DVD MAD (N°331)

L'Emprise

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Dans la filmographie de Sidney J. Furie, L’Emprise marque la fin d’un Âge d’Or après des accomplissements comme Ipcress – danger immédiat, le western L’Homme de la Sierra, le polar Chantage au meurtre et une poignée d’autres titres. Après L’Emprise, la dégringolade commence, avec Aigle de fer, Superman IV et La Prise de Beverly Hills, puis s’accélère par le biais de téléfilms anonymes.
Le scénario de L’Emprise lui arrive dans les mains en octobre 1980 via le producteur Bert Schneider, après que celui-ci eut essuyé le refus de Roman Polanski. Furie, qui n’avait pas touché au fantastique depuis les modestes Doctor Blood’s Coffin et The Snake Woman en 1961, s’enthousiasme pour le manuscrit, un thriller surnaturel construit autour du cas de Carla Moran, jeune mère de trois enfants régulièrement violée par une puissance surnaturelle invisible, et qui fait appel à un groupe de parapsychologues… Une histoire que le romancier/scénariste Frank De Felitta (Audrey Rose) tire de l’expérience traumatisante vécue en 1976 par Doris Bither. Sally Field, Jane Fonda, Bette Midler, Jill Clayburgh et Barbara Hershey refusent d’incarner Carla Moran. Dix jours avant le début du tournage, la dernière change d’avis après avoir eu l’assurance qu’elle n’aura pas à se dénuder pour la scène la plus crue, puisqu’elle sera remplacée par un mannequin articulé de 65.000 dollars.
Sidney J. Furie aurait pu demander à la comédienne de rencontrer Doris Bither. Il s’abstient, comme il s’abstient de recherches approfondies sur les phénomènes paranormaux. Sa seule référence : le scénario de Frank De Felitta, qu’il juge parfait. Il coupe néanmoins une séquence onirique faisant référence aux intentions incestueuses de Carla Moran envers son fils aîné, mais film tout de même une scène où la jeune mère observe son rejeton torse-nu, qui disparaîtra au montage… Pas un drame pour le cinéaste, qui apprécie les conditions de tournage : un budget moyen de 8,5 millions de dollars et un agenda très confortable de onze semaines, établi d’après les crédits d’impôt obtenus par les producteurs. « De tous les films que j’ai faits, L’Emprise est le seul où, tous les matins, on me répétait de prendre mon temps », s’amuse Furie. « Il n’y avait pas de figurants qui attendaient dans des bus, de sixième équipe caméra… Nous savions que tout se déroulait comme il le fallait. » Exception faite du poignet fracturé de l’acteur David Labiosa, accident intégré au scénario de manière à ne pas retarder pas les prises de vues, et des humeurs du producteur Harold Schneider, frère de Bert. « Un producteur qui me soutenait le plus souvent, mais qui, parfois, me rendait dingue. ». Surtout en ce qui concerne le rôle de Jerry Anderson, l’amant de Carla Moran. Schneider refuse catégoriquement d’auditionner Craig T. Nelson et impose Alex Rocco, qui livre par ailleurs une honorable performance. Mais la star du film reste Barbara Hershey, parfaite, au sommet de son talent dans ce que Sidney J. Furie préfère appeler un « suspense surnaturel » plutôt qu’un film d’horreur. Qu’importe l’étiquette, la réussite est au rendez-vous, si marquante que plusieurs réalisateurs ont tenté de s’y mesurer avec un remake : Hideo Nakata en 2005, James Wan en 2015. Aucun n’a abouti. 

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