DVD/Blu-ray/VOD N°308

Array

LOGAN DE JAMES MANGOLD
Zone B. FPE. 

D’une violence inouïe, Logan rompt esthétiquement avec les standards du blockbuster super-héroïque actuel. Le Blu-ray radicalise encore un peu plus la démarche de James Mangold via une version noir et blanc bien plus déterminante que celle de Mad Max : Fury Road.
Si beaucoup crient déjà à l’opportunisme, James Mangold explique dans son commentaire audio que l’idée d’une version noir et blanc lui vint au début du tournage, lorsqu’il commença à publier sur Twitter des clichés en noir et blanc de sa star ; de longs mois, donc, avant la sortie de Fury Road en Black & Chrome. Si le chef-d’oeuvre de George Miller exhalait sous cette forme une tonalité délicieusement anachronique, l’hyper-saturation originale et sa stéréoscopie extrême n’en devenaient pas moins pertinentes. Logan est une tout autre affaire : aplati en noir et blanc, le film se voit littéralement transcendé. Les décors perdent en détails, contrairement aux visages caverneux des différents acteurs. L’isolement des protagonistes au sein de l’environnement est beaucoup plus prégnant, notamment dans le silo où Logan tient Xavier en captivité. Les nuées de poussière soulevées dans le désert passent désormais au premier plan, les scènes urbaines semblent sortir d’un Fritz Lang, la découverte d’un cadavre dans un motel évoque Hitchcock, et le massacre de la ferme n’a plus rien à envier à La Nuit des morts-vivants. Même sans la couleur rouge, la brutalité du film est accrue, en particulier lorsque Logan exécute froidement, et au ralenti, une horde de mercenaires sur le point d’abattre son mentor. La texture vidéo étrange des séquences de télépathie (expliquée par le cinéaste dans son commentaire audio) profite elle aussi du passage au monochrome, la puissance incontrôlable du Professeur X se dessinant désormais autour de lui telle une aura aveuglante.
Les bonus proposent eux aussi une structure classieuse à l’ancienne, avec un making of de 76 minutes incluant l’impressionnante audition de Dafne Keen, et sept minutes de scènes coupées qui auraient mérité de figurer dans le montage définitif. Outre quelques passages remuants, ces séquences ont sans doute été écartées par Mangold en raison de leurs références trop appuyées à des personnages disparus (Sabretooth, Jean Grey). Mais le supplément central reste le commentaire audio, dans lequel le cinéaste médite sur les avantages de développer un film classé R : les kids n’étant pas ciblés par le marketing, aucun partenariat ne sera signé avec une éventuelle chaîne de fast-food. Par conséquent, personne ne lira le script en dehors des producteurs, et le projet pourra s’articuler autour de thèmes foncièrement adultes. Et des films aussi matures que Logan, combien en a-t-on déjà vus dans le genre ?

A.P.




PERFECT BLUE DE SATOSHI KON
Zone B. Kazé. 

L’acte de naissance officiel d’un des plus grands réalisateurs contemporains débarque enfin en HD chez nous. Alors, Perfect Blue hérite-t-il d’un perfect Blu-ray ?
Qui a lu le manga inachevé Opus de Satoshi Kon comprend que le médium papier était trop « petit » pour le mangaka, dont les idées folles criaient leur besoin d’acquérir une dimension supplémentaire afin de révéler tout leur potentiel. De fait, Kon sera forcé d’arrêter Opus alors qu’il travaillait déjà sur Perfect Blue, son premier long-métrage d’animation. Certes, pour le bonhomme, ce n’est pas vraiment un saut dans l’inconnu, puisqu’il avait oeuvré sur les décors ou les layouts de Roujin Z, Patlabor 2 ou Memories (dont il avait écrit le superbe segment Magnetic Rose), et réalisé un épisode de l’OAV Jojo’s Bizarre Adventure. Toutefois, Kon est ici, pour la première fois, seul maître à bord sur un film de 82 minutes. Difficile dès lors de ne pas établir un parallèle avec son héroïne Mima, chanteuse dans un groupe de J-pop qui, au moment où démarre l’histoire, quitte le monde de la musique pour débuter une carrière de comédienne vite parasitée par des meurtres atroces. Kon aurait-il projeté toutes ses angoisses de créateur en mutation dans l’inexorable fragmentation de la personnalité de Mima ? Cela expliquerait la monumentale cohérence de Perfect Blue, dont la moindre articulation soutient à la fois une logique narrative limpide et un délitement labyrinthique des repères de l’h&eacut [...]

Il vous reste 70 % de l'article à lire

Ce contenu éditorial est réservé aux abonnés MADMOVIES. Si vous n'êtes pas connecté, merci de cliquer sur le bouton ci-dessous et accéder à votre espace dédié.

Découvrir nos offres d'abonnement

Ajout d'un commentaire

Connexion à votre compte

Connexion à votre compte