DVD/Blu-ray/VOD N°297



Doublés déséquilibrés
EXORCISME TRAGIQUE
+ LA NUIT DES DIABLES + PORNO HOLOCAUST + CALIGULA LA VÉRITABLE HISTOIRE
Zone B et Zone 2. Le Chat qui fume/Bach Films.

Deux bis italiens méconnus d’un côté, deux nouveaux Joe D’Amato de l’autre. Et à chaque fois, une oeuvre importante accolée à une tentative beaucoup plus discutable.

Des éditions Blu-ray accompagnées de nombreux entretiens en bonus : Le Chat qui fume fait une véritable démonstration de force autour de deux raretés italiennes de 1972. Pour autant, Exorcisme tragique (aka Les Monstres se mettent à table aka Un bianco vestito per Marialè) est tout au plus une bizarrerie, à l’image de la carrière atypique du réalisateur Romano Scavolini. Même s’il tournera plus tard aux États-Unis le slasher ultra glauque Cauchemars à Daytona Beach, il vient en fait du cinéma expérimentalo-gauchiste. Ici, il voudrait donc glisser une charge antibourgeoise au sein d’un curieux hybride entre giallo, épouvante gothique, fantastique psychanalytique… et partouze mondaine, ou du moins l’idée que la presse à scandale s’en fait. Mais la peinture de ces parvenus partant en vrille dans un palais aristocratique prête à sourire, et le résultat s’avère chichiteux et assez bouffi de prétention. En revanche, La Nuit des diables (La Notte dei diavoli) mérite amplement d’être réhabilité. Le film se traîne en effet une piteuse réputation, à cause d’une double malédiction. D’une part, il a souvent été défavorablement comparé à l’autre long-métrage de terreur réalisé par Giorgio Ferroni, l’excellent Le Moulin des supplices tourné douze ans plus tôt (et naguère sorti avec Mad – NDLR). D’autre part, il s’agit d’une seconde adaptation de la nouvelle Les Wurdalak de Tolstoï, après celle qu’avait donnée Mario Bava dans un des sketches des Trois visages de la peur. Mais l’analyse de l’ami Olivier Père montre que cette version fait jeu égal avec la précédente, tout en s’en différenciant par une poignée d’images très gore (on sent que La Nuit des morts-vivants est déjà passé par là) et par un climat d’infinie mélancolie. Car Ferroni, « cinéaste de l’indifférence triste du destin » comme l’a qualifié Lars Helmstein, insiste sur le fait que les goules vampirisent de préférence ceux qu’ils aiment afin de se les attacher pour l’éternité, d’où une émotion poignante se reflétant dans les beaux yeux de la sensible Agostina Belli. La Nuit des diables apparaît ainsi comme le chef-d’oeuvre terminal de l’épouvante transalpine traditionnelle, dont il met à nu l’arrière-plan culturel : ce monde slave auquel l’Italie du Nord-Est est adossée, et qui en constitue le pendant arriéré et ténébreux. Il suffit de franchir la frontière slovène pour perdre son chemin dans un monde immémorial de mort et de folie, comme cela arrive au négociant venu du Frioul qu’incarne Gianni Garko.
Pour sa part, Bach Films continue d’explorer la série de films érotico-horrifiques tournés en République Dominicaine par Joe D’Amato, avec cette fois Porno Holocaust (1980). Mais en dépit d’un sujet en miroir de celui de Sesso nero (au anti-héros rongé par une maladie génitale succède un zombi solitaire tuant avec son sexe géant) et d’une structure annonçant Anthropophagous (un petit groupe de personnages voguant vers une île paradisiaque hantée par un monstre pathétique), ce titre-choc est en fait le plus faible de la période caribéenne du cinéaste. Une fois n’est pas coutume, les scènes X peinent à se marier avec les passages gore. Les deux dimensions sont plus nettement séparées dans Caligula, la véritable histoire (Caligola : la storia mai raccontata, 1982), qui se voit ainsi offrir une édition double : sur un DVD, la version intégrale hard de plus de deux heures (en italien, allemand et anglais, cette dernière langue étant la seule à être sous-titrée), et sur l’autre, une VF plus courte d’une quinzaine de minutes. Néanmoins, l’essentiel est ailleurs, dans une interprétation du personnage assez différente de celle du Caligula de Tinto Brass. Ici, l’empereur décadent est un jeune homme miné par un rêve obsessionnel où il est poursuivi par les fantômes des dignitaires romains qu’il a torturés au fil de scènes très graphiques, avec en point d’orgue des images d’empalement ou de zoophilie comme on en retrouve souvent chez notre réalisateur. En particulier, une séquence pourrait résumer à elle seule le cocktail Eros + Thanatos cher à D’Amato : les participants d’une orgie continuent de s’ébattre alors qu’ils finissent entièrement mouchetés de gouttelettes de sang, émises par deux gladiateurs qui se battent à mort pour leur plaisir !

Gilles ESPOSITO

 

 

THE LEFTOVERS SAISON 2
DE DAMON LINDELOF ET TOM PERROTTA
Zone B. Warner. 

Après avoir transposé le roman de Tom Perrotta dans la déjà très réussie saison 1, Damon Lindelof paraît comme libéré pour cette saison 2. Le cocréateur de Lost resserre l’intrigue autour d’un plus petit nombre de personnages, à commencer par Kevin Garvey (Justin Theroux), le shérif dont la vie avait explosé suite aux événements ayant inauguré la saison 1. Il s’installe aujourd’hui avec sa famille recomposée à Miracle, la seule ville au monde où personne n’a disparu. Mais le soir même de leur arrivée, trois jeunes filles se volatilisent, tandis que Garvey est hanté par le souvenir de Patty Levin, la gourou d’une secte qui s’était suicidée face à lui… Avec The Leftovers, Lindelof a inventé la « série high concept dépressive ». Mais si le sentiment de culpabilité est évidemment le thème central de la série, cette nouvelle saison plonge le téléspectateur dans la reconstruction mentale de son héros. Et cela passe d’abord par une destruction littérale, culminant dans le huitième épisode avec l’une des représentations de l’au-delà les plus saisissantes jamais vues sur petit écran. Parallèlement, la horde qui assiège la forteresse qu’est devenue Miracle croupit dans un bidonville avec l’espoir de profiter un jour des supposés pouvoirs de la ville. Tout lien avec les crises migratoires actuelles ne serait pas fortuit ! Quant à la mystérieuse séquence chez les hommes préhistoriques, elle prendra tout son sens au fil des épisodes. Un sens qui n’est pas à trouver dans les symboles, mais dans l’émotion, rendue palpable grâce à un casting hors pair, Carrie Coon (Gone Girl) en tête.

Romain NIGITA



Perfide Albion
LA POUPÉE DIABOLIQUE
+ LA TOUR DU DIABLE
Zone 2. Artus Films.

Une histoire de marionnette plus méchante qu’un épisode deLA QUATRIÈME DIMENSION, un pré-slasher à l’arrière-plan gothique et mythologique : découvrez l’autre cinéma fantastique anglais.


Dans les suppléments, Alain Petit et Eric Peretti mettent en lumière le parcours de Richard Gordon, distributeur anglo-américain qui s’est d’abord spécialisé dans l’import-export de films entre ses deux pays d’attache, avant d’investir une partie de ses bénéfices dans de petites productions britanniques. Certaines étaient vraiment de qualité, comme La Poupée diabolique (Devil Doll, 1964) de Lindsay Shonteff, où un journaliste va découvrir une étonnante réalit&eacut [...]

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