
Carrière : Barbara Crampton
Vous avez joué à la fois dans beaucoup de films d’horreur et dans beaucoup de feuilletons à l’eau de rose. Comment vous êtes-vous retrouvée à mener cette double carrière ?
J’admets que c’est assez étrange : depuis mes débuts, j’ai fait des allers et retours entre les deux. En fait, mon premier boulot a été dans un soap opera intitulé Des jours et des vies. C’était ma toute première audition, je venais d’arriver à Los Angeles et je n’avais même pas d’agent. J’ai décroché le rôle et l’ai tenu pendant environ un an. C’était une grande chance, car ce qui est bien quand vous entrez dans un soap, c’est que vous avez un travail régulier pendant plusieurs années. Quand vous tournez un long-métrage, au contraire, cela dure quelques semaines, et puis vous devez chercher votre boulot suivant. Pour un acteur à Hollywood, c’est donc très bien : entre les moments où j’étais occupée sur une série télé, j’ai ainsi pu jouer dans des films de cinéma, tout en bénéficiant de la stabilité du monde du soap pendant une période de quinze ans. En effet, vu que j’avais vite intégré deux feuilletons très populaires, les gens ont juste continué de m’engager dans ce secteur tout au long de ma carrière, tout comme cela s’est aussi passé pour le cinéma d’horreur. Là encore, c’était un hasard : vous savez, j’auditionnais pour les choses sur lesquelles mon agent me mettait, en ignorant parfois de quoi il s’agissait. Et pour une raison quelconque, j’ai été prise dans Re-Animator très tôt dans ma carrière.
Pour en finir avec ce sujet, vous avez appris quelque chose sur la technique d’actrice avec les soap operas ?
Je crois que cela m’a rendue capable de travailler scène par scène, et très rapidement. Car si vous êtes dans une ligne narrative importante, vous tournez de trois à cinq jours par semaine, et vous devez mémoriser énormément de dialogues. Du coup, vous ne pouvez pas vraiment apprendre votre texte très en amont, d’autant que la plupart du temps, vous recevez seulement le script une semaine à l’avance. J’étais donc souvent obligée de le mémoriser le soir précédent, et cela m’a aidée à être rapide, et à écouter les autres acteurs. À l’inverse, je n’arriverais jamais sur le plateau d’un long-métrage en ayant appris mon texte le soir d’avant. En fait, je travaille sur un scénario dès que je le reçois, parfois même alors que le projet est encore en cours de financement.
Stuart Gordon, le réalisateur de Re-Animator, venait de la mise en scène de théâtre. Vous avez été surprise par son approche ?
Comme c’était le premier réalisateur d’horreur avec qui je travaillais, je ne savais pas à quoi m’attendre. Je dirais qu’il voulait que nous fassions feu de tout bois, et que nous soyons complètement impliqués, dans chaque scène et dans les personnages. Heureusement, cela marchait vraiment pour un film comme Re-Animator, dont le matériau était pas mal exagéré, outrancier et drôle. Mais cela ne marche pas dans tous les cas, et par conséquent, Stuart s’est lui-même rendu compte, en travaillant sur des productions hollywoodiennes, qu’il ne pourrait pas toujours garder ce ton excessif sur l’ensemble d’un long-métrage, et il a donc tempéré la puissance de sa narration. Mais pour revenir à votre question sur le théâtre, ce qui était bien dans le travail avec Stuart sur Re-Animator, c’est que nous avons répété pendant deux ou trois semaines avant le tournage. Cela me semblait normal, mais depuis, je me suis rendu compte que vous avez bien de la chance si vous pouvez juste rencontrer les autres acteurs avant d’arriver sur le plateau. (rires) Je crois que ces répétitions nous ont aidés à faire le meilleur film possible, et aussi à fortifier notre amitié, avec Stuart et bien sûr avec mon partenaire Jeffrey Combs. Cela nous a naturellement amenés à retravailler ensemble.
À une époque, vous étiez effectivement dans tous les films de Stuart Gordon…
Pas dans tous, non plus. Mais j’ai pu en refaire un certain nombre avec lui, de From Beyond à Castle Freak. Ce qui est bien quand vous travaillez avec quelqu’un pendant longtemps, c’est que vous savez tout de suite ce qu’il cherche. Il y a d’ailleurs eu un film pour lequel Stuart me voulait, et pour lequel il a eu du mal à trouver l’argent. C’était Dagon, une autre histoire basée sur H.P. Lovecraft. Les financiers craignaient qu’il soit difficile de trouver des hommes-poissons effrayants, alors que c’était précisément de quoi le scénario parlait : des êtres moitié humains, moitié poissons, et qui font peur. Cela lui a ainsi pris dix ans pour convaincre des investisseurs, et à ce moment-là, il a trouvé que Jeffrey Combs et moi étions désormais un peu trop vieux, et il a choisi d’autres acteurs. Malheureusement, Dagon n’est pas son film le plus connu, mais c’est probablement celui que j’aime le plus en dehors de ceux que j’ai faits avec lui.
Parmi ceux-ci, mon préféré est Castle Freak. Vous êtes du même avis ?
Non. Mon préféré serait probablement From Beyond, parce que j’ai pu y jouer un personnage traversant beaucoup d’épreuves, et endossant beaucoup de personnalités différentes : la psychiatre coincée, puis l’héroïne… Elle se retrouvait aussi à s’habiller en dominatrice, avant de devenir folle à la fin. Je ne crois pas avoir joué un autre r& [...]
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