Cold Skin de Xavier Gens

Cold Skin

Qu’on se le dise, la distribution cinématographique et les lois du marché dictées à la fois par les studios et le grand public n’ont plus aucun sens. Difficile de ne pas être aussi alarmiste lorsqu’un film de la qualité de Cold Skin doit se contenter, en guise de première exploitation française, d’une diffusion sur Canal+ et d’un mois de disponibilité en VOD. En attendant le Blu-ray en janvier prochain, cette « sortie » française nous permet au moins de décrypter cette fausse série B transcendée par un bagage littéraire inattendu.

1914. Friend (David Oakes), un météorologiste qui fuit visiblement la guerre, est débarqué sur une île de l’Antarctique avec pour mission d’étudier les caprices du temps. Sur place, il doit cohabiter avec Gruner (Ray Stevenson), un vieux misanthrope qui va lui apprendre à survivre aux assauts nocturnes de mystérieuses créatures amphibiennes… Alors que la plupart des films fantastiques actuels se nourrissent de pop culture de façon presque consanguine, Cold Skin brandit des références pour le moins rafraîchissantes. Bien sûr, les fans du Continent des hommes poissons et de L’Étrange créature du Lac noir trouveront de quoi se délecter dans un genre trop rare, mais Gens refuse catégoriquement de s’adonner au postmodernisme. De fait, les maîtres à penser de Cold Skin sont, pour la plupart, décédés depuis en moyenne un siècle. À James George Frazer, cité par le personnage de David Oakes, l’auteur emprunte une démarche anthropologique très factuelle, décrivant les créatures de l’île comme un peuple aux coutumes et aux rites structurés et précis. La mise en scène participe à cette lecture classique : de nombreux plans évoquent des gravures tirées des récits de Robert Louis Stevenson (dont les romans L’Étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde et Le Voleur de cadavres ont droit à un caméo à l’écran), Daniel Defoe (Robinson Crusoé), Jules Verne (Vingt mille lieues sous les mers) ou Herman Melville (Moby Dick). Le héros, debout sur un mont rocheux, observant un bateau à l’horizon alors que des rayons percent un ciel nuageux ; des coquillages étrangement ordonnés découverts sur une plage déserte ; une exploration sous-marine dans un scaphandre obsolète… Dans ses meilleurs moments, le film renvoie autant au travail de Walter Paget qu’à celui de Gustave Doré.



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