DVD/Blu-ray/VOD N°319

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LORD OF ILLUSIONS DE CLIVE BARKER
Zone 2 et Zone B. Le Chat qui fume. 
Le troisième (et dernier) long-métrage de Clive Barker en tant que réalisateur n’était jamais sorti en France dans sa version director’s cut. Une injustice aujourd’hui réparée grâce au Chat qui fume.
Dès son stage initial de production, Le Maître des illusions (titre de la sortie française) aura subi les aléas des coulisses hollywoodiennes. Le projet est revendu à MGM par Polygram suite à des difficultés financières, et la firme au lion décide d’inclure le film dans son revival de la structure United Artists, en plein milieu de la période mouvementée dite « Crédit lyonnais » du studio. Au final, le long-métrage de Clive Barker arrivera dans les salles en août 1995 amputé de plus de 10 minutes, et débarquera en France directement en vidéo dans cette version raccourcie. Entre-temps, Barker aura tout de même pu exposer sa vision grâce à un Laserdisc director’s cut (où figurent également un commentaire audio du réalisateur et des scènes coupées), mais lorsque le film sort enfin chez nous en DVD, c’est dans sa version salles via une édition DVD calamiteuse (dans le menu, le long-métrage est même retitré Le Seigneur des illusions !), alors que le Zone 1, lui, reprend le director’s cut. Bref, un beau bordel. En HD, Lord of Illusions est mieux traité, puisque Shout ! Factory lui dédie fin 2014 un beau Blu-ray (malheureusement locké Zone A) avec les deux montages, le commentaire audio et les scènes coupées, une featurette, un making of d’une heure, une interview du story-boarder Martin Mercer et une introduction par Barker himself. Chez nous, nada. Jusqu’à aujourd’hui, puisque les bonnes âmes du Chat qui fume viennent de sortir le film dans un luxueux combo DVD/Blu-ray. Au menu : le director’s cut en 1080p (on ne regrettera pas l’absence du theatrical cut), le long making of (titré L’Illusion de la réalité pour l’occasion), la featurette, et une discussion à bâtons rompus de 45 minutes avec Guy Astic sur Clive Barker. Bien sûr, on déplorera l’absence du commentaire audio, mais la possibilité de redécouvrir le film dans un transfert HD plus qu’honnête (joli grain ciné malgré des plans de SFX numériques assez problématiques) est déjà un événement en soi.
TÉNÈBRES, PRENEZ-MOI LA MAIN
Après avoir oeuvré dans l’horreur pure, aussi bien en tant que réalisateur (Hellraiser, Cabal) que producteur (Hellraiser 2 et 3, Candyman), Barker choisit cette fois d’explorer une veine légèrement différente avec cette histoire de détective privé chargé d’enquêter sur la menace qui plane sur un magicien confronté à une secte dont il a naguère fait partie. Mêlant le néo-noir et le fantastique, le film ne bascule franchement dans l’horreur que lors de son climax. Barker y met à l’honneur l’un des personnages récurrents de ses romans et nouvelles, le privé du surnaturel Harry D’Amour (Scott Bakula en mode post-Code Quantum) qui sera plus tard confronté à Pinhead lui-même dans le (décevant) livre Les Évangiles écarlates. Pour l’heure, le personnage fait surtout office de guide pour le spectateur, candide plongeant dans un univers bien spécifique, celui des illusionnistes. Dans les bonus, Barker explique que « le film parle de la différence entre les illusionnistes et les magiciens. La différence entre quelqu’un qui fait croire à la magie, et quelqu’un qui en fait réellement. (…) L’illusionniste utilise des tours de passe-passe, des ruses, des illusions d’optique, pour suggérer que quelque chose de miraculeux se produit. Le magicien réalise quelque chose de miraculeux. L’illusionniste est un tricheur. Le magicien est authentique. » Au-delà du côté un peu daté du long-métrage (le look californien 90’s de la photo a pris un coup de vieux) et de ses problèmes de rythme (entre l’ouverture très Massacre à la tronçonneuse en plein désert et la longue et excellente scène finale conclue par un hommage à L’Au-delà, l’enquête reste très classique malgré quelques séquences électrisantes), c’est cette réflexion sur la puissance de l’imaginaire et la force de conviction de ceux qui s’y adonnent qui s’avère, avec le recul, passionnante. Naturellement, Barker s’investit bien plus dans le bad guy, Nix, sorcier flippant, que dans son alter ego « positif » Swan, magicien falot. Il lui confère la séduction du Mal absolu, l’équipe d’un masque très « cénobitien » et en fait le vecteur de ses saillies horrifiques, et donc des meilleures séquences du film : sa résurrection est saisissante, ainsi que le sort qu’il réserve à ses adeptes et, surtout, sa brève transformation finale qui fait basculer Lord of Illusions dans une atmosphère franchement lovecraftienne. Pour Barker, l’absolu des ténèbres offre bien plus d’attrait que la facticité de la lumière artificielle du genre « commercial », comme en témoigne l’ensemble de son oeuvre, littéraire, plastique ou cinématographique, et son film peut être vu comme l’un de ses manifestes les plus limpides sur le sujet. Et donc comme un modèle de série B intègre et habitée. « J’ai toujours dit que les films d’horreur et la littérature horrifique sont les derniers endroits où nous pouvons encore parler comme des théologiens » dit Barker, toujours dans les bonus. « Les films d’horreur abordent encore le thème de l’âme humaine et la possibilité de mortalité ou d’immortalité (…) Pour moi, c’est une forme perverse de ficti [...]

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