Carrière : Mickey Keating

Son nom ne vous dit peut-être rien, mais Mickey Keating est pourtant l’un des réalisateurs les plus actifs de la scène indépendante américaine. Auteur de de cinq longs-métrages en cinq ans, ce cinéaste formé à l’école Glass Eye Pix revisite avec nous une filmographie particulièrement hétéroclite.
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Vos films laissent penser que vous êtes un vrai mordu de cinéma. Quand avez-vous chopé le virus ?

Aussi loin que je me souvienne, le cinéma a toujours fait partie intégrante de ma vie. À 6 ans, j’étais obsédé par les Indiana Jones et les James Bond, et je me suis mis à tourner mes propres films dès l’âge de 9 ou 10 ans. Ça a commencé quand j’ai trouvé un vieux caméscope que ma famille avait laissé traîner. Depuis, je n’ai jamais arrêté de tourner.


À quoi ressemblaient ces courts, et vous ont-ils servi comme base pour vos travaux professionnels ?

J’en ai tourné beaucoup – probablement une bonne trentaine –, tous avec la même caméra d’ailleurs. Je pense sincèrement qu’il est indispensable de beaucoup tourner pour apprendre le processus de création cinématographique et pouvoir passer à l’étape du long-métrage. Plus jeune, j’ai aussi approfondi mes connaissances en étant monteur sur de nombreux courts réalisés par des étudiants, ce qui m’a permis d’apprendre à canaliser mes idées afin de raconter une histoire de façon visuelle. On peut vraiment dire que ma vie est une sorte de tournage permanent !


Comment vous êtes-vous lancé dans l’aventure du premier long avec Ritual ? À cette époque, vous étiez stagiaire chez Blumhouse, n’est-ce pas ?

J’ai d’abord fait un stage chez Glass Eye Pix à New York avant de décrocher un poste chez Blumhouse Productions en arrivant à Los Angeles. Et comme j’avais tourné des dizaines et des dizaines de courts, l’étape du long-métrage me paraissait logique à cette période de ma vie.


Que pouvez-vous nous dire sur le patron de la firme Glass Eye Pix, le réalisateur Larry Fessenden, qui est depuis plusieurs années l’un des parrains de la scène indépendante horrifique US ? 

Larry est l’une des voix les plus importantes de la scène indé américaine – à commencer par celle de New York –, et j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir travailler avec lui. Il est un vrai soutien et une aide essentielle pour les nombreux cinéastes qui ont croisé sa route. Étant lui-même un excellent réalisateur, il pourrait se montrer égoïste, mais c’est quelqu’un de très généreux qui a aidé bon nombre de metteurs en scène. Je suis certain que quelqu’un écrira un jour un livre sur lui, et j’espère pouvoir y figurer quelque part, en tout petit. 


En dépit d’un budget qu’on imagine rachitique, Ritual est visuellement très maîtrisé. A-t-il été compliqué de concilier un planning forcément serré et vos ambitions de cinéaste ? 

Ce qu’il faut savoir à propos de Ritual, c’est que le film a été tourné sur dix week-ends consécutifs, car les gens de l’équipe ne pouvaient pas se permettre de quitter leur boulot principal. C’était un processus intéressant, car cela nous permettait de tourner pendant deux jours puis de bénéficier ensuite de cinq jours pour travailler sur le montage et voir s’il nous manquait quelque chose. Ainsi, lorsque l’on tournait le week-end suivant, on pouvait en profiter pour tourner les plans ou les inserts qui nous manquaient. En y repensant, je suis certain que cette méthode nous a énormément aidés. 


Après Ritual, vous avez changé de genre avec Pod, un huis clos de science-fiction inspiré par le cinéma indépendant des années 60/70. Vous y mélangez de nombreuses influences dont certaines n’ont rien voir avec le cinéma horrifique, comme Robert Altman ou Rainer Werner Fassbinder… 

Ce sont deux de mes cinéastes favoris, ne serait-ce que pour leur talent en matière de direction d’acteurs. Regardez des films comme Les Larmes amères de Petra von Kant ou Reviens Jimmy Dean, reviens : j’adore ces films en décor unique, car ils sont portés par la tension qui irrigue les personnages.



Pod propose un récit très elliptique. Ce côté dégraissé jusqu’à la moelle était-il déjà présent lors de l’écriture du scénario, ou avez-vous beaucoup coupé durant le montage ? 

Je suis plus intéressé par les scènes dédiées aux comportements humains et à la narration en temps réel. J’ai très peur des soudaines poussées de violence, de celles qui peuvent anéantir toute une vie en un clin d’oeil. J’ai donc écrit Pod avec ce sentiment en tête et je n’ai rien retiré lors du montage, même si j’ai bien sûr peaufiné quelques dialogues de-ci de-là. Mais le film a toujours été pensé selon cette logique épurée, pour maximiser un sentiment de mouvement permanent. 


Avec Darling, vous abandonnez le Cinémascop [...]

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