DVD/Blu-ray/VOD N°303

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DERNIER TRAIN POUR BUSAN I THE KING OF PIGS

Zone B. ARP Sélection et Spectrum Films.
PASSÉ ANIMÉ


Vous avez aimé Dernier train pour Busan ? Découvrez les précédents exploits du réalisateur Yeon Sang-ho dans l’animation énervée, à commencer par Seoul Station, jumeau zombiesque caché en bonus mais au moins aussi bon.
« Convenu dans l’ensemble, très inventif dans le détail » écrivait votre serviteur dans le tableau des avis chiffrés, lors de la sortie de Dernier train pour Busan. Le premier long-métrage en prises de vues réelles de Yeon Sang-ho fourmille en effet de trouvailles, en indexant sa progression dramatique aux vicissitudes d’un voyage ferroviaire : adieux sur le quai de gare, pannes, cohabitation avec les autres passagers, correspondances, attentes, etc. Entre mille exemples, on n’est pas près d’oublier la vision, à la fin du film, de ces zombies accrochés par grappe à une locomotive, qui met à profit les innovations du roman World War Z de façon bien plus habile que sa superficielle adaptation avec Brad Pitt. D’où une légère déception devant la nature des suppléments : les dénominations « making of » et « featurette » cachent de simples images de tournage non commentées. On peut tout de même noter l’utilisation par Yeon de longs rails de travelling placés par-delà les fenêtres d’un wagon à l’arrêt, ou dans la travée centrale séparant les fauteuils. Dommage car on aurait aimé en savoir plus, notamment sur la symbolique géographique du récit. Busan, située à l’extrême sud de la péninsule, est en effet la ville où les civils ont convergé pendant la guerre entre les deux Corée des années 1950-53. Et ce convoi de la dernière chance, essayant de prendre de vitesse la propagation du virus, semble donc faire écho au tragique exode des Sudistes devant l’avancée des troupes du Nord.
Il n’empêche que Dernier train pour Busan reste un poil conventionnel dans son contenu. L’enjeu émotionnel principal (un père divorcé indigne va apprendre à connaître sa petite fille en étant obligé de la protéger) ne sort pas des codes des blockbusters internationaux, tandis que l’opposition entre rupins odieux et gens modestes plus solidaires ne brille pas d’une originalité folle. C’est d’autant plus surprenant que le point fort des animés de Yeon Sang-ho résidait au contraire dans un discours social très profond et véhément, comme pourront s’en rendre compte les possesseurs de l’édition Blu-ray Steelbook. Cette dernière recèle en effet un bonus de taille : l’excellent Seoul Station qui, comme son titre l’indique, raconte une épidémie zombiesque partant de la gare de la capitale, ce qui en fait une sorte de préquelle graphique à Dernier train pour Busan. Certains éléments de celui-ci sont d’ailleurs déjà en place : les créatures sont trop connes pour ouvrir une porte autrement qu’en la détruisant ou pour descendre un escalier sans se casser la gueule, ce qui rend plus plausible la survie des personnages. Mais surtout, Seoul Station se distingue en grattant la société coréenne là où ça fait mal. En fait, la catastrophe se répand de manière stupide, puisque les autorités prennent le patient zéro pour un simple SDF et le traitent avec la même indifférence que les autres clochards. C’est ballot. Quant à l’héroïne, il s’agit d’une jeune marginale qui fuit les zombies tout en essayant d’être récupérée par le tandem mal assorti composé par son petit ami désinvolte (qui a voulu lui faire faire le trottoir !) et son père bourru (débarqué là à l’impromptu pour lui dire d’arrêter ses conneries). Et avec les rapports internes à cet étrange trio, on n’est pas au bout de nos surprises… Bref, ce Seoul Station justifie à lui seul l’achat du Blu-ray de Dernier train….
Et ce n’est pas fini, car un autre éditeur a eu la bonne idée de sortir au même moment le premier long de Yeon Sang-ho, King of Pigs, qui l’avait révélé en frappant de stupeur la Quinzaine des Réalisateurs 2012. Là, pas de zombies, mais une étude du harcèlement scolaire en Corée, dépeint avec une violence et une cruauté inouïes. Pourtant, l’ambiance n’est guère à la pleurnicherie : la structure du film (les difficiles années de collège sont visualisées en flash-back, tandis que les anciennes têtes de Turc devenues adultes évoquent le sujet avec gêne) vise à montrer que les pressions hiérarchiques constituent un cercle infernal. Et ce dernier est représenté de manière allégorique par des personnages d’animaux parlants, dont les apparitions viennent crever la surface « réaliste » du dessin pour y ouvrir une dimension fantastique cauchemardesque. Allez, encore un effort : si les éditeurs se décidaient à sortir en France The Fake (un drame sur l’embrigadement sectaire qui est peut-être le meilleur long-métrage de Yeon à ce jour), nous aurions l’intégrale d’une carrière dont nous attendons avec impatience les prochains titres, qu’il s’agisse d’animation ou pas.

G.E.



CHEESEBURGER FILM SANDWICH DE J. DANTE, C. GOTTLIEB, P. HORTON, J. LANDIS & R. K. WEISS
Zone B/2. Éléphant Films.

Tourné entre 1985 et 1986, mais resté sur les étagères d’Universal pendant une année supplémentaire, Amazon Women on the Moon est présenté en France comme une suite directe de Hamburger Film Sandwich.
Une séquelle avec un peu plus de fromage fondant, donc, et il est vrai que les deux projets partagent de nombreux atomes crochus. À commencer par un désir de zapping propre à l’oeuvre de Landis, et un recyclage de tout ce que la télévision a pu produire de plus drôle depuis les sixties. Si ce n’est les extraits du faux film de S.F. Amazon Women on the Moon, il n’y a ainsi aucune structure dans Cheeseburger Film Sandwich, des punchlines nonsensiques (le fameux « C’est de la merde ou pas ? » hurlé par Henry Silva) faisant office de transitions entre les sketches et fausses bandes-annonces concoctés par Dante, Gottlieb et consorts. On retiendra quelques bijoux, notammen [...]

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