. Je pense qu’il y a une sorte de décision qui a été prise derrière tout ça. Je crois à l’existence d’une force supérieure. Si on veut l’appeler Dieu, eh bien, appelons-là Dieu. ». Le champ de possibilités ouvert par cette déclaration lourde de sens (la mort de Tony Scott n’aura fait que décupler l’intérêt de son aîné pour ces thématiques) et par ce bref aperçu est exceptionnel : les Ingénieurs auraient-ils créé deux races intelligentes afin de savoir laquelle serait finalement supérieure à l’autre ? Auraient-ils créé les aliens pour qu’ils exterminent les humains et prennent leur place, ou pour que les deux races se mélangent et marquent un nouveau stade dans l’évolution (Scott ayant détesté Alien3, cette dernière hypothèse reste peu probable) ? Les aliens seraient-ils une création de David, lui-même inventé par l’homme, autrement dit une arme destinée à éradiquer la race humaine pour qu’elle cède la place aux machines ? Si tel est le cas, on imagine fort bien David tenter de rallier son jumeau Walter à sa cause. Partant de là, les Ingénieurs se retrouveraient-ils menacés par la race androïde, comme si de nouveaux Dieux voulaient remplacer les anciens ? Cette théorie pourrait faire de la planète sur laquelle se posent les membres du Covenant une Olympe où deux races supérieures s’affrontent jusqu’à faire de l’astre un champ de ruines ? S’il s’avère que l’équipage du vaisseau la nomme LV-426 ou Acheron, on saura à quoi s’en tenir, même si Scott a récemment fait savoir qu’Alien : Covenant était le premier chapitre d’une trilogie menant à Alien. On finit par s’y perdre…
GORE BIS
En attendant d’en savoir plus, les extraits que nous avons pu visionner il y a quelques semaines ne laissent planer aucun doute sur l’extrême violence du film. À l’aide de deux scènes où des bébés néomorphes font exploser les corps des explorateurs qu’ils ont contaminés afin de s’en extraire selon une méthode éprouvée par la franchise, Scott fait gicler le sang aux quatre coins de l’écran dans une généreuse atmosphère d’urgence hystérico-martiale. On en retire une impression de reportage de guerre réalisé par John McTiernan, les images dévoilées évoquant à la fois les deux premiers Alien et… La Galaxie de la terreur ! Scott semble donc avoir opté pour un style horrifique bis qui n’est pas pour nous déplaire, et pour une forme quasi expérimentale que n’aurait pas reniée son frère Tony. Tourné en Australie et en Nouvelle-Zélande, où Noomi Rapace s’est rendue durant quelques semaines afin de reprendre le rôle d’Elizabeth Shaw (on ignore s’il s’agit de flashes-back ou si elle tient un rôle actif dans le film), Alien : Covenant voit sa sortie initialement programmée pour le 4 août avancée au 19 mai (et au 10 mai pour la France), tandis que le compositeur initial Harry Gregson-Williams (qui avait été appelé en renfort sur Prometheus) est remplacé par Jed Kurzel, déjà « attaché » à Michael Fassbender sur Macbeth et Assassin’s Creed. Soyons réalistes : on risque fort de regretter le départ de HGW, et à tout prendre, on aurait préféré que Marc Streitenfeld rempile, son score pour Prometheus n’ayant pas laissé un mauvais souvenir, même si la tradition musicale de la saga brillamment initiée par la Sainte Trin [...]
Il vous reste 70 % de l'article à lire
Ce contenu éditorial est réservé aux abonnés MADMOVIES. Si vous n'êtes pas connecté, merci de cliquer sur le bouton ci-dessous et accéder à votre espace dédié.
Découvrir nos offres d'abonnement