DVD/Blu-ray/VOD N°298
Batman v Superman : l’aube de la justice Ultimate Edition
DE ZACK SNYDER
Téléchargement définitif (à partir du 23 juillet) et VOD/Zone All/Zone 2 (à partir du 3 août). Warner Bros.
Pris dans une tornade de critiques négatives qui finiront par éroder la portée commerciale du film, le département marketing de la Warner s’était empressé d’annoncer la sortie, en DVD et Blu-ray, d’un director’s cut de BATMAN V SUPERMAN, dont les scènes rajoutées seraient en mesure de combler les manques de la version salles tant décriée. Déjà plutôt favorables au premier montage, nous attendions ce nouveau cut avec une attention toute particulière… et nous aurions eu tort de nous en priver.
En réalité validé en même temps que la version salle, ce director’s cut interdit au moins de 17 ans aux États-Unis évoque Troie de Wolfgang Petersen ou Kingdom of Heaven de Ridley Scott dans sa capacité à transcender un récit jadis trop décousu, voire elliptique. Réparties sur l’ensemble du long-métrage, les 31 minutes ici restaurées rendent au drame toute sa logique, sa tension et sa portée émotionnelle, en donnant un point de vue à des événements autrefois illustrés sans la moindre perspective. Introduit dès le premier acte du film (globalement inchangé), dans lequel Snyder revisitait le climax de Man of Steel à travers les yeux de Bruce Wayne, ce désir de subjectivité est désormais palpable durant le reportage africain de Lois Lane. En plus de réellement présenter le personnage de Jimmy Olsen (il ne s’agit plus d’un figurant ; son assassinat, plus graphique, n’en est que plus choquant), le début de la séquence fait vivre l’enlèvement des deux personnages à la première personne. Un foulard recouvre leurs visages, cut ; le foulard est retiré violemment, et l’on découvre en même temps qu’eux un comité d’accueil patibulaire. Débarrassée de ses inserts inutiles, la scène annonce sous cette forme le rêve post-apocalyptique de Wayne : un coup lui est porté, cut, puis il se réveille dans l’antre souterrain de Superman, lui-même devenu un terroriste psychotique. Plus ambitieuse en termes de construction scénique, l’introduction africaine du film propose également une ouverture progressive du montage, Snyder dressant désormais un parallèle entre l’avancée de la CIA, des mercenaires, de Lois Lane et de Superman. Toutes les forces en présence ont un rôle désormais clairement établi : tandis que les mercenaires exécutent tous les témoins (avec giclées de sang à foison) et brûlent les cadavres au lance-flamme pour faire croire à un méfait du « faux dieu », le gouvernement américain, depuis une salle de contrôle déshumanisée, décide de réduire la base terroriste en cendres. Dépêchés non loin de là, des soldats tentent d’arriver sur place en premier, afin d’éviter les dommages collatéraux (dont Lois Lane), l’occasion pour Snyder de se payer une chevauchée fantastique à la Lawrence d’Arabie. Les cavaliers sont hélas dépassés par un drone, qui largue bientôt sa tête explosive. Superman intervient alors, anéantissant l’ensemble du matériel yankee en une fraction de seconde. La double destruction est cadrée de loin, sans coupe, tandis que le chef des mercenaires à la solde de Lex Luthor esquisse un sourire au premier plan. Alors que la machination était incompréhensible dans le montage cinéma, cette introduction entièrement repensée pose enfin les bases de l’intrigue de façon intelligible, solide et engageante. Le film dans son ensemble dépendant de cet événement, l’implication du spectateur s’en trouve décuplée.
NOUVEAUX CONTEXTES
La plupart des autres modifications apportées par Snyder suivent une logique similaire. Plutôt que de balancer à son public une succession de séquences déjà entamées, le cinéaste restaure toutes ses contextualisations et toutes ses mises en place. Avant que les deux flics ne débarquent dans l’immeuble du trafiquant d’êtres humains, où ils rencontreront brièvement l’homme-chauve-souris, on les découvre ainsi dans leur voiture, en train de regarder un match de football américain opposant les équipes de Gotham et Metropolis (le match tourne d’ailleurs symboliquement à la bagarre générale). Développant encore le décorum médiatique du film, une autre scène voit un jeune homme regarder un épisode du Daily Show, dans lequel Jon Stewart ironise sur les atours patriotiques du costume de Superman. Rappelé à l’ordre par son supérieur, l’homme éteint sa télévision, attrape un plateau rempli de coupes de champagne et l’emmène dans une luxueuse salle de réception. En plan-séquence, un conservateur de musée attrape une coupe et l’offre à Diana Prince, puis la guide vers la fameuse épée. La scène reprend ensuite comme dans le montage cinéma, avec l’arrivée de Bruce Wayne. Dans le même ordre d’idée, des faits autrefois évoqués à l’oral sont visibles à l’écran, notamment l’emprisonnement et le meurtre sauvage du trafiquant marqué au fer rouge par Batman. Ayant enfin la possibilité d’exercer son métier de journaliste, Clark creuse l’affaire en rencontrant la veuve et l’orphelin du criminel, ou en partant à la recherche d’une mystérieuse jeune femme africaine, principal témoin du soi-disant massacre perpétré dans son pays par l’homme d’acier. Une femme qui se révèle être une comédienne menacée et utilisée par les sbires de Lex Luthor, et qui finira assassinée sur un quai de gare comme dans un bon vieux Brian De Palma.
TRAJECTOIRES DRAMATIQUES
Entièrement restructuré (des scènes entières sont déplacées ou interverties, apparaissant parfois 25 minutes plus tard que dans le montage cinéma), Batman v Superman ressemble en l’état à un nouveau Watchmen, filiation soulignée par le graffiti « The end is nigh » lisible durant une scène inédite. En plus d’introduire de nouveaux personnages (la fille du commissaire Gordon, la fausse accusatrice et son entourage), le film enrichit aussi les anciens. En déballant ses affaires dans son appartement de Metropolis, Lois Lane découvre un chemisier maculé de sang et s’immobilise ; l’ancien employé de Wayne Industries démontre une obsession beaucoup plus acide pour le fils de Krypton, mais se révèle finalement piégé par Luthor ; Bruce, Alfred et l’assistante asiatique de Lex héritent de dialogues supplémentaires ; Superman appelle sa mère en pleine nuit pour parler de son père, et tente de sauver des victimes après l’attentat au Congrès… Si les idées les plus attaquables du film ne s’en retrouvent pas effacées pour autant (le rebondissement « Martha », les vidéos YouTube des membres de la Justice League, l’affrontement final contre Doomsday), les meilleures scènes en ressortent toutefois grandies, à commencer par la déchirante solitude de Superman dans les flammes d’un Capitole ravagé par la haine des hommes. Le héros optera pour l’exil, croisant sur son passage un vieil homme au discours perspicace : « Il sait que la montagne est infranchissable ; il est venu pour mourir. ». John Milius serait fier.
Alexandre PONCET
SEX WARS
DE BOB VOSSE
Zone 2. Parox.
Voici qui devrait combler Gilles Esposito, notre adorateur de Crocofilms ! Les spécialistes du DVD en version française ont créé un sous-label : Parox, pour « parodie X ». Sex Wars s’ouvre sur une lourde comparaison : des plans de lave en fusion. Suit une fellation très pro et bien sûr une éruption. Car le film a beau parodier Star Wars, il est d’abord un porno, tourné par un spécialiste du genre, Bob Vosse, transfuge de la sexploitation sous le nom de Don Brown. Cet habile technicien débuta dans les films de surf – on lui doit la célèbre vague du générique de Hawaï, police d’état. D’où, ici, un goût certain pour les grands fonds. La princesse Layme engage deux étalons pour conduire son vaisseau et retrouver sa soeur disparue, la princesse Orgasma. Laquelle est devenue l’une des esclaves sexuelles de Lord Balthazar, le tyran à la peau argentée de la planète Tyros, du dangereux système de Lesbos, contrée galactique où disparaissent les voyageurs. Mais en 1985, le porno californien en 35 mm n’est plus aussi fastueux. La parodie lorgne du côté du Carnaval des Affaires et de l’ambiance cheap du Star Trek télévisé des années 1960, avec une bonne dose de disco. Pas de VO. Les Crocoboys reprennent le doublage français de la vieille VHS de Scherzo, qui ajoute certainement un peu plus de parodie. « J’aime tes seins » lui dit-il ; « J’aime ta queue » lui répond-elle.
Christophe BIER
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