Cinéphages n°332

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WEDDING NIGHTMARE
Ready or Not. 2019. USA. Réalisation Tyler Gillet & Matt Bettinelli-Olpin. Interprétation Samara Weaving, Mark O’Brien, Andie MacDowell… Sorti le 28 août 2019 (20th Century Fox France).
Après deux incursions dans le found footage (V/H/S et The Baby) puis une participation à l’excellent omnibus 666 Road, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett continuent de tracer leur chemin dans la série B horrifique à tendance « maline ». Comme son titre « français » l’indique, Wedding Nightmare s’attache au calvaire vécu par une jeune femme le jour même de son mariage. Et vous connaissez l’adage : « Pour le meilleur et pour le pire »… Ici, ce sera surtout le pire : la belle famille fortunée obéit à des coutumes post-noces très particulières. Si le postulat de départ est intrigant et la mise en place efficace, le film peine à décoller, faute de véritable parti pris tonal. Goguenard mais jamais méchant, ce survival sur fond de lutte des classes n’a ni la pertinence du discours social d’un Get Out ni la vivacité gore d’un You’re Next. En l’état, Wedding Nightmare reste constamment le cul entre deux chaises, trop sérieux pour être apprécié comme un plaisir B et trop B pour être pris au sérieux. Mais le film gagne de justesse son statut d’honnête divertissement estival grâce à un rythme soutenu et un twist final sanglant, soit deux raisons suffisantes pour se laisser mettre la bague au doigt par la belle et convaincante Samara Weaving. Sa mutation en final girl symbolise ici l’émancipation salvatrice des moeurs sociales nauséabondes pour lesquelles elle s’apprêtait à signer, avant de se raviser et d’effacer les hypocrites sourires bourgeois à grands coups de chevrotine… « Pour le pas pire », donc.

A.Z.




GIRLS WITH BALLS
2018. France. Réalisation Olivier Afonso. Interprétation Manon Azem, Camille Razat, Denis Lavant… Disponible en SVOD (Netflix).
La dernière fois que des cadors des SFX à la française sont passés derrière la caméra, cela a débouché sur Humains, le film qui a lui seul pourrait résumer l’Histoire mondiale du nanar. Près de dix ans après l’affront, une autre légende nationale du latex se lance dans l’aventure du premier long avec le bien nommé Girls With Balls. Inutile de vous (re)présenter Olivier Afonso, responsable des effets spéciaux d’un paquet de chefs-d’oeuvre (Livide, Aux yeux des vivants, Leatherface…) qui tente ici un dangereux numéro d’équilibriste entre horreur et humour, avec ce pitch qui voit une équipe de volleyeuses traquées dans les bois par des péquenots mutiques. Alors oui, le résultat n’est pas au niveau d’un Bad Taste, mais Afonso, peu aidé par un budget famélique et un planning serré, s’en sort avec les honneurs. Porté par un casting bien dirigé (les « Girls » assurent, Artus est bien plus drôle ici que sur TF1), des gags régressifs etdes guests costauds, Afonso emballe avec le sourire le film idéal pour votre prochaine soirée pizza/binouzes. Merci patron.

A.B




PROMARE
2019. Japon. Réalisation Hiroyuki Imaishi. Interprétation (voix VO) Ken’ichi Matsuyama, Ayane Sakura, Hiroyuki Yoshino… Sorti le 31 juillet 2019 (Eurozoom).
Comme si la canicule ne suffisait pas, cet animé a mis le feu aux écrans cet été. Déjà, l’histoire : la Terre ayant été naguère réduite en cendres par des mutants incendiaires, des super-pompiers veillent, avec leurs drôles de machines, à empêcher le retour des derniers renégats pyromanes. Mais ils vont bientôt découvrir que le nouvel ordre planétaire cache un complot d’envergure, et que les méchants ne sont peut-être pas si mauvais que ça… Ce scénario est bien mené, et surtout il est le prétexte à un traitement formel assez inouï, bousculant sans cesse les règles de la perspective : extrême stylisation des décors, différentes échelles d’image emboîtées dans un même plan, mouvements passant sans transition d’un espace à un autre, etc. Loin d’être de simples coquetteries, ces procédés accèdent à la virtuosité, voire à un authentique délire visuel. Et le plus fort, c’est que le spectateur n’est jamais largué, grâce à une très belle idée, celle de faire prospérer le chaos à partir d’un code graphique très élémentaire et immédiatement reconnaissable par le public : des triangles rouges pour les flammes, des carrés blancs pour les trombes d’eau lancées par les méchas des super-pompiers. À n’en pas douter, Promare comptera parmi les meilleurs animés de l’année.

G.E.




THE WIND
USA. 2018. Réalisation Emma Tammi. Interprétation Caitlin Gerard, Julia Goldani Telles, Ashley Zukerman… Disponible en VOD.
Fin du XIVe siècle. Lizzy (Caitlin Gerard) et son mari Isaac (Ashley Zukerman) vivent seuls dans les étendues désertes du grand Ouest, jusqu’à l’arrivée d’un jeune couple, Emma (Julia Goldani Telles) et Gideon (Dylan McTee), qui s’installent dans une bicoque non loin. Mais Lizzy sait que la nuit, une présence rôde, qui va bientôt transformer leur vie en cauchemar… Parfois, il manque juste un truc. On peut disposer d’un décor ultra cinégénique, de solides comédiens, d’une chef-op’ capable de délivrer des images envoûtantes, et même d’un indéniable talent de conteur (la structure en flashes-back et forward enchâssés est limpide), si ce truc manque à l’appel, la magie restera absente à l’écran. C’est malheureusement ce qui arrive à la nouvelle venue Emma Tammi, mais le tort est plutôt du côté du script de Teresa Sutherland, qui étire ici en long-métrage son propre court. Un jeu trop classique sur la frontière entre folie et surnaturel et la volonté un brin flemmarde de vouloir laisser le spectateur dans le flou ne viennent pas aider un récit qui refuse du bout des lèvres la pointe d’excès qui lui aurait donné une âme. Et ce qui aurait pu être un beau film féministe sur la place de la femme dans l’Ouest d’alors, voire un équivalent western à The Witch, ne reste qu’un énième DTVOD désespérément neutre…

L.D.




FAST & FURIOUS : HOBBS & SHAW
2019. USA. Réalisation David Leitch. Interprétation Dwayne Johnson, Jason Statham, Vanessa Kirby… Sorti le 7 août 2019 (Universal Pictures International France).
La prime qualité de ce spin-off réside dans une absence, celle de Vin Diesel. Sans Vin, cette saga au succès invraisemblable, qui devrait au minimum nous alerter sur la dégringolade substantielle du degré d’exigence globale en matière de divertissement, respire enfin. Sans Vin, la chape de plomb d’un premier degré grommelé s’évapore dans l’éther, l’incongruité de la franchise peut enfin faire péter les boutons de chemise, montrer ses pecs, latter des burnes et dominer les Illuminatis… Tout ça pour quoi ? Parce qu’elle le peut. Dans ses pires moments, autrement dit à chaque instant, Hobbs & Shaw marque la dégénérescence terminale du cinéma méta second degré coup de coude dans les côtes clin d’oeil-clin d’oeil. Ryan Reynolds y joue quasiment un personnage appelé Ryan Reynolds, Dwayne Johnson n’est que torse à partir de la moitié du film et Jason s’tatane à peine plus que dans Mechanic : résurrection. Idris Elba en retraite, Vanessa Kirby seule en sort grandie.

F.C.




THE FARM
2019. USA. Réalisation Hans Stjernswärd. Interprétation Nora Yessayan, Alec Gaylord, Ken Volok… Disponible en VOD.
Cherchant son inspiration du côté de Tobe Hooper (comme 99 % des cinéast [...]

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