Cannes 2018 les prévisions

La grand-messe du cinéma qui brille est de retour sur la Côte d’Azur et, comme chaque année, elle charrie en son sein une grosse poignée de péloches mad susceptibles de faire l’événement… ou de de faire pschit. De la provo frontale de Lars von Trier au retour de Terry Gilliam en passant par la croisade anti-secte de Nicolas Cage ou le nouveau Mamoru Hosoda, voici le petit guide illustré du festivalier en mal de sensations fortes.
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DOGMAN DE MATTEO GARRONE. ITALIE/FRANCE. COMPÉTITION OFFICIELLE.
Lors de son dernier passage sur la Croisette, Matteo Garrone nous avait offert la fantasy de Tale of Tales, et il devrait bientôt y retourner avec une ambitieuse version de Pinocchio. Mais en attendant, il a trouvé le temps de réaliser ce Dogman qui s’annonce infiniment plus rude. Le film s’inspire en effet d’un des faits-divers les plus effarants qu’ait connu l’Italie, « Le crime d’Er Canaro ». Ce dernier était un toiletteur pour chiens s’adonnant également à diverses activités illégales, sous la houlette d’un gros bourrin qui le tyrannisait et l’exploitait sans vergogne. Mais un jour, le petit truand a fini par enfermer son tourmenteur dans une cage à clebs, pour le torturer et le mutiler jusqu’à la mort. C’est en tout cas la version que le coupable a bizarrement donnée lors de son procès, quitte à aggraver son cas. En fait, les légistes ont estimé que les mutilations avaient été commises post-mortem. Mais Garrone semble bien avoir décidé d’imprimer la légende, comme dirait l’autre, son Dogman s’annonçant comme une plongée sans rémission dans un des quartiers les plus pourris des périphéries de Rome, la Magliana, rongé par la drogue et le désespoir. Pas de doute, ça va charcler cette année en compète officielle.

G.E.




2001, L’ODYSSÉE DE L’ESPACE DE STANLEY KUBRICK. USA/G-B. CANNES CLASSICS.
Un événement pour le 50e anniversaire de 2001, c’est bien. En plus, les pourfendeurs du révisionnisme cinématographique, qui n’ont pas toujours tort, peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Pendant la conférence de presse du festival, le délégué général a bien précisé qu’il ne s’agissait même pas d’une restauration. En effet, le négatif original est en très bon état, et la Warner s’est donc contentée de tirer une nouvelle copie 70 mm, en tous points conforme à celles de l’époque. 2001 va ainsi ressortir dans ce format aux États-Unis, et on croise les doigts pour qu’il en soit de même en France. En tout cas, les badgés bénéficieront de cette séance cannoise présentée par Christopher Nolan lui-même, et aussi par Jan Harlan, qui fut accessoirement le beau-frère de Kubrick, mais surtout l’un de ses plus proches collaborateurs. Bref, tout ce qu’il faut pour repartir dans le trip ultime.

G.E.




ARCTIC DE JOE PENNA. ISLANDE. SÉANCE DE MINUIT.
Drôle de type que Joe Penna. Ce Brésilien est devenu mondialement connu comme youtubeur, avec des vidéos musicales où il rejoue chez lui des tubes célèbres. Mais pour son premier long-métrage comme réalisateur, il a soudain quitté son ordi pour aller carrément dans le Grand Nord islandais. Comme son titre l’indique, Arctic est en effet un survival polaire où un explorateur égaré après l’échec d’une mission de sauvetage doit crapahuter dans la neige pour essayer de rejoindre la civilisation. Et le film ne semble tricher ni avec les réalités du désert glacé, ni avec les intrigues annexes : Mads Mikkelsen a décrit un tournage très éprouvant, et la liste des acteurs ne compte qu’un seul autre nom, celui d’une belle Islandaise appelée Maria Thelma Smáradóttir. On est curieux de voir si cette volonté de rester rivé au calvaire d’un homme seul sera payante ou non.

G.E.




L’HOMME QUI TUA DON QUICHOTTE DE TERRY GILLIAM. ESPAGNE/PORTUGAL/G-B./FRANCE/BELGIQUE. FILM DE CLÔTURE.
On connaît l’histoire tempétueuse de ce film. En l’an 2000, Gilliam en commence le tournage, mais doit bientôt jeter l’éponge à cause d’une incroyable série de problèmes de production qui seront racontés dans le fameux documentaire Lost in La Mancha. Par la suite, il tentera périodiquement de ressusciter le projet, annonçant successivement différents tandems d’acteurs principaux, jusqu’à y arriver enfin. Toutefois, ce que l’on sait moins, c’est que l’intrigue a pas mal changé entre-temps. À l’origine, un cinéaste se retrouvait projeté à l’époque de Don Quichotte. Or, le voyage dans le temps a disparu de la version achevée : ici, un réalisateur de pubs désabusé est amené à revenir sur les lieux de tournage d’un de ses films de jeunesse, tiré de Cervantès, et se trouve entraîné dans une suite de catastrophes. D’aucuns prétendent ainsi que Gilliam a intégré à l’oeuvre le désastre de sa première tentative, ce que tout le monde pourra bientôt vérifier. L’Homme qui tua Don Quichotte sort en effet dans les salles le même jour que sa présentation à Cannes, le samedi 19 mai.

G.E.




UN COUTEAU DANS LE COEUR DE YANN GONZALEZ. FRANCE. COMPÉTITION OFFICIELLE.
Et bim ! Pour son second long-métrage, Yann Gonzalez fait carrément irruption en compétition officielle. Bien sûr, la présence en tête d’affiche de Vanessa Paradis a dû beaucoup jouer, promettant du glamour pendant la montée des marches. Mais n’empêche : vu le sujet, cela risque de chauffer sérieusement dans le Grand Auditorium, sur l’écran et aussi parmi un public qui sera sûrement saisi de stupeur. En lisant le synopsis, les fins connaisseurs ont en effet identifié une claire référence à Anne-Marie Tensi, alias AMT, productrice dans les années 1975-1982 d’une palanquée de films X gays et hétéros, souvent avec la complicité de sa compagne, la monteuse et réalisatrice Loïs Koenigswerther. Ultra fauchés, tournés en 16 mm et d’une nullité abyssale, les productions AMT étaient la terreur des habitués des salles spécialisées. Il y eut cependant une sidérante exception : l’incroyable Maléfices pornos (aka Cavern Bondage) d’Éric de Winter, délire sadomaso et macabre qui fait l’objet d’un culte tenace.
Mais ne nous égarons pas. Dans Un couteau dans le coeur, la productrice Anne (notre Vanessa nationale) voit s’éloigner son amante Loïs (Kate Moran, l’actrice fétiche de Gonzalez), fatiguée de l’industrie de la fesse. Pour la reconquérir, elle va donc se lancer dans la confection d’un film beaucoup plus ambitieux – là, on n’est définitivement plus dans la réalité historique ! –, mais ce louable projet est contrarié par les agissements d’un tueur en série qui se met à décimer les membres de l’équipe… L’ami Yann nous promet ainsi une esthétique louchant vers l’approche sensitive du thriller à l’italienne, et on est bien tenté de le croire quand on repense à ses précédents efforts : son premier long Les Rencontres d’après minuit, récit d’une partouze existentielle entrelardée de digression [...]

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