Dossier post-apo et japanimation

Si le terme « post-apo » évoque irrémédiablement MAD MAX et ses avatars bis ritals et yankees, le Japon est pourtant le pays qui a offert au genre une diversité de ton et de traitement jamais vue ailleurs et ce, grâce à la magie de l’animation.
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Quel autre pays que le Japon pouvait fournir un terreau fertile à l’imaginaire post-atomique ? Des bombes lâchées sur Hiroshima et Nagasaki à l’accident de Fukushima, le Pays du Soleil Levant a évolué depuis 80 ans dans l’ombre de la menace nucléaire et de ses catastrophes horriblement réelles. Si le cinéma s’en est fait l’écho via Godzilla, c’est surtout l’animation qui a investi le genre post-nuke, que ce soit en réponse aux angoisses de quelques auteurs ou pour illustrer ce que pourrait être le monde de demain en extrapolant sur les dysfonctionnements de celui d’aujourd’hui. Bienvenue dans la japanime post-apo.

 

SAMOURAÏ MAX ?

Lorsqu’on accole les deux termes (japanime et post-apo, donc), une chanson résonne immédiatement à nos oreilles : « KEN ! survivant de l’enFEEEER ! » Popularisée par le Club Dorothée à la fin des années 80, marquée du sceau de l’infamie suite à des accusations d’ultraviolence, la série animée Ken le survivant (1986), tirée du manga de Buronson et Tetsuo Hara et produite par Toei Animation, est évidemment l’un des rejetons les plus célèbres de Mad Max 2 : le défi. Paysages poussiéreux, hordes de barbares aux tendances cuir/clous, héros mutique… Tout y est. Hâtivement résumé à ses explosions de têtes et ses bruitages « bruceleeiens », Ken le survivant propose sur la longueur un vrai récit chevaleresque avec affrontement entre frères ennemis issus de la même école d’arts martiaux. Une façon de plier un matériau universel à une sensibilité plus asiatique et d’offrir à cette série d’une folle générosité bis un vrai souffle romanesque trop souvent occulté. Les trois OAV Violence Jack, dont la première est elle aussi sortie en 1986, ne s’embarrassent pas de telles afféteries. Dans un monde ravagé par une catastrophe inexpliquée règnent des gangs motorisés assoiffés de sexe et de sang. Un colosse nommé Violence Jack surgit alors des tréfonds de la Terre pour châtier les ordures qui se repaissent des faibles de la façon la plus brutale qui soit… Sorti de l’imagination fertile du génial Go Nagai (Goldorak, Devilman), Violence Jack apparaît comme une sorte de Max Rockatansky primal évoluant dans un univers sombre et désespéré (la version non censurée des OAV contient son lot de sévices sexuels qui raviront les esthètes). Sa naissance est pourtant antérieure à celle du héros de George Miller, puisque le manga original de Nagai est paru pour la première fois au Japon en 1973. Ce qui, a priori, fait du féroce géant le grand-père de tous les justiciers post-apocalyptiques. Un mythe fondateur, en quelque sorte, dont on ne serait pas surpris que Miller ait eu connaissance avant d’imaginer Mad Max 2 (il est d’ailleurs amusant de constater que Go Nagai a illustré un « movie program » de Mad Max lors de la sortie du film au Japon).

 

LE VENT DU FUTUR

Entre l’Histoire du pays et le précurseur Violence Jack, le lien entre le Japon et le post-apo est donc incontestablement puissant. C’est sans doute ce qui a très tôt permis à l’industrie de l’animation et à ses auteurs de s’emparer du genre pour le soumettre à des sensibilités très diverses. En 1978, la chaîne NHK diffuse Conan, le fils du futur, une série concoctée au sein du studio Nippon Animation par un certain Hayao Miyazaki. On y suit les aventures d’un garçon à la force peu commune qui, après une guerre ayant causé l’immersion d’une grande part des terres habitables, s’oppose à un tyran décidé à devenir le maître de ce nouveau monde. Dès ses premiers pas en tant que réalisateur, le papa de Totoro arbore ses préoccupations écologiques et idéologiques à travers un récit à la fois naïf et inquiétant, où la destruction de la civilisation n’est pas qu’un cadre narratif mais bie [...]

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