DVD/Blu-ray/VOD N°318

LA VIE PRIVÉE DE SHERLOCK HOLMES DE BILLY WILDER
Zone B. L’Atelier d’images.
En 1970, l’auteur de Certains l’aiment chaud explicitait les non-dits des oeuvres de Conan Doyle, tout en emmenant le détective à la pipe dans un mystère situé aux confins du fantastique.
Une sorte d’Atlantide pour les cinéphiles. Voilà ce qu’est la version d’origine de La Vie privée de Sherlock Holmes, qui a presque complètement disparu. Le film, dont le premier montage frôlait les quatre heures, devait en effet receler deux autres enquêtes un peu foireuses (l’une était maladroitement menée par le Dr. Watson, l’autre était un coup monté du même Watson), ainsi qu’un flash-back expliquant comment le célèbre détective était devenu si misanthrope en général, et misogyne en particulier. Logiquement, ces scènes coupées et invisibles sont au centre d’une ribambelle de suppléments : un récit de la production par un certain Jérôme Wybon, un entretien avec le monteur Ernest Walter, une heure de making of d’époque, une autre heure de résumé des pièces manquantes (au moyen d’extraits du scénario de tournage, de photos de plateau, et des rares rushes survivants).
Pour autant, les 125 minutes du montage final constituent un pur chef-d’oeuvre, préservant l’essentiel de l’approche de Wilder. Ce dernier a voulu donner au personnage de nouvelles aventures inédites, tout en creusant les éléments effleurés dans les ouvrages d’Arthur Conan Doyle. On retrouve donc son addiction à la cocaïne (censée tromper son ennui entre deux affaires), le caractère crypto-gay de sa vie en colocation avec Watson, ses relations tendues avec son frère Mycroft Holmes (tout aussi doué dans l’art de la déduction, mais qui a choisi d’être agent du gouvernement plutôt qu’enquêteur privé). Et tout cela n’a rien de théorique, étant au contraire coulé dans une intrigue prenante qui commence quand un cocher amène une jeune femme amnésique devant la célèbre gentilhommière de Baker Street… et qui finira sur les rives du Loch Ness !
Car le but de Wilder n’était pas de démonter le personnage, ni de se livrer à la parodie. Son film est une comédie légère, dont les gags parfois énormes cachent une secrète amertume, comme souvent chez ce Viennois au perfectionnisme légendaire. Notamment, le making of (en fait un reportage de la télévision allemande) montre le soin maniaque qu’il apportait à la direction d’acteurs, ou encore son souci de garder les personnages principaux et les enjeux dramatiques au centre des cadrages en Scope, malgré de longs plans en mouvement. Ce qui n’exclut pas le montage : à son intervieweur teuton, le réalisateur déclare que « la coupe est la grande invention du cinéma », tout en affirmant que le style ne doit jamais être tape-à-l’oeil, mais rester invisible pour le public. Voilà bien la profession de foi d’un grand artiste classique.

G.E.




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