DVD/Blu-ray/VOD N°300

EXTE DE SONO SION
Zone B. HK Vidéo.

Cet inédit de 2007 montre que, même quand Sono Sion fait mine de passer sous les fourches caudines du film de fantôme japonais, ça finit toujours par dépoter.
Dans le dossier de couverture du précédent numéro, nous vous rappelions la révolution qu’a constituée il y a près de 20 ans la sortie du premier Ring, avec son histoire de cassette vidéo maudite et sa fillette fantôme au visage caché par des cheveux interminables. Jusqu’à nos jours, des dizaines de productions (issues également du Japon ou d’autres pays d’Asie, voire de partout dans le monde) ont creusé le même sillon, souvent en reprenant le principe de la possession via un quelconque bidule technologique, parfois en mettant plutôt l’accent sur les longues mèches des spectres. Il y a eu par exemple un film coréen intitulé The Wig et consacré bien sûr à une perruque hantée, mais la palme de l’excentricité revient sans nul doute à cet Exte mettant en scène… des extensions capillaires qui tuent ! Ceux qui s’attendent à un truc débile seront néanmoins démentis. Car le grand Sono Sion, qui a tourné cette oeuvre commerciale juste avant de se lancer dans son monumental et rageur Love Exposure, s’est totalement approprié la commande, et surtout, y a insufflé une liberté et une insolence n’appartenant qu’à lui.
Ne croyez pas pour autant que le film prenne le genre de haut. Au contraire, il offre un bon quota de scènes dingues où les effets numériques permettent aux cheveux de coloniser des appartements entiers, quand ils ne se glissent pas à l’intérieur des corps humains pour les laminer au fil d’épisodes joliment gore. Seulement, la routine des indices inquiétants et des fausses alertes est avantageusement remplacée par un récit bouillonnant, qui avance en funambule entre humour et gravité. Prenez la scène inaugurale : dans un container rempli de mèches destinées à fabriquer des extensions, des employés portuaires découvrent le cadavre d’une jeune femme victime d’un horrible trafic d’organes. Eh bien, cet aspect vomitif est contrebalancé peu après par un élément grotesque. La dépouille est bientôt dérobée par un croque-mort fétichiste des cheveux féminins, qui s’émerveille en constatant que ceux de la belle continuent de pousser post-mortem, et décide de les monnayer aux salons de coiffure du coin… On retrouve donc la prédilection du cinéaste pour ces antres où des personnages hurluberlus concoctent d’impensables projets – voir le maître des yokais dans les égouts du pas top Love and Peace.
Par ailleurs, Sono Sion se souvient avoir été poète des rues quand il nous présente une coiffeuse stagiaire commentant à haute voix sa vie et ses échanges avec sa colocataire comme s’il s’agissait d’un roman (« dit-elle », « répond-elle », « propose-t-elle »), ce qui permet de poser la situation en deux temps trois mouvements. Mais là encore, la fraîcheur et l’espièglerie ne tardent pas à prendre des teintes très sombres. Notre héroïne a une soeur ignoble qui martyrise sa fillette, si bien que la shampouineuse est forcée de recueillir sa petite nièce. Et la maltraitance enfantine est traitée avec tellement de crudité que cela va bien plus loin qu’une simple péripétie destinée à donner un peu d’épaisseur aux protagonistes. Car Exte tire fièrement la langue à ces intrigues blindées où chaque élément est dosé avec soin : un peu de progression de l’action par-ci, un peu de « développement des personnages » par-là, un morceau de bravoure par bobine. À l’inverse, on a sans arrêt l’impression qu’à tout moment, l’un ou l’autre des fils narratifs pourrait prendre le film en otage pour nous emmener ailleurs, au moins pendant quelques minutes.
Finalement, les deux trames principales (le cadavre disparu et l’histoire de la coiffeuse, donc) se retrouveront emmêlées comme des cheveux pas brossés. Mais pour en arriver là, il aura fallu la faculté de Sono Sion à jongler avec des tons très différents (rappelée, au niveau de la forme, par son habitude de raccorder sans façon des plans et des séquences aux mouvements contradictoires), qui assure à l’oeuvre une sorte d’unité instable. Bref, le Japonais électrique démontre une fois de plus qu’il a en poche ce qui manque à pas mal de ses confrères coincés : une bonne dose de désinvolture.

G.E. 


THE DARKNESS 
DE GREG MCLEAN
Zone 2. Universal. 

Après avoir dilué Wolf Creek sous la forme d’une série sans grand intérêt, l’Australien Greg McLean est allé faire un tour chez Jason Blum (avec Kevin Bacon en vedette) pour une histoire de hantise qui respecte à la lettre le cahier des charges du pape de la production horrifique US. Réalisation propre bien qu’un peu télé, jump scare parfois efficaces mais souvent prévisibles… le produit reste très formaté et taillé pour les années 2010. McLean réussit cependant à le faire sortir du lot par le biais d’une approche essentiellement psychologique (avec un fils autiste, une ado anorexique qui planque son vomi sous son lit, une mère alcoolo et un père infidèle, la famille prise d’assaut par les esprits est déjà hantée par ses propres démons) et en faisant monter la pression avec des apparitions animales allant du serpent au loup en passant par le coyote et le bison. Inspiré de la légende des Indiens Anasazi popularisée par X Files, le film peut être vu comme une relecture de Poltergeist plus réussie que son affligeant remake, et aurait très bien pu être écrit par Graham Masterton, comme l’atteste une fin alternative nettement plus sombre présentée en bonus. Dommage que Blumhouse n’ait pas eu l’audace de la choisir pour la version finale, mais en l’état, The Darkness saura faire patienter les fans du réalisateur en attendant The Belko Experiment et Jungle, tous deux prévus pour 2017.

C.D.

HOLOCAUSTE NAZI + LA DERNIÈRE ORGIE DU IIIÈME REICH
Zone 2. Artus Films.

Artus continue de puiser dans le filon le plus crapoteux du bis italien, celui des « Eros Swastika », ces mélodrames sexy-sadiques sur fond de croix gammée. Cette fois, nous avons droit à deux titres de 1977 qui sont sans doute les plus extrêmes de la série, l’un dans le genre intello et l’autre dans le genre débile.

Débile, Holocauste nazi (La Bestia in calore) l’est d’abord par sa fabrication chaotique. Réalisateur aux pseudos mouvants (Paolo Solvay, Ivan Kathansky, etc.), Luigi Batzella reprend en effet de larges extraits de son Quand éclate la dernière grenade tourné sept ans auparavant, un drame de guerre sulpicien et pleurnichard. D’où le contraste très bizarre avec des séquences additionnelles aux accents de BD, voyant une doctoresse SS mener d’absurdes expériences sexuelles (les fameuses scènes avec le monstre priapique enfermé dans une cage), quand elle ne torture pas de braves résistants italiens pour les faire parler. La chose pourrait ainsi être une illustration de la faillite du mâle latin (voir l’abondance anormale des nus frontaux masculins), comme notre estimé rédacteur Christophe Bier en émet l’hypothèse dans un bonus stimulant.
Dû quant à lui à l’incontrôlable Cesare Canevari (l’auteur du western psychédélique Matalo !), La Dernière orgie du IIIème Reich (aka Des filles pour le bourreau aka L’Ultima orgia del III Reich) est le seul film du genre à vraiment s’inspirer des oeuvres scandaleuses qui l’ont déclenché, à savoir Portier de nuit et Pasqualino. Des références ampoulées (l’exergue du générique invoque même le surhomme nietzschéen !) accompagnent donc les agissements d’un commandant de camp qui, rendu fou par l’expression impassible d’une déportée résignée, décide de la supplicier pour faire renaître en elle l’instinct de survie. Aussi idéologiquement confus que graphiquement très costaud, le résultat est à voir, mais en prenant de sacrées pincettes.

G.E.

KENSHIN : LA FIN DE LA LÉGENDE DE KEISHI OHTOMO
Zone B. HK Vidéo. 

HK Vidéo n’a pas traîné pour éditer les suites de Kenshin le vagabond, et c’est tant mieux. Car si le premier film installait l’univers et les personnages, les deux autres opus de la trilogie fonctionnent comme une seule grande fresque, avec un bad guy central, l’u [...]

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