Carrière : Jamie Blanks

Réalisateur australien découvert en 1998 avec le néo-slasher URBAN LEGEND, Jamie Blanks s’est construit au fil des années une filmographie inégale mais plutôt attachante, grâce à un mélange de savoir-faire et d’audace qui lui ont permis de faire son trou à Hollywood en dépit de son manque d’expérience. Revenu dans son pays natal après MORTELLE ST-VALENTIN, le cinéaste analyse les hauts et les bas d’une carrière tout entière dévouée au genre horrifique.


Vous souvenez-vous du moment où le cinéma horrifique est devenu pour vous une passion ?

Je me souviens avoir vu mon premier film d’horreur vers l’âge de 10 ou 11 ans. C’était Fog de John Carpenter, et ça m’a terrifié. Ces lépreux flippants qui font cogner leur crochet sur les portes puis sortent du brouillard pour attraper leurs victimes… Ça m’a vraiment perturbé, mais j’ai adoré ça. Environ un mois plus tard, j’ai vu Halloween sur le câble et l’expérience a été similaire. Puis j’ai eu mon premier magnétoscope : j’étais aux anges, je visionnais absolument tout ce qui pouvait me tomber sous la main. Par chance, dans les vidéoclubs australiens, les productions horrifiques pullulaient, donc on ne manquait de rien. J’ai très vite su que je voulais faire de l’horreur et j’ai passé la plupart de mes vacances à tourner des films avec mes amis ou des membres de ma famille. Nous avons fait quatre longs-métrages en trois ans, ainsi qu’une poignée de courts. Ça m’a permis d’entrer en fac de cinéma après mon bac. 


Certains cinéastes mettent du temps à affiner leur style, mais vous avez immédiatement trouvé le vôtre. En voyant votre court-métrage
Silent Number, on sait tout de suite qu’on est devant un film de Jamie Blanks !

J’avais déjà tourné quelques courts avant Silent Number, j’avais donc eu l’opportunité d’expérimenter différents styles et techniques. Mes influences ont toujours été Carpenter, Kathryn Bigelow et Sam Raimi. J’adore leur style visuel, car il transcende leurs histoires. Silent Number était un moyen pour moi d’essayer de trouver du boulot après la fac. Nous avions peu de moyens et seulement cinq jours de tournage, mais je crois que nous nous en sommes bien sortis. Mon équipe a bossé dur pour créer les effets d’orage que l’on voit à l’écran.


Vous avez ensuite réalisé une bande-annonce de
Souviens-toi… l’été dernier lorsque les producteurs se sont mis en quête d’un réalisateur, c’est ça ?

Un manager américain a vu Silent Number lors d’un voyage en Australie et il m’a signé. Puis il m’a envoyé les scénarios de Scream – qui s’appelait encore Scary Movie – et de Souviens-toi… l’été dernier. J’ai appris que Wes Craven allait faire Scream, je n’avais donc aucune chance de décrocher le job, car c’est l’un des maîtres indiscutés du genre. Il a influencé toute une génération de cinéastes. Du coup, ça paraissait logique de tenter de convaincre les producteurs de Souviens-toi…. N’ayant pas d’argent et sachant que les producteurs n’auraient pas le temps de voir ce que j’avais fait avant, j’ai décidé de réaliser une courte bande-annonce pour leur montrer quelle serait mon approche. J’ai choisi des scènes du script qui me semblaient importantes et je les ai tournées. J’ai monté la bande-annonce et je l’ai envoyée à Neal H. Moritz et Kevin Williamson (respectivement producteur et scénariste de Souviens-toi… l’été dernier – NDLR). Ils ont tous les deux adoré. Malheureusement, ils avaient déjà engagé un autre réalisateur (l’Écossais Jim Gillespie – NDLR). Mais après ça, Moritz m’a offert de réaliser Urban Legend, donc tout s’est bien terminé.


Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce projet ?

J’ai aimé le concept, qui n’avait jamais été utilisé de la sorte dans un tel contexte. De plus, j’avais envie de travailler avec Neal H. Moritz. Les producteurs Brad Luff et la productrice Gina Matthews ont été d’un grand soutien, sans parler du fait que ça m’offrait la chance de réaliser un film hollywoodien à l’âge de 26 ans, ce qui était mon rêve depuis tout gosse. Parmi les autres producteurs, il y avait Michael McDonnell, qui a bossé sur Usual Suspects. Lui et moi avons très vite accroché et, à ce jour, notre collaboration reste la meilleure de toute ma carrière. Depuis, nous avons essayé de monter d’autres projets ensemble, mais ça n’a pas fonctionné, ce qui est très frustrant. J’espère qu’un jour, nous réussirons à faire un autre film ensemble.


À l’évidence,
Urban Legend marche sur les plates-bandes de Scream, mais votre style est très différent de celui de Wes Craven. Votre mise en scène est plus opératique…

J’étais influencé par les Freddy, Blue Steel de Kathryn Bigelow, les deux premiers Phantasm et les films de Dario Argento. Il s’agit en tout cas des références que j’ai données à mon chef-opérateur avant le tournage. Je trouvais que nos décors se prêtaient à ces grands mouvements de caméra, j’ai donc essayé d’exploiter la moindre opportunité. J’ai beaucoup travaillé sur le style visuel durant la production. De ce point de vue, le résultat est à la hauteur de ce que j’avais en tête. 


Le film n’est pas vraiment porté sur le gore. Est-ce parce qu’à l’époque, la MPAA se montrait très dure, ou était-ce un choix personnel ?

Ça n’aurait servi à rien de tourner ce genre de séquences, car le studio ne voulait pas d’un slasher gore. Scream s’est montré très efficace sans être sanglant pour autant, et je pensais que le côté fun du projet résidait dans la mise en scène des légendes urbaines, et non dans une surenchère graphique. Je n’ai rien contre le gore, j’ai d’ailleurs filmé des choses assez corsées au fil du temps, mais je préfère réserver ça à des personnages que je n’aime pas, plutôt qu’à ceux auxquels le public est supposé [...]

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