DRESS TO KILL

In Fabric

In Fabric, le nouveau long-métrage de Peter Strickland, ouvre ses univers fétichistes repliés sur eux-mêmes vers un ailleurs foisonnant. En un savoureux pied de nez à l’austérité de ses débuts, le réalisateur de The Duke of Burgundy s’autorise même une lampée d’humour.

Le cinéma de Peter Strickland vient de loin. Plus précisément, de cette tendance d’un certain cinéma d’auteur européen manufacturé pour les festivals de prestige, dans des laboratoires d’écriture où les mêmes recettes se répètent ad nauseam : forme austère, dolorisme, scènes-chocs pour réveiller l’attention… Faites donc du proto Lars von Trier, vous aurez toutes les chances de vous faire remarquer à peu de frais. La sécheresse du premier long-métrage de Peter Strickland, Katalin Varga (2009), fait d’ailleurs parfois penser au Medea réalisé par l’impayable Lars en 1988 pour la télévision danoise. Ce micro budget, entièrement financé de la poche de Strickland à la suite d’un héritage, tourné dans les Carpates avec un casting exclusivement roumain, se pose là côté folle ambiance de déglingo. Il y règne un climat rugueux, à l’extrême limite de la parodie de drame rural des pays de l’Est tourné par un nouveau venu qui penserait bien faire. Un élément ressort néanmoins : ce travail acharné sur le son, si caractéristique du cinéma de Strickland. Ce dernier attache le plus grand soin à construire un univers entier sur la base du mixage saturé de ses bruitages et de ses silences, en écho dissonant à la narration, pour finir par la contaminer totalement. Un élément qui se retrouvera sans surprise au centre du dispositif cinématographique de Berberian Sound Studio (2012), son premier vrai budget – rangez le goudron et les plumes, on n’est pas chez Marvel non plus, en dépit de la présence d’un Toby Jones fraîchement sorti du plateau du premier Captain America



VARIATIONS SUR LE HUIS CLOS
Contre toute attente, Strickland ne rejoint pas la docte bannière de Yorgos Lanthimos et autres peine à jouir sans entraves, mais plutôt celle des grands formalistes biberonnés au cinéma de genre apparus [...]

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