Animenation n°302
Your Name
Le cas Makoto Shinkai est passionnant. Cet autodidacte révélé par le court-métrage Voices of a Distant Star (2003) – où une jeune fille partie affronter des aliens aux confins de la galaxie envoie des mails à son amour de jeunesse, mails reçus des années plus tard en raison des distorsions spatio-temporelles – alterne depuis ses débuts longs et moyens-métrages qui dessinent clairement une filmographie à deux vitesses. Le (plus ou moins) grand public le connait surtout à travers les longs La Tour au-delà des nuages (2004) et Voyage vers Agartha (2011), le premier mêlant SF uchronique et histoire d’amour, le second adoptant une approche « ghibliesque » avec sa jeune fille découvrant un monde souterrain où échouent les âmes des morts. Deux très belles et estimables propositions d’animation qui sont pourtant loin de représenter le « style Shinkai ». Pour vraiment découvrir la sensibilité à fleur de peau du réalisateur, et goûter pleinement à son art quasi hyperréaliste où la recherche d’une sensation proche du cinéma live (prise en compte de la profondeur de champ, utilisation globale et signifiante de la lumière, soin maniaque apporté à des décors proches du « réalisme magique ») aboutit à une transfiguration sensorielle de l’animation traditionnelle, il faut absolument voir ses moyens-métrages 5 centimètres par secondes (2007) et The Garden of Words (2013). Dans ces deux joyaux, le cinéaste s’abîme avec pudeur et sensibilité dans des transes mélancoliques hypnotiques où le sentiment amoureux est confronté à la distance physique, temporelle et sociale qui peut séparer deux êtres. Si ses longs abordent bien ces mêmes sujets (en particulier La Tour au-delà des nuages), on n’y retrouve jamais le même vertige roman [...]
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