Carrière : Mick Garris
Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans le journalisme ?
Tout a commencé au lycée. Ray Bradbury est venu dans l’université de ma ville pour donner une conférence et je me suis arrangé pour l’interviewer. J’ai passé un moment extraordinaire : c’était mon idole, et la raison pour laquelle je voulais devenir écrivain. Ensuite, j’ai eu la chance de rencontrer Rod Serling. Tout s’est enchaîné rapidement. Je suis devenu journaliste musical pour le journal The San Diego Door. Cameron Crowe a travaillé pour la même publication, et il s’en est inspiré pour son film Presque célèbre. J’ai rencontré des artistes comme Jimi Hendrix, Janis Joplin, et je n’étais qu’un ado ! Ensuite, j’ai joué dans un groupe de rock, j’ai composé pas mal de musique… On n’a jamais réussi à percer, donc j’ai continué dans le journalisme. Entre deux articles, je me suis mis à rédiger des nouvelles. Les portes se refermaient constamment devant moi, mais j’ai persévéré. En 1977, j’ai répondu au téléphone sur la ligne officielle de Star Wars. Ils m’ont donné d’autres responsabilités : j’ai dû diriger R2-D2 pendant la soirée des Oscars, par exemple ! Ensuite, j’ai été engagé par un studio qui s’occupait du marketing de Hurlements de Joe Dante, Fog de John Carpenter, Scanners de David Cronenberg… J’ai été débauché par Universal à l’époque du Loup-garou de Londres, de Vidéodrome et de The Thing. J’ai eu beaucoup de chance. Universal voulait fournir des images de tournage aux grands médias, donc je me suis lancé dans la réalisation de making of. J’ai réalisé ceux de Fog, New York 1997, The Thing, Gremlins, Les Goonies… Je travaillais souvent à distance de l’équipe du film, et j’avais le droit de passer deux jours sur le plateau. On sélectionnait les jours de tournage les plus prometteurs, avec les meilleurs décors et les meilleures cascades. Tout était tourné en 16 mm.
Qu’avez-vous appris en observant Joe Dante ou John Carpenter au travail ?
J’ai rapidement compris que la majeure partie de la direction avait lieu en dehors du plateau. La plupart des discussions entre le réalisateur, son directeur de la photographie, ses comédiens et ses collaborateurs-clés se font en amont. J’ai aussi appris qu’on est toujours à court de temps sur un plateau, peu importe votre budget. Enfin, j’ai constaté que certains cinéastes étaient passionnés par leur travail, et d’autres n’y voyaient là qu’un job alimentaire. J’ai eu la chance d’observer beaucoup de réalisateurs passionnés par l’ensemble du processus.
Après le making of des Goonies, vous avez écrit plusieurs épisodes de la série Histoires fantastiques produite par Steven Spielberg. Vous avez ensuite participé aux Cauchemars de Freddy, aux Contes de la crypte… Votre passion pour les nouvelles fantastiques a fini par être récompensée, en un sens.
Mon premier travail de scénariste fut Histoires fantastiques en 1985. À l’époque, je survivais grâce aux aides alimentaires. J’étais complètement fauché. J’ai reçu un appel de Steven Spielberg, que j’avais interviewé pour le making of des Goonies. Il m’a dit qu’il travaillait sur cette nouvelle série et qu’il cherchait des scénaristes. Peu de temps avant, j’avais réussi à signer chez un agent, et celui-ci avait envoyé un de mes scripts à tous les producteurs de Hollywood. L’idée n’était pas de le vendre, mais de s’en servir comme d’un exemple de ce que j’étais capable de faire. Les gens d’Amblin ont beaucoup aimé mon travail et l’ont fait lire à Spielberg. Il m’a donc engagé aussitôt, et je me suis retrouvé à écrire le tout premier scénario d’Histoires fantastiques. Je l’ai rédigé en trois jours. Il s’agissait de l’épisode La Météorite (The Main Attraction en VO – NDR), réalisé par Matthew Robbins. Amblin a apprécié et on m’a engagé comme scénariste régulier. Je suis passé des aides alimentaires à un poste chez Steven Spielberg ! Et les autres studios se sont dit : « S’il est assez bon pour Steven, donnons-lui une chance. ». Les opportunités se sont multipliées à partir de là.
À la même période, vous avez coécrit une autre production Amblin, Miracle sur la 8ème rue, toujours réalisé par Matthew Robbins.
Oui, c’était basé sur une histoire écrite par Steven pour Histoires fantastiques. Mais il s’est dit que le concept était trop prometteur pour le limiter à un épisode de 30 minutes. Il m’a demandé si je voulais en tirer un script de long-métrage. J’ai dit non… Je rigole, bien sûr que j’ai dit oui ! (rires)
Avez-vous travaillé directement avec Brad Bird sur ce film ?
Non. Brad était un collaborateur régulier de Matthew Robbins, et il avait déjà légèrement retouché La Météorite. Et quand Matthew a été engagé pour réaliser Miracle sur la 8ème rue, il a amené Brad avec lui. C’est assez courant. Brad est un gars adorable.
La production de Critters 2 a été lancée peu après Miracle sur la 8ème rue, si je ne me trompe pas.
Oui, mais entre les deux, j’ai pu réaliser un épisode de la saison 2 d’Histoires fantastiques, La Chaise électrique (Life on Death Row en VO – NDR) avec Patrick Swayze. L’épisode a été très bien reçu et j’ai commencé à recevoir de nombreux scripts, comme Chérie, j’ai rétréci les gosses. Hélas, ce n’étaient pas des offres solides. Bob Shaye, le patron de New Line Cinema, m’a vraiment offert Critters 2 sans condition. Il m’a dit : « Nous allons faire le film, nous voulons que vous le réalisiez, et si vous le souhaitez, vous pouvez même le réécrire. ». Souvent, quand on doit tourner un film, il y a une longue période de développement et le résultat est très incertain. Mais là, le projet avait déj&agr [...]
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