Carrière : Stephen Hopkins

Virtuose de la caméra, Stephen Hopkins a marqué de son empreinte le cinéma hollywoodien des années 1990, avant de connaître une seconde carrière très prolifique à la télévision. Des tournages guérilla de Freddy 5 – l’enfant du cauchemar et Predator 2 aux explosions démesurées de Blown Away, en passant par les development hell de L’Ombre et la proie et Perdus dans l’espace, Hopkins a accepté de se livrer avec une sincérité désarmante.
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Vous êtes né en Jamaïque ?

Oui, mes parents viennent du Pays de Galles, mais ils ont longtemps travaillé en Jamaïque. J’y suis né, et j’y suis resté jusqu’à mes cinq ans. C’est un endroit formidable. Le premier James Bond, James Bond 007 contre Dr. No, a été tourné près de chez moi. À un moment, ils entrent littéralement dans le bureau de mon père et tuent sa secrétaire ! J’ai une photo géniale de moi sur la plage avec Sean Connery et Ursula Andress. Après ça, je me suis mis à rêver de tourner un film avec Sean Connery. Et c’est arrivé, des années plus tard !


Comment êtes-vous arrivé jusqu’en Australie ?

C’est une longue histoire. Je suis allé à l’école primaire et au collège en Angleterre. Je me suis retrouvé en Australie à Noël 1983. Les gens croient que je suis australien, mais ce n’est pas vrai. En fait, je suis parti là-bas pour travailler sur deux clips d’Elton John. Il avait décidé d’épouser une Australienne, ce qui a surpris tout le monde à l’époque. Durant le tournage, je suis tombé amoureux de Sydney. J’étais censé rester quatre semaines, et mon séjour a finalement duré cinq ans.


Quelle a été votre porte d’entrée dans le monde du clip ?

Avant de travailler dans ce milieu, vers 16 ou 17 ans, je dessinais des comic-books, notamment pour Marvel UK. Il faudrait que je revienne en arrière… Après notre départ de la Jamaïque, mes parents et moi avons traversé l’Amérique pendant un an. Et donc pendant un an, je ne suis pas allé à l’école. J’ai appris à lire avec des comics, à l’arrière de notre voiture ! Nous sommes allés partout : Amérique du Sud, Amérique centrale, Canada, et nous avons fini à New York.


Vos parents travaillaient ?

Comment dire… On nous a un peu poussés dehors. Mon père construisait des hôtels en Jamaïque, et il s’est rendu compte que c’était pour la mafia. Il y avait des opérations illégales entre Cuba et la Jamaïque, et il s’est retrouvé au milieu de ça. Le gouvernement a rendu les paris illégaux au sein de ces hôtels, la mafia s’est mise en colère… En gros, on a dû quitter le pays au plus vite, sur un ferry. On a acheté une voiture en Amérique du Sud, et on a roulé pendant un an.


C’est une histoire de fou.

Oui ! Ensuite, on s’est envolés pour l’Angleterre, en 1965 je crois. Ç’a été un choc pour moi, car il n’y avait que des Blancs ! Je suis allé à l’école, puis j’ai quitté le domicile familial très jeune, vers 14 ou 15 ans. J’ai déménagé à Londres, je me suis inscrit dans une école d’arts, et j’ai commencé à dessiner des comics. J’ai aussi peint des pochettes de disques pour les groupes de rock. Un jour, je me suis retrouvé sur le plateau d’un clip vidéo, et je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. J’ai offert mes services gratuitement pour dessiner les story-boards d’un clip. Je crois que c’était pour Planet Earth de Duran Duran. On m’a engagé sur d’autres projets, d’abord comme story-boardeur, puis comme designer. J’ai fini par travailler avec deux des plus grands directeurs artistiques de l’époque, en 1981/82. Ils m’avaient demandé si j’avais déjà conçu des décors de cinéma, et j’ai menti pour qu’ils m’engagent. Ensuite, ces directeurs artistiques sont partis dans le cinéma, et j’ai intégré la compagnie MGMM, pour laquelle travaillait Russell Mulcahy, entre autres. La société m’a ensuite envoyé à New York. À l’époque, si on prétendait avoir un CV long comme le bras, on vous croyait facilement. Je suis resté à New York jusqu’en 1983, puis je me suis retrouvé en Australie, en compagnie d’Elton John. Voilà comment c’est arrivé ! J’ai conçu les décors gigantesques du clip Sad Songs pour Mulcahy, puis on m’a promis que je pourrais réaliser mes propres clips. À Sydney, j’ai écrit et mis en scène une comédie musicale sur Raspoutine, puis j’ai entendu dire que Russell Mulcahy était en train de préparer un film intitulé Highlander. Russell m’a engagé comme réalisateur de seconde équipe, et ce fut donc ma première expérience dans le monde du cinéma. J’ai beaucoup travaillé avec Sean Connery, j’ai filmé la plupart des séquences du Kurgan, j’ai passé plusieurs mois en Écosse, à Londres et à New York… J’adorais le cinéma, et j’ai eu beaucoup de chance. J’étais au bon endroit au bon moment. Au bout du compte, j’ai travaillé sur près de 500 clips et spectacles, puis on m’a proposé de réaliser un petit film du nom de Dangerous Game. C’était un tout petit budget, mais je pense que le résultat est intéressant. On l’a projeté à Cannes, devant beaucoup de producteurs hollywoodiens.



L’un d’entre eux, Robert Shaye, vous a engagé pour tourner Freddy 5 – l’enfant du cauchemar.

Oui. Pour Freddy 5, Bob Shaye m’a envoyé plusieurs versions du script, car une grève des scénaristes était sur le point d’éclater. Aux États-Unis, un scénariste syndiqué n’a pas le droit de travailler pendant une grève. J’étais reparti en Australie pour quelques jours, et New Line m’a demandé de revenir à L.A. au plus vite. Pendant le vol, j’ai dessiné des centaines de story-boards en m’inspirant des meilleures séquences de tous ces scripts. L’idée était de prendre ces idées éparses et d’en tirer un film réalisable. Quelques jours plus tard, à la Saint-Valentin 1988 je crois, on m’a engagé sur Freddy 5. On m’a dit que je n’avais pas le droit de parler à un scénariste, et que le film devait être prêt en août. On a tourné à toute vitesse dans une vieille usine de chaussures, en compagnie de techniciens australiens que je connaissais bien.


Bien qu’il soit terriblement censuré, Freddy 5 reste l’un meilleurs épisodes de la saga.

Oui, j’en suis assez fier, notamment de la scène comic-book. Super-Freddy, c’était mon idée ! Je dessinais des comics plus jeune, donc c’était une occasion de jouer avec le format.



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