DVD/Blu-ray/VOD N°310

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LIFE : ORIGINE INCONNUE DE DANIEL ESPINOSA
Zone B. SPHE.

Sorti quelques semaines avant Alien : Covenant, Life : origine inconnue se rapproche davantage de l’esprit du premier Alien que la satire misanthrope de Ridley Scott. 
Étonnamment court (1h34, hors générique de fin) et bâti sur un argument minimaliste (l’équipage de la Station Spatiale Internationale doit « élever » un parasite d’origine extraterrestre mais, après des débuts pacifiques, ce dernier s’échappe de son aquarium et s’en prend à ses hôtes), Life est un modèle de concision narrative. Les personnages sont caractérisés dans le feu de l’action, le récit avance selon leurs actes, et les assauts de la créature silencieuse sont d’une froideur déstabilisante. Mieux, le cinéaste parvient à communiquer une certaine empathie vis-à-vis du monstre, dont le comportement meurtrier ne fait que répondre à une agression accidentelle de la part des hommes. Le jeu de survie qui s’engage distille dès lors une angoisse primale, Daniel Espinosa préférant jouer sur une horreur étouffante et viscérale plutôt que sur des effusions gore. Ici, les victimes meurent disloquées, dévorées de l’intérieur, noyées dans leur scaphandre ou projetées dans les confins de l’espace…
Il est probable que l’effort d’efficacité d’Espinosa se soit radicalisé en postproduction, si l’on en juge par les six minutes de scènes coupées disponibles sur le disque décrivant le quotidien répétitif des spationautes et sondant leurs états d’âme (Hiroyuki Sanada et Jake Gyllenhaal ont ici droit à un joli dialogue intimiste dans la salle de contrôle). Ces séquences non truquées permettent également d’évaluer la logistique du tournage, chaque comédien étant relié en permanence à des câbles épais simulant par un balancement continu un inconfortable état d’apesanteur. Laissée de côté par le premier Alien, et en toute logique par ses nombreuses suites (Covenant compris), cette approche scientifiquement correcte confère à Life un supplément de crédibilité franchement payant, les attaques de la créature étant dans ce contexte d’autant plus glaçantes. Des featurettes sont d’ailleurs consacrées au design de cette superbe bestiole (entre la fleur sous-marine et le poulpe lovecraftien) mais aussi à cette illusion de la gravité zéro, l’occasion d’admirer les effets pratiques et les décors en dur hallucinants mis au point pour les besoins du projet. Si le long-métrage n’a jamais la prétention de marquer l’Histoire de la science-fiction, préférant même s’engager dans une ironie tragique digne de La Quatrième dimension, Espinosa met les petits plats dans les grands en livrant une mise en scène terriblement ambitieuse, dont la complexité technique éclate dès le long plan-séquence d’ouverture.

A.P.




DEATH NOTE 
D’ADAM WINGARD
SVOD. Netflix. 

Produite en exclusivité pour Netflix, l’adaptation américaine du célébrissime manga est, depuis sa récente mise en ligne, littéralement concassée par les fans de l’oeuvre de Tsugumi Ôba et Takeshi Obata. Un bashing mérité ?
Il faut dire que nous aussi, on attendait avec une pointe de doute cette adaptation live de Death Note, best-seller papier ayant engendré une kyrielle d’OAV, de séries animées et de longs-métrages nippons (notamment confiés à Shûsuke Gamera Kaneko et Hideo Ring Nakata). Ne manquait à cette liste qu’une inévitable appropriation américaine. Ce qui, dans l’absolu, n’était pas foncièrement un mal : il faut reconnaître que si les productions japonaises respectent souvent à la lettre les mangas qu’il adapte, elles souffrent parfois d’une cruelle absence de point de vue cinématographique (remember les films 20th Century Boys). Et dans le cas présent, la présence à la barre d’Adam Wingard avait de quoi nous rendre curieux, le gars – issu de l’horreur indé – s’étant récemment montré capable du meilleur (The Guest) comme du pire (le remake de Blair Witch).
D’ailleurs, les faiblesses de ce Death Note made in Netflix ne sont certainement pas à mettre sur le dos du réal’ de You’re Next, puisqu’il emballe son film avec une vraie classe et une belle assurance, bien aidé par la photo contrastée de David Tattersall (la prélogie Star Wars, Speed Racer). Le problème, ici, vient surtout du passage de l’Orient à l’Occident d’une histoire nous balançant, dans la mouture originale, aux côtés d’un ado sociopathe transformé en vrai facho mégalo par la découverte d’un étrange cahier lui donnant le pouvoir de tuer toute personne dont il inscrit le nom en ses pages. Là où le manga et ses adaptations précédentes prenaient un malin – et virtuose – plaisir à explorer les stratagèmes pervers de ce bad guy érigé au rang de personnage principal, le scénario de Jeremy Slater et Charley & Vlas Parlapanides s’empêtre dans des tentatives de faire du « héros » un personnage ambivalent-mais-pas-trop-méchant-mais-quand-même-un-peu, avec comme stratagème l’adjonction d’une complice certes agréable à regarder (la sublime Margaret The Leftovers Qualley, fille d’Andie MacDowell), mais écrite avec des moon boots. Sans compter que pour sacrifier à l’autel du gore spectaculaire façon Destination finale (et aussi dénouer maladroitement certains noeuds de l’intrigue), le script trahit parfois les « lois » du Death Note édictées par ses auteurs originels. Attention Netflix, après le massacre du sublime Blame de Tsutomu Nihei pour en faire un produit marketable, ce Death Note est le nouveau signe d’un « nettoyage moral » excessif afin de ne pas trop heurter les sensibilités. Alors oui, finalement, et même si le boulot de Wingard reste plutôt au-dessus du lot, on comprend le bashing.

L.D.




L’ÉCHELLE DE JACOB D’ADRIAN LYNE
Zone B. StudioCanal.

Bonne nouvelle : StudioCanal propose de redécouvrir en HD l’un des plus grands films des années 90. Mauvaise nouvelle : l’édition nous arrive à poil.
Acheté par Paramount en même temps que Ghost au scénariste Bruce Joel Rubin (le génial Brainstorm) suite au succès de L’Amie mortelle

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