CANNES 2019 : LES PRÉVISIONS

Même si la sélection n’est pas encore bouclée à l’heure où nous écrivons (on est toujours sans nouvelles de Once Upon a Time in Hollywood de Tarantino, du space opera de James Gray Ad Astra – a priori pas fini –, du dernier Ari Aster et de quelques autres), voici déjà un passage en revue de tout ce qu’il pourrait y avoir de « Mad-compatible » dans un festival d’ores et déjà dominé par les présences de Bong Joon-Ho, Robert Eggers, Quentin Dupieux, Takashi Miike ou Bertrand Bonello, sans oublier la série réalisée par Nicolas Winding Refn.
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Le festival 2019 sera-t-il un grand cru en matière de fantastique ? En tout cas, les hostilités commenceront en fanfare, la séance d’ouverture étant carrément occupée par un film de zombies ! OK, ce The Dead Don’t Die est une comédie due à un cinéaste habitué des marches cannoises, Jim Jarmusch, qui a convié pour l’occasion une liste de stars longue comme le bras – où nous remarquerons pour notre part la présence de Carol Kane, vue jadis dans Mafu Cage et Terreur sur la ligne. Mais la bande-annonce semble indiquer un hommage respectueux au cinéma de George Romero, avec notamment des zombies répétant machinalement les gestes de leur vie passée. Alors, même si nous avions été modérément convaincus par l’essai vampirique de Jarmusch (Only Lovers Left Alive), nous voulons bien y croire (un peu) ce coup-ci. Vous pourrez d’ailleurs vérifier le bien-fondé de ces espoirs en même temps que nous, The Dead Don’t Die sortant en salles simultanément à sa présentation cannoise, au soir du 14 mai.



COMPÈTE PARASITÉE
À noter que Jarmusch est à la fois en ouverture et en compétition, où il se mesurera donc à d’autres cinéastes lorgnant vers le fantastique. Par exemple, l’Autrichienne Jessica Hausner tâte de la science-fiction suggestive avec Little Joe. L’histoire parle d’une plante génétiquement modifiée pour donner une sensation de bien-être à ses possesseurs, mais qui semble finalement modifier leur personnalité de fond en comble… On a bien dit « semble », car tout le suspense du film résiderait dans cette ambiguïté : parano ou réalité ? En revanche, malgré son titre de Parasite (photo d’ouverture), le nouveau Bong Joon-Ho n’est pas de la SF. Une décennie après Mother, le Coréen revient en effet au thriller, en prenant le parasitisme au sens figuré. Une famille pauvre s’immisce dans la vie d’une famille riche, ce qui promet un sommet de tension sociale menant tout droit à une apocalypse domestique. C’est peut-être le film que nous avons le plus hâte de voir, et par bonheur, il sera dans les salles dès le 5 juin.
On murmure également que certains longs-métrages issus de pays émergents auraient quelque chose à voir avec notre genre de prédilection. Notamment, Bacurau de Juliano Dornelles & Kleber Mendonça Filho, qui suit un personnage de réalisateur tournant un documentaire dans une région déshéritée du Brésil, se terminerait dans un ouragan de bruit et de fureur, allant jusqu’au gore. Du coup, la présence au générique d’Udo Kier est tout de suite moins incongrue ! Quant à Atlantique de la cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop, son sujet social (l’attente de femmes africaines dont les conjoints sont partis migrer en Europe) y prendrait des tours étranges, avec une mystérieuse épidémie s’abattant sur ces veuves provisoires. En revanche, l’unique Séance de Minuit annoncée pour l’instant nous ramène en terrain connu : encore et toujours un polar coréen, mais teinté cette fois d’horreur. Comme son titre l’indique, The Gangster, the Cop, the Devil de Lee Won-tae voit en effet un flic et un malfrat s’unir malgré eux pour traquer un tueur en série.




LA QUINZAINE DES ÉQUARRISSEURS
Pour ce qui est des sections parallèles, la Semaine de la Critique attire notre attention avec Vivarium de Lorcan Finnegan, où un jeune couple à la recherche de sa première maison (Imogen Poots et Jesse Eisenberg) se retrouve enfermé dans un lotissement qui, composé de pavillons identiques, finit par prendre les atours d’un étrange labyrinthe. C’est cependant la Quinzaine des Réalisateurs, dont Paolo Moretti a pris les commandes cette année, qui se taille la part du lion. Tout d’abord, trois gros morceaux, signés par des cinéastes vraiment attendus au tournant.
Après l’excellent Under the Shadow, Babak Anvari revient avec Wounds, qui voit un barman (Armie Hammer) plonger dans un monde cauchemardesque après avoir trouvé sur son comptoir un téléphone rempli d’images bizarres. Une horreur très organique serait donc de mise, même si on espère qu’elle n’affectera pas le physique parfait de Dakota Johnson, également au générique. Quant à Robert Eggers, l’auteur de The Witch, il a tourné The Lighthouse (face à face entre deux gardiens de phare au début du siècle dernier, avec Robert Pattinson et Willem Dafoe) avec un équipement furieusement vintage : lentilles des années 1920 [...]

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