Doctor Who – Saison 11 de Chris Chibnall

Doctor Who change de peau et laisse voir sa régénération tous les jeudis soirs sur France 4, vers 22h20, quelques jours à peine après la diffusion anglaise. Un nouveau départ synonyme de bouleversements majeurs, parmi lesquels l’arrivée d’une actrice dans le rôle-titre.
Array

Et si Jodie Whittaker n’était qu’un leurre ? Un bon vieux stratagème pour détourner notre attention, alors qu’en coulisse, des choses bien plus définitives se manigancent ? Après 55 années d’aventures et un statut de mythe international, Doctor Who avait besoin d’être profondément repensé. Dans un paysage audiovisuel surchargé où les diffuseurs dépensent des centaines de millions de dollars dans de luxueuses versions télé du Seigneur des Anneaux (prochainement sur Amazon), de Star Trek (CBS All Access) ou encore de Watchmen (l’année prochaine sur HBO), le Docteur vieillissait doucement mais sûrement. La BBC ne pouvait rester inactive : si « rebooter » totalement la licence était hors de question, lui donner un bon coup de jeune semblait salutaire.
Après tout, la méthode avait parfaitement fonctionné en 2005 : après seize ans d’absence (hormis un téléfilm), la série était relancée avec une toute nouvelle équipe, des professionnels jeunes et talentueux, fans de la première heure. Une suite débarrassée des parties les plus complexes de sa mythologie (les Seigneurs du Temps ont disparu lors d’une guerre temporelle) et un héros à nouveau libre de voyager dans son Tardis (son vaisseau plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur). Mais après dix saisons, la série tourne à nouveau en rond, faisant sans cesse référence à son passé, devenant souvent trop complexe pour le téléspectateur novice.



Afin de retrouver la fraîcheur des débuts, la BBC confie aujourd’hui son vaisseau amiral au scénariste/producteur Chris Chibnall. Pas vraiment une pièce rapportée : le bonhomme a déjà écrit cinq épisodes de la série sous les règnes de Russell T. Davies puis Steven Moffat, avant d’être le showrunner des deux premières saisons du spin-off Torchwood. Il confiera à David Tennant, dixième interprète du Docteur, le rôle principal de sa série policière Broadchurch dont le succès monstre (la série est adaptée aux États-Unis et en France) permet à Chibnall de passer à l’échelon supérieur. Mais le nouveau showrunner ne fait pas de sentiments : il souhaite du sang neuf et sera le seul vétéran à bord ! Aucun des cinq scénaristes et des quatre réalisateurs de cette nouvelle saison n’ont auparavant travaillé sur Doctor Who. La photographie est plus sophistiquée et lumineuse que durant l’ère Moffat. Pilier de la série depuis 2005, le compositeur Murray Gold est remplacé par Segun Akinola. Comme souvent, le Docteur est entouré de nouveaux compagnons, et le Tardis a droit à un lifting. Pour ouvrir le show à un nouveau public, Chibnall promet qu’aucun ancien méchant ne reviendra. Et comme en 2005, le premier épisode (The Woman Who Fell to Earth) débute du côté des nouveaux compagnons du Docteur, qui devra leur expliquer (ainsi qu’aux spectateurs, donc) son univers. Cette onzième saison reprend habilement les thèmes récurrents de la série : le premier épisode fait apparaître une menace dans la vie quotidienne (un émule de Predator qui se greffe les dents de ses victimes sur le visage !), l’épisode 2 nous emmène sur une spectaculaire planète extraterrestre et le troisième va à la rencontre d’un personnage historique (Rosa Parks), référence aux velléités éducatives des débuts de la série.



Face à tous ces chamboulements, faire du Docteur une femme n’a rien de déstabilisant. Après tout, le personnage est un extraterrestre âgé de plusieurs milliers d’années, alors tout est possible ! L’idée avait déjà été envisagée dans les années 80, et des Seigneurs du Temps féminins ont déjà fait leur apparition depuis. Avec Jodie Whittaker, Doctor Who se dote d’une comédienne née pour le rôle. Habituée à des oeuvres dramatiques, l’actrice a brillé en mère endeuillée dans Broadchurch, mais aussi en girl next door dynamique dans Attack the Block. Sa franchise face à la controverse rance qu’a entraînée l’annonce de son casting fait plaisir à entendre : « Si l’on doute de ma qualification pour tenir ce rôle, alors c’est aussi le cas pour David Tennant et Peter Capaldi : à moins d’avoir deux coeurs et de venir de Gallifrey, personne n’est qualifié ! » a-t-elle lancé à nos confrères britanniques du magazine Radio Times. Dans ses premiers épisodes, son Docteur fait preuve d’un regard émerveillé depuis trop longtemps oublié. À la fois pétillante et autoritaire, elle imprime un véritable dynamisme à ce personnage mythique. Sans toucher aux fondements, sans effacer le passé, Chris Chibnall a donc parfaitement réussi à repenser la série de fond en comble.





INTERVIEW CHRIS CHIBNALL
PRODUCTEUR EXCUTIF & SCNARISTE

Vous aviez déjà écrit plusieurs épisodes de la série par le passé. Maintenant que vous êtes showrunner, qu’est-ce qui a changé ?

Beaucoup de choses ! (rires) Déjà, je dois écrire beaucoup plus d’épisodes. Le bonheur dans tout ça, c’est de pouvoir imaginer une idée générale pour la saison, un arc narratif pour les personnages et pour le nouveau Docteur. C’est une différence de taille ! Évidemment, je suis maintenant impliqué dans le montage, dans le choix de l’équipe de production… Je travaille directement avec tous les départements : les costumes, les décors, la musique… Là aussi, c’est un énorme changement ! L’une des caractéristiques de [...]

Il vous reste 70 % de l'article à lire

Ce contenu éditorial est réservé aux abonnés MADMOVIES. Si vous n'êtes pas connecté, merci de cliquer sur le bouton ci-dessous et accéder à votre espace dédié.

Découvrir nos offres d'abonnement

Ajout d'un commentaire

Connexion à votre compte

Connexion à votre compte