DVD/Blu-ray/VOD N°311

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OPERA DE DARIO ARGENTO
Zone B. Le Chat qui fume. 

L’un des opus majeurs du pape du giallo sort enfin dans l’Hexagone dans une édition offrant à cette symphonie sanglante une restauration à tomber par terre.
On a coutume de dire que Macbeth porte malheur. Cela semble bel et bien avoir été le cas pour Opéra, dont l’histoire est liée à une représentation de l’oeuvre de Verdi adaptée de la pièce de Shakespeare : au-delà des nombreux problèmes survenus sur le tournage, la sortie du film de Dario Argento fut un authentique sabotage. Amputé d’une vingtaine de minutes par son distributeur américain, diffusé directement en vidéo chez nous dans une version tronquée trois ans après sa sortie italienne en 1987, Opéra peut légitimement être considéré comme un film maudit. Ce qui est d’autant plus incroyable qu’il s’agit d’une des créations les plus mémorables du cinéaste transalpin. Ce giallo d’exception nous arrive enfin dans une édition en tous points superbe. Si l’on peut regretter l’absence du montage US inclus en bonus sur le DVD Arrow et le récent Blu-ray allemand, elle reprend la masterclass et toutes les interviews présentes sur ce dernier, lesquelles dressent un historique très complet de la carrière du réalisateur, en plus de s’épancher sur le tournage d’Opéra. Le morceau de choix reste un making of inédit de 45 minutes tourné sur le plateau et présenté à l’état brut, autrement dit sans commentaire et non sous-titré, ce qui a peu d’importance vu la médiocrité de la prise de son directe. Un document d’archives précieux. Quant au film lui-même, il est proposé dans une copie dont la richesse de détail est proprement stupéfiante, rendant justice à l’incroyable photographie de Ronnie Taylor (on pense à Senso de Visconti et à 6 femmes pour l’assassin de Mario Bava). L’occasion de redécouvrir un film imparfait mais fascinant, une oeuvre-clé dans la filmographie d’Argento puisqu’on y trouve les restes de ses meilleurs giallos en même temps que les germes du Syndrome de Stendhal et du Fantôme de l’Opéra. C’est aussi le film où la passion du réalisateur pour Hitchcock s’apparente le plus à du De Palma. Au-delà de sa direction d’acteurs approximative (Cristina Marsillach est un régal pour les yeux mais joue comme une loutre) et de son scénario méchamment tordu mais trop sommaire (on aurait aimé que la fin prévue à l’origine soit conservée : rendue folle de désir par ses séances de torture SM, l’héroïne finissait par tomber amoureuse de son bourreau), le seul véritable reproche qu’on puisse adresser à Opéra réside dans ses choix musicaux, Argento recyclant la formule de Phenomena en collant des morceaux de mauvais heavy metal sur toutes les scènes de meurtre. Face à du Verdi, ça fait mal. Mais qu’importe : outre de voluptueuses compositions picturales, le réalisateur chorégraphie, dans un geste artistique grandiose et teigneux, quelques-unes des séquences les plus hardcore de sa carrière, annonçant ainsi la violence sale de ses derniers films.

C.D.




FREUD, PASSIONS SECRÈTES DE JOHN HUSTON 
Zone B. Rimini Éditions.

Un extrait de la vie de Sigmund Freud, de la découverte des vertus de l’hypnose chez le Français Charcot à l’exposé du complexe d’OEdipe devant un parterre de confrères hostiles et scandalisés. Un révolutionnaire, un explorateur de méninges. Au-delà du biopic partiel et de la reconstitution historique appliquée, le plus souvent confinée dans des intérieurs resserrés au maximum, c’est un authentique thriller psychanalytique que livre le réalisateur de Quand la ville dort et de L’Homme qui voulut être roi. Un thriller dont le traitement tire de plus en plus vers le cinéma d’épouvante onirique à la Jacques Tourneur et le film noir sous influence de l’expressionnisme allemand. Freud n’y apparaît-il pas comme une espèce de Frankenstein (en moins exalté cependant), prêt à s’engager dans des expériences qui libéreront son inconscient de ses propres démons ? Névrose pour névrose, il plonge dans ses propres refoulements en traitant du cas d&rsquo [...]

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