DVD/Blu-ray/VOD N°279
Nightbreed Director’s cut
de Clive Barker
Zone A. Shout ! Factory.
On espérait voir le CABAL CUT, workprint de NIGHTBREED, sortir un jour en vidéo. Mais on ne s’attendait pas à voir débarquer une copie beaucoup plus intègre du chef-d’oeuvre de Barker…
Victime d’une absence totale de communication entre Barker et les pontes de Morgan Creek, persuadés d’investir dans un slasher à la Freddy, Nightbreed (Cabal en VF) finit par être confisqué par ses producteurs, et partiellement retourné et remonté en dépit du bon sens. Soi-disant perdues, les bobines supprimées seront localisées par Morgan Creek près de 25 ans plus tard, le studio ne pouvant ignorer la demande croissante des fans, rassemblés au sein du groupe Occupy Midian et s’avouant prêts à payer une fortune pour se procurer une version décente du director’s cut. Une fortune, c’est effectivement ce que demandent Shout ! Factory et Morgan Creek pour l’édition limitée (a priori déjà épuisée), soit près de 80 dollars pour trois disques truffés de suppléments, et incluant en annexe un montage cinéma désormais obsolète. Parmi les bonus non inclus dans l’édition standard, outre un cours de maquillages spéciaux, des tests de matte paintings, une featurette sur les quelques plans de stop motion, des galeries de photos et une interview du monteur Mark Goldblatt, qui ne montre aucun remord vis-à-vis de ses coups de scalpel, la seconde galette propose une vingtaine de minutes de scènes coupées et alternatives non retenues pour le director’s cut. Jadis intégrées au Cabal Cut, copie de travail du DC recomposée à partir à de vieilles VHS, ces séquences soufflent le chaud et le froid, développant des intrigues secondaires plus ou moins pertinentes (les dialogues entre Dekker et son masque, l’enquête de l’inspecteur Joyce, etc.). La fin abandonnée, voyant Dekker crucifié et hissé au rang divin par un ex-curé devenu monstre, aurait en revanche mérité de clôturer le nouveau montage. Il semble que l’absence d’éléments 35 mm pour certains plans-clés de la scène ait privé Barker de cette option, le cinéaste devant se rabattre sur une conclusion certes plus évocatrice qu’en salle, mais néanmoins assez convenue. C’est bien le seul reproche que l’on pourrait adresser à cette version longue, forte de 45 minutes inédites ou alternatives, dont l’ambition et la beauté laissent pantois. Prenant enfin le point de vue des freaks, les hommes devenant pour la plupart des pervers narcissiques avides de destruction et de pouvoir, Nightbreed gagne ici une violence et une poésie baroque à peine effleurées en 1990, de même qu’un érotisme et des accents romanesques inespérés. Beaucoup mieux rythmé et construit que le Cabal Cut, le DC est donc bien l’événement cinéphilique attendu, que célèbrent un excellent making of de 75 minutes, une rétrospective sur les effets spéciaux du film et surtout un commentaire audio de Barker, visiblement fier de présenter une vision qu’il croyait condamnée à l’oubli.
Alexandre PONCET
Alien Coffret 35ÈME anniversaire
Zone B. FPE.
Pour la troisième fois déjà, la saga ALIEN revient dans un luxueux coffret Blu-ray. Quels arguments la Fox a-t-elle bien pu trouver pour inciter les fans à repasser à la caisse ?
Il était clairement difficile de faire plus complet, d’un point de vue éditorial, que le box « anthologie » produit par Charles de Lauzirika il y a presque quatre ans. Et comme on pouvait s’y attendre, ce sont bien les mêmes six disques qui sont rassemblés ici, forts de leurs montages alternatifs, de leurs commentaires audio et pistes musicales isolées, de l’excellent mode MU-TH-ER, de making of de près de quatre heures pour chaque film, de longs documentaires rétrospectifs et d’archives rendant hommage aux antiques LaserDiscs et DVD. On s’étonnera en revanche de ne voir ici aucune trace de Prometheus, pourtant inclus dans sa version trois disques (3D et bonus) au sein d’un autre coffret 35 ans, sortant simultanément au Pays du Soleil Levant. Un choix particulièrement incompréhensible et flattant bêtement les arguments des détracteurs du film, à l’heure où les rumeurs autour d’une suite se font de plus en plus insistantes (aux dernières nouvelles, le scénario serait même achevé).
Sur le fond, le box permet aux non-initiés, ou à ceux qui auraient oublié de se procurer les éditions précédentes, de se replonger dans les secrets d’une saga légendaire sans les désagréments d’un discours policé. Les suppléments réalisés par Lauzirika sont ainsi toujours des cas d’école à la fois dans leur pointillisme et dans le décryptage sans langue de bois des tenants et aboutissants d’une grosse production de major, les partis pris esthétiques ou narratifs du réalisateur devant s’adapter aux notes et aux mémos parfois farfelus des pontes du studio. Présenté dans sa version intégrale, le making of d’Alien 3 retrace ainsi sans oeillères un tournage sous haute pression, où s’affronteront quotidiennement David Fincher et le futur producteur d’Avatar, Jon Laudau. Si l’édition spéciale d’Aliens le retour vaut son pesant d’or, de même que son master corrigeant enfin la photo un peu télévisuelle des précédents DVD, c’est également Alien 3 qui sort le plus grandi de sa version longue, ses 23 minutes restaurées modifiant considérablement l’expérience, thématiquement parlant. Ce fourmillement éditorial déjà connu, l’éditeur a choisi de l’envelopper ici dans un nouvel écrin, pensé pour honorer la mémoire du génial H.R. Giger. Passé un contenant au carton fragile, on a ainsi droit à une sélection de cartes postales reproduisant les concepts originaux du maître, accompagnées d’affichettes de chacun des quatre épisodes (dommage que celle du 3 soit le Poster A ; le B, avec son Alien vert recroquevillé sur lui-même, aurait été d’un meilleur goût) et surtout de l’intégralité de la bande dessinée du film au format A5, telle qu’elle était sortie en 1979. Des goodies bienvenues, mais bien insuffisantes pour quiconque possédant déjà le collector de 2011.
Alexandre PONCET
Monster Boy Hwayi
de Jang Joon-Hwan
Zone B. Wild Side.
Le responsable du dément SAVE THE GREEN PLANET ! revient avec un croisement entre ANIMAL KINGDOM et un DANNY THE DOG qui aurait eu son bac option philo.
Putain, onze ans ! Onze ans que Jang Joon-hwan a déphasé les neurones d’une poignée de cinéphages avec son Save the Green Planet !, thriller social/polar/comédie fantastique qui s’était imposé comme l’une des productions les plus audacieuses de la nouvelle vague coréenne du début des années 2000. Depuis, plus rien, si ce n’est un sketch pour l’omnibus Camellia en 2010, soubresaut discret qui laissait espérer un retour au format long. Retour qui s’est concrétisé l’année dernière avec l’annonce de l’énigmatique Monster Boy Hwayi. Le Hwayi en titre est un tout petit garçon kidnappé par un gang de braqueurs formant une famille aussi soudée que fucked up. Lorsque la récupération de la rançon tourne mal, les malfaiteurs décident de garder l’enfant et de l’élever comme leur propre fils. Une quinzaine d’années plus tard, Hwayi est devenu un jeune homme timide et inoffensif. Du moins à première vue, puisque ses « papas » l’ont formé à toutes les formes de combat. Ce qui lui sera bien utile lorsqu’il découvrira la vérité sur ses origines…
Si le pitch de Monster Boy Hwayi est sur le papier un tantinet moins barré que celui de Save the Green Planet !, le nouveau Jang Joon-hwan partage avec son aîné des qualités inestimables : une capacité à jongler aisément avec les tons les plus divers et une mise en scène sensitive alternant intimisme et virtuosité avec une profonde délectation dans le maniement de l’outil cinéma. Du gore à l’action en passant par l’onirisme horrifique et le mélo, Monster Boy Hwayi balaie avec cohérence un large spectre pour disserter sur le déterminisme moral, l’éducation, les relations père-fils, les liens du sang et ceux du coeur. Et comme dans Save the Green Planet !, Jang sait rester maître de son bouillant pur-sang de celluloïd, canalisant intelligemment son énergie et évitant les nombreux pièges qui auraient pu lui nuire en gardant constamment en ligne de mire la nature duale de ses personnages. Celle-ci devient ainsi l’unique moteur du récit, comme en témoigne la belle bande de psychos que sont les pères de substitution de Hwayi, chacun projetant en l’enfant un héritage biaisé par son amour et ses propres failles. Des notions indispensables à l’implication émotionnelle du spectateur, et que le réalisateur fait passer grâce à [...]
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