
Carrière : Dick Maas
L’image la plus emblématique de vos films, ce sont sans doute ces plans en plongée ou contreplongée dans L’Ascenseur, avec la cabine qui fonce vers l’objectif…
Je crois qu’avant d’entamer mes recherches, je n’avais jamais regardé à l’intérieur d’une cage d’ascenseur. Or, vous y découvrez un monde entièrement nouveau, très particulier. C’est pourquoi, au début du film, j’ai présenté l’ascenseur comme une sorte de vaisseau spatial à la Star Wars, qui s’élance vers la galaxie. Toute cette machinerie constitue un environnement très sinistre, et vous pouvez donc réussir de très bons plans là-dedans !
Le jeu consistait à inventer toutes les morts possibles dans un ascenseur ?
Cela a été ma première préoccupation : comment cet objet inerte va-t-il tuer des gens ? Vous pensez alors à de drôles de manières de le faire, comme le veilleur de nuit qui se retrouve coincé entre les portes coulissantes et finit décapité, ou l’aveugle qui ne voit pas que ces mêmes portes ouvrent sur le vide. Il semblerait que j’ai maintenant utilisé toutes les morts auxquelles on peut songer dans un ascenseur. (rires) Les idées que je n’avais pas exploitées dans le premier film, je les ai incluses dans le remake. Notamment, ce qui est à mon avis la chose la plus effrayante que vous puissiez imaginer quand vous entrez dans un ascenseur : que le plancher s’effondre, faisant chuter tous les occupants dans la cage.
Le but de L’Ascenseur – niveau 2 était d’utiliser ce concept très malin dans un long-métrage tourné en anglais ?
Oui. Immédiatement après avoir tourné le premier Ascenseur en 1983, j’ai reçu des propositions pour en réaliser un remake en Amérique. Mais je n’avais pas envie de refaire le film que je venais tout juste de terminer, et il y avait d’autres projets auxquels je voulais m’atteler. Les gens ont cependant continué de me le réclamer tout au long dans années 90, et j’ai ainsi fini par leur dire : « Ne pourrions-nous pas plutôt faire une sorte de suite/remake, montrant d’autres éléments et des meurtres différents ? ». C’était aussi l’occasion de raconter l’histoire de la manière dont elle aurait peut-être dû être racontée au départ. Car j’avais bien sûr tourné le premier film dans un petit immeuble en Hollande, et cela aurait sans doute été mieux de le situer aux États-Unis, dans un grand ascenseur – bref, là où cela frapperait plus l’imagination des gens. Quand j’ai écrit l’opus original, j’ai en effet voulu tenter quelque chose comme un thriller horrifique, après avoir lu une nouvelle de Stephen King intitulée La Presseuse et parlant d’une machine maléfique (adaptée par Tobe Hooper sous le titre The Mangler – NDLR). Vous aviez aussi des films sur des voitures tueuses, comme Enfer mécanique ou Christine. J’ai alors cherché un objet familier auquel tout le monde pourrait s’identifier, avant de me fixer sur un ascenseur qui attaque les gens car quelque chose cloche avec lui. Et j’ai toujours trouvé étrange que des auteurs comme Stephen King n’aient jamais mis cela dans une nouvelle, ou que personne n’ait utilisé cette idée dans un film. C’est très facile à mettre en oeuvre et, de plus, cela correspond parfaitement à l’Amérique, à la ville de New York, où l’ascenseur est un véritable mode de vie. Par ailleurs, avec le remake, j’ai voulu ne pas être trop spécifique sur la cause des accidents. Dans le premier film, il y avait une entreprise derrière l’affaire, un savant maléfique, et à la fin, quand l’espèce de mousse organique sortait de la boîte de contrôle, c’était un très mauvais effet, cheap, cheap… Nous n’avions pas d’argent à l’époque. (rires) À l’inverse, je voulais laisser les choses à l’imagination du spectateur, sans vraiment dire s’il s’agissait d’événements surnaturels ou bien de quelque chose de plus réel, d’un sabotage. Je pense donc que Niveau 2 était un meilleur concept à pas mal d’égards. Mais l’exécution n’a pas été bonne : le public n’a pas saisi l’humour, et je pense que cela tient à des problèmes que nous avons eus avec les acteurs.
Quels étaient ces problèmes ?
L’acteur James Marshall voulait jouer comme s’il s’agissait d’un film réaliste, ce que L’Ascenseur – niveau 2 n’était pas. Mes oeuvres se déroulent toujours dans une sorte de réalité augmentée, et le résultat aurait ainsi dû être proche de la bande dessinée. Mais Marshall s’est entêté à jouer son rôle comme une véritable personne, et c’est entré en conflit avec le reste. Du coup, les spectateurs, en particulier ceux qui n’étaient pas familiers de mon travail, n’ont pas saisi de quel style était le film : « Est-ce de la pure horreur ? Devons-nous en rire ? ». Une autre erreur que j’ai commise, c’est de ne pas avoir accéléré le rythme.
Il y a un rythme très soutenu dans votre autre long-métrage tourné en anglais, Issue de secours, où une fillette est poursuivie dans un hôtel après avoir été témoin d’un meurtre…
Avec Issue de secours, le problème est que j’ai dû changer le scénario alors que j’étais déjà en production. Dans le script original, la pop-star logeant dans l’hôtel était Michael Jackson lui-même. On découvrait par la suite qu’il s’agissait d’une doublure, mais cela n’a pas empêché les avocats américains de Michael Jackson de me dire que je ne pouvais pas utiliser sa personne et son nom, faute de quoi ils allaient me poursuivre en justice. J’ai donc dû couper des tru [...]
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