Carrière : Tom Holland
Vous avez commencé votre carrière en tant qu’acteur…
Là où j’ai grandi, personne ne s’intéressait au cinéma. C’était une petite ville, une communauté fermière. Des vaches partout, et des pommes. Rien d’autre. C’était à côté d’une grande ville où s’était installé IBM. Il y avait donc des cols blancs partout. Quand on réussissait, chez moi, on devenait chauffeur de bus. Ainsi, on avait la sécurité de l’emploi ! Ma famille était modeste. Pas pauvre, mais modeste. À Noël et à Pâques, on avait l’habitude d’aller à New York en train, et ça prenait environ deux heures. On y voyait des comédies musicales, et des films destinés au grand public. Très tôt, je me suis passionné pour le cinéma. Je lisais les revues de ragots à propos des stars hollywoodiennes, parce que je n’avais rien d’autre à me mettre sous la main. Je suis allé à l’université en 1962 et j’y ai rencontré un professeur de dramaturgie qui m’a encouragé à me lancer dans la comédie. Je voulais devenir réalisateur, mais c’était impossible pour moi à l’époque. Il m’a décroché un job comme apprenti dans un théâtre du New Jersey. Leur but à tous, là-bas, c’était de faire carrière sur scène. Moi, je voulais travailler dans le cinéma ! À 17 ans, j’ai commencé à prendre des cours de comédie, le week-end. La semaine, je vendais des fringues. J’ai pu accéder à des annonces spécialisées, et j’ai décroché des rôles dans des soap operas et des publicités. À mes 19 ans, j’ai pu signer un contrat de sept ans chez Warner Bros. Ils m’ont fait venir par avion à Hollywood, et je me suis retrouvé plongé dans le système de production d’antan. Quand je suis arrivé là-bas, les décors de My Fair Lady étaient encore debout ; ils les gardaient en cas de besoin, pour des reshoots…
Après votre carrière d’acteur, vous êtes parvenu à devenir scénariste.
Oui, j’ai signé le script de L’Initiation de Sarah (un téléfilm s’inspirant du Carrie de Stephen King/Brian de Palma – NDLR), qui a depuis été refait à deux reprises. Tout ce que j’ai fait dans ma carrière, Hollywood a fini par le remaker. J’ai un taux de remake par film parmi les plus élevés du milieu ! En tant qu’acteur, je faisais partie de l’Actors Studio ici à Los Angeles. Et le Studio donnait des cours d’écriture de théâtre. J’ai joué dans certaines des pièces qui y ont été écrites, et j’ai fini par en diriger quelques-unes. Je me suis rendu compte que je pouvais mettre en place des scènes et les faire fonctionner dans le contexte d’un théâtre. Ça pouvait très bien s’appliquer à du soap opera ou du cinéma ! On était aux alentours de 1970. À l’époque, on pouvait écrire ses propres scripts et les mettre en scène. J’ai commencé à travailler dans le monde de la publicité, sous différentes casquettes : cadreur, manager des décors, assistant-réalisateur et même réalisateur. J’ai beaucoup appris de la production, et ça me permettait aussi de payer les factures. Je ne sais pas comment ça se passe en France, mais aux États-Unis, quand on commence en tant qu’acteur, il faut cumuler d’autres petits boulots pour survivre. Au bout d’un moment, j’ai décidé d’aller à UCLA (University of California, Los Angeles – NDLR) pour finir mes études de réalisateur. Parallèlement, je commençais à vraiment écrire des scripts, mais tout le monde autour de moi faisait la même chose. En 1977, j’ai fini par décrocher un crédit sur L’Initiation de Sarah. Puis j’ai travaillé sur Les Entrailles de l’enfer (The Beast Within en VO – NDLR) en 1981, produit par United Artists, mais le studio n’a pas pu sortir le film correctement à cause du désastre financier de La Porte du paradis, qui a provoqué sa banqueroute. Les Entrailles de l’enfer n’a eu droit à aucune publicité et n’a pas du tout été remarqué. Après cette débâcle, je n’ai pas travaillé pendant une année entière. C’était horrible. Je me disais auparavant : « Une fois que j’aurai fait mon premier film, tout s’enchaînera. ». Ça n’est pas arrivé.
Vous êtes tout de même parvenu à travailler sur Class 1984.
Oui, j’ai écrit ça pour Mark L. Lester. C’est son meilleur film à mon avis, et je trouve que c’est un très bon film tout court ! Il fonctionne d’un point de vue dramatique. On finit par détester les gosses, et Roddy McDowall donne une performance brillante dans le rôle du professeur qui sombre peu à peu dans la folie. C’était un film d’exploitation dans la tradition, mais bien meilleur que de nombreux films d’exploitation. Class 1984 n’a pas pour autant aidé à faire décoller ma carrière.
Comment vous êtes-vous retrouvé impliqué dans le projet ?
Mark m’a demandé d’écrire le script. Il adorait le scénario des Entrailles de l’enfer, et d’un autre projet qui ne s’était jamais concrétisé, intitulé Watercrosser. Je travaillais dans l’exploitation à l’époque, pas dans les films mainstream. Ça ne me dérangeait pas forcément, mais le salaire n’était pas tout à fait le même.
J’imagine que Psychose II a tout changé.
Oui, et pourtant, beaucoup de gens m’ont déconseillé de me lancer dans ce film. J’allais inévitablement être comparé à Hitchcock, et ça allait être un désastre. Les critiques étaient prêts à nous assassiner pour avoir osé toucher à un classique. Le réalisateur Richard Franklin et moi avons décidé de ressortir toutes les critiques du Psychose original publiées lors de sa sortie en 1960. Et elles étaient désastreuses ! Psychose a été attaqué de toutes parts, et Hitchcock a été traîné dans la boue pour avoir osé tourner quelque chose d’aussi horrible que ce film. Vingt-deux ans après, quand nous avons tourné la suite, Psychose était devenu un classique. Bonnie & Clyde a suivi la même trajectoire, d’ailleurs. C’est toujours sympathique d’avoir de bonnes critiques, mais il arrive souvent que les journalistes soient dépassés. Ça n’a rien de personnel, bien sûr ! (rires) Le problème, c’est qu’ils écrivent souvent selon l’opinion populaire du moment. Bref. Richard et moi étions terrifiés à l’idée d’attaquer Psychose II, mais nous avons tout fait pour créer le meilleur film possible. Et ça a fonctionné ! Ironiquement, le projet a commencé comme un téléfilm pour le câble. Ce n’ [...]
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