DOSSIER TARZAN
1916/1928
ELMO LINCOLN & CIE
Il n’aura pas fallu longtemps pour que le cinéma s’empare de Tarzan. Le premier roman d’Edgar Rice Burroughs paraît en 1912 et, six ans plus tard, Elmo Lincoln interprète déjà le héros dans Tarzan chez les singes de Scott Sidney. Il n’est pourtant pas le premier choix : le premier comédien recruté, le réserviste Stellan Windrow, a été contraint de partir pour le front ! Malgré un vertige handicapant et une nervosité qui l’amènera à tuer au poignard un vieux lion édenté et drogué, Elmo Lincoln donne satisfaction. Il retrouve le rôle dans Le Roman de Tarzan (Wilfred Lucas, 1918), puis dans Les Dernières aventures de Tarzan (Robert F. Hill et Scott Sidney, 1921). Soumis à d’autres obligations, il devra renoncer au rôle à deux reprises mais apparaîtra furtivement, dans la peau d’autres personnages, dans Les Aventures de Tarzan à New York (Richard Thorpe, 1942) et dans Tarzan et la fontaine magique (Lee Sholem, 1949).
Elmo Lincoln laisse d’abord Tarzan au pompier Gene Pollar, qui fait si mauvaise impression dans Le Retour de Tarzan (Harry Revier et George M. Merrick, 1920) qu’il réintègre fissa sa caserne. Place à un chanteur d’opéra sportif du nom de P. Dempsey Tabler, pour The Son of Tarzan (Arthur J. Flaven et Harry Revier, 1920). Plutôt que de persévérer, il se reconvertira dans les affaires, où il fera fortune. Arrive alors James Pierce, comédien qu’Edgar Rice Burroughs remarque lors d’une garden-party. Il lui donne non seulement le rôle de Tarzan dans Tarzan and the Golden Lion (J.P. McGowan, 1927), mais aussi sa fille en mariage. Au début des années 30, le couple prête d’ailleurs sa voix à Tarzan et Jane Porter dans un feuilleton radiophonique. À l’écran, le champion de gymnastique Frank Merrill prend la relève dans Tarzan the Mighty (Jack Nelson et Ray Taylor, 1928) et Tarzan the Tiger (Henry MacRae, 1929). Un coup de chance pour ce cascadeur (qui doubla Elmo Lincoln dans Les Dernières aventures de Tarzan) puisque l’acteur prévu, l’Hercule de foire Joe Bonomo, se fracture la jambe peu avant.
1932/1948
JOHNNY WEISSMULLER
Plutôt que la star Clark Gable, la Metro Goldwyn Mayer préfère confier le rôle de Tarzan à un inconnu pour la première incursion du personnage dans le cinéma parlant. Johnny Weissmuller n’est cependant pas tout à fait un quidam. Cinq fois médaillé d’or olympique de natation, en 1924 et 1928, il passe ensuite des bassins aux studios photo en signant un contrat de mannequin et de VRP de luxe pour les sous-vêtements BVD. Engagé après avoir été suggéré par le scénariste Cyril Hume, qui le remarque dans la piscine de son hôtel, Johnny Weissmuller tournera douze Tarzan, tous aux antipodes du personnage d’Edgar Rice Burroughs : Tarzan l’homme singe (W.S. Van Dyke, 1932), Tarzan et sa compagne (Cedric Gibbons, 1934), Tarzan s’évade (Richard Thorpe, 1936), Tarzan trouve un fils (Richard Thorpe, 1939), Le Trésor de Tarzan (Richard Thorpe, 1941), Les Aventures de Tarzan à New York (Richard Thorpe, 1942), Le Triomphe de Tarzan (Wilhelm Thiele, 1943), Le Mystère de Tarzan (Wilhelm Thiele, 1943), Tarzan et les amazones (Kurt Neumann, 1945), Tarzan et la femme léopard (Kurt Neumann, 1946), Tarzan et la chasseresse (Kurt Neumann, 1947) et, enfin, Tarzan et les sirènes (Robert Florey, 1948). Il était grandement temps car, à 44 ans, l’acteur a pris beaucoup de poids. Si, dans la foulée, Johnny Weissmuller capitalise sur son vedettariat en incarnant Jungle Jim dans un registre similaire, sa carrière ne fera que décliner, plombée par une vie privée rythmée par des divorces à répétition qui lui coûtent une grande partie de sa fortune de deux millions de dollars. Devenu un mythe, il doit pourtant se résoudre à refaire le VRP, cette fois pour un fabricant de piscines. Il accepte ensuite un poste d’accueil des clients au Caesars Palace, à Las Vegas. À 70 ans, malade, Johnny Weissmuller rend son dernier souffle, le 20 janvier 1984, à Acapulco. Là où il avait tourné son dernier Tarzan.
1933
BUSTER CRABBE
Champion olympique de natation en 1932, Buster Crabbe incarne d’abord un faux Tarzan avant d’enfiler le slip du vrai homme-singe. Le faux a pour nom Kaspa the Lion Man, héros de King of the Jungle (H. Bruce Humberstone et Max Marcin, 1933). Quelques mois plus tard, il est au générique des Nouvelles aventures de Tarzan l’intrépide, un serial en douze épisodes de Robert F. Hill. Quoi qu’assez convaincant, il se voit éclipsé par Johnny Weissmuller. Buster Crabbe se consolera en interprétant nombre de héros : Buck Rogers, Flash Gordon, Billy the Kid (dans 36 séries B !) et aussi Thunda, un autre Tarzan de contrefaçon, dans King of Congo (Spencer Gordon Bennet et Wallace Grissell, 1952).
1935
HERMAN BRIX
Choisi par Edgar Rice Burroughs, Herman Brix aurait certainement incarné Tarzan à la place de Johnny Weissmuller s’il ne s’était pas fracturé l’épaule sur le plateau de Touchdown. Médaille d’argent au lancer de poids aux Jeux olympiques de 1928, il bénéficie d’une deuxième chance quand le romancier et le producteur Ashton Dearholt fondent Burroughs-Tarzan Enterprises et lui confient le rôle à l’occasion des treize épisodes du serial Les Nouvelles aventures de Tarzan (Edward A. Kull, 1935). Herman Brix incarne le héros tel qu’il a été conçu sur le papier : distingué. Première réplique : « Oui, je suis Tarzan, également connu sous le nom de Lord Greystoke. Comment pourrais-je vous être utile ? ». Succès mesuré, mais Tarzan est de ces personnages qui marquent au fer rouge. « Quand j’ai auditionné pour autre chose, on m’a annoncé qu’on ne pouvait pas m’engager, parce que le public pensait qu’un acteur qui incarne Tarzan n’en est pas vraiment un. Voilà pourquoi, j’ai changé de nom, je suis devenu Bruce Bennett », juste après avoir joué Kioga, l’un des nombreux avatars du personnage d’Edgar Rice Burroughs, dans Les Vautours de la jungle (John English et William Witney, 1938).
1938
GLENN MORRIS
Médaille d’or (remise par Eva Braun !) du décathlon lors des Jeux olympiques de Berlin en 1936, Glenn Morris compte parmi les athlètes américains que Leni Riefenstahl filme pour le documentaire propagandiste Les Dieux du stade. La cinéaste du Reich assure même avoir eu une liaison avec lui ! Durant sa carrière d’acteur, Glenn Morris n’a pratiquement tenu qu’un rôle : celui du héros d’Edgar Rice Burroughs dans La Revanche de Tarzan (D. Ross Lederman, 1938). Encore que le producteur Sol Lesser hésite longtemps entre le médaillé olympique et Lou Gehrig, un as du baseball dont il juge les « jambes plus fonctionnelles que décoratives. » Un critère en faveur de Glenn Morris sur lequel les critiques tombent à bras raccourcis, lui faisant passer l’envie de persister. Il sera ensuite joueur de football, agent d’assurances, soldat pendant la Seconde Guerre mondiale, ouvrier métallurgiste pour la Commission de l’Énergie Atomique et caissier de parking.
1949/1953
LEX BARKER
Blessé lors du débarquement allié en Sicile, le major Lex Barker n’en demeure pas moins assez vaillant pour pratiquer intensivement la gymnastique et pouvoir ainsi prétendre à la succession de Johnny Weissmuller dans le rôle de Tarzan, un personnage pour lequel sa grande taille (1m93), problématique pour d’autres rôles, se révèle un atout. Il l’interprètera dans successivement T [...]
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