DARK CRYSTAL : LE TEMPS DE LA RÉSISTANCE de Jeffrey Addiss, Will Mathews & Louis Leterrier

Trente-sept ans après la sortie du film de Jim Henson et Frank Oz, l’univers de Thra reprend vie sur nos écrans. Mise en images par le Français Louis Leterrier, la première saison de Dark Crystal : le temps de la résistance est désormais visible sur Netflix. Il y a plus d’un an, nous étions sur les lieux de tournage…
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16 mai 2018 : en compagnie d’un petit groupe de journalistes venus des quatre coins de l’Europe, nous nous rendons dans la banlieue ouest de Londres. Direction le Langley Business Centre, une petite zone de bureaux anonyme qui fait face à un lycée. Sur le parking, nous repérons assez vite un panneau signalant les locaux de « Fast Live Productions », le show de cascades inspiré des blockbusters mécaniques rapides et furieux. Mais nous ne sommes pas là pour ça : nous venons assister, près de quinze mois avant son lancement sur Netflix, à la résurrection de Thra, l’univers imaginé il y a plus de trois décennies par feu Jim Henson.
Dans les couloirs, des dessins de production ornent les murs et des employés portent des gilets jaunes (non, pas ceux-là…) qui arborent fièrement le logo Dark Crystal. L’histoire d’amour entre la Jim Henson Company et la Grande-Bretagne date du milieu des années 70. Le marionnettiste américain s’y installe à l’époque pour tourner son Muppet Show après être parvenu à convaincre le mogul britannique Lew Grade (Le Saint, Le Prisonnier, Cosmos 1999…) de financer l’aventure. « Jim Henson était très aimé en Angleterre » nous confirme Brian Froud, le concepteur visuel du Dark Crystal de 1982, qui reprend du service sur la série. « Il adorait être ici. Il aimait le mysticisme des paysages anglais, avec leurs sites sacrés. » Henson y tourne ensuite tous ses films. « Je réside actuellement dans la maison que nous avions à l’époque » nous révèle sur place sa fille Lisa Henson, l’actuelle PDG de la Jim Henson Company. « On a gardé son bureau en l’état, avec les dessins de Brian Froud et les cassettes Umatic du Muppet Show. La préproduction du film Dark Crystal se passait dans l’ancien « creature shop », sur le trottoir d’en face. Il y passait tous les soirs en revenant du tournage de La Grande aventure des Muppets. Il travaillait 24 heures sur 24. » 



L’HÉRITAGE HENSON
Malgré le décès prématuré de Jim Henson en 1990 à l’âge de 53 ans, ses créations lui ont survécu. Si les Muppets ont rejoint l’écurie Disney, les Gelflings, Skeksis (Skèksès en VF) et Podlings de Dark Crystal sont restés propriété de la famille. Le montage d’extraits inédits qui nous est projeté au début de notre visite nous rassure : la série préquelle Dark Crystal : le temps de la résistance réutilise bien les techniques de marionnettes du long-métrage de 1982. « Au départ, nous étions terrifiés car nous devions non seulement créer quelque chose de nouveau qui soit dans l’esprit du film, mais notre création devait également reprendre fidèlement le look du film ! » s’amuse maintenant Brian Froud. Au moment de notre visite, l’équipe entame son 99e jour de tournage, et s’apprête à entamer le dernier tiers du planning. Soixante-cinq décors ont été érigés sur les deux plateaux qu’occupe la production, et plus de 150 créatures auront défilé devant l’objectif de Louis Leterrier, qui réalise l’intégralité de la saison.
À l’étage, nous passons devant le bureau des scénaristes (décoré avec un poster du Nosferatu millésime Werner Herzog !). « Nous avons d’abord travaillé avec une writers’ room traditionnelle à Los Angeles, avec laquelle nous avons écrit les dix épisodes » nous explique le scénariste Jeffrey Addiss, également auteur du pilote avec son comparse Will Matthews. « Puis nous sommes venus ici pour les réécritures. » Addiss, Matthews et l’expérimenté Javier Grillo-Marxuach sont donc sur place tout au long du tournage, modifiant les scénarios en fonction des contraintes des marionnettes mais aussi de certaines possibilités insoupçonnées découvertes au fil du tournage. « Au début on se demandait si les marionnettes pourraient exprimer des émotions complexes. Mais en fait, il s’est avéré que la question la plus compliquée a été : « Une marionnette peut-elle attraper une fourchette ? » » se souvient en rigolant Grillo-Marxuach. 



FICELLES ET 3D
Ces marionnettes ont été confiées à un autre héritier : non content d’être le fils de Brian et Wendy Froud (qui avait, elle, travaillé sur la fabrication des Gelflings), Toby Froud a démarré sa carrière en incarnant le bébé du film Labyrinthe ! Aujourd’hui responsable des créatures et costumes du Temps de la résistance, il travaille avec John Nolan, le superviseur du « creature shop ». Ils nous font visiter le centre névralgique de la production, où s’affairent des dizaines de personnes (dont Wendy) en train de concevoir et réparer les marionnettes. Des dizaines de Gelflings en mousse de latex s’étalent devant nos yeux, preuve de la variété des sept clans présents dans la série. « Les marionnettes sont le moteur de la série » confirme Froud. « On en fait le plus possible, même quand un personnage était au départ envisagé en images de synthèse. On le construit en vrai pour qu’il puisse interagir avec les autres marionnettes. On obtient ainsi une réaction émotionnelle devant la caméra qu’il serait impossible d’obtenir en CGI. » Froud et Nolan nous présentent ainsi Lore (« Lueur » en VF), un personnage rocheux à taille humaine qui apparaît à partir de l’épisode 4. La créature était censée être virtuelle, mais les deux compères ont récupéré le modèle informatique puis l’ont fabriqué en taille réelle à l’aide d’une imprimante 3D. Lore est désormais animé par un marionnettiste v&ecir [...]

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