Animenation n°287

Miss Hokusai

La rentrée se fera en grande pompe sur le front de l’animation, avec une MISS HOKUSAI où le réalisateur Keiichi Hara esquive les poncifs de l’hagiographie grâce à une approche à la fois surréaliste et prosaïque.

Amusant de voir ce film arriver peu après qu’une grande exposition Hokusai a attiré une foule de Parisiens dans un temple culturel comme le Grand Palais. Loin d’être une biographie d’artiste respectueuse et empesée, le scénario montre le plus célèbre des peintres d’estampes tel qu’il était probablement perçu par ses contemporains : en artisan génial, et aussi en ermite bourru qui, faisant primer son travail sur toute autre considération, vivait dans une tanière à la saleté repoussante !

Le misérabilisme n’est pourtant pas l’objet d’une histoire prenant la forme d’une chronique qui juxtapose des épisodes disjoints. Nombre de ceux-ci évoquent la quête d’inspiration des héros et leur sens de l’observation, au travers de mini-récits oniriques (le long cou de la prostituée, le tatouage de dragon) où les amateurs peuvent repérer la démarche que Keiichi Hara avait déjà rôdée dans Colorful et Un été avec Coo, avec un fantastique s’immisçant dans le quotidien de manière fluide et sans provoquer de grand étonnement chez les protagonistes. S’ajoute ici la gageure de raconter la vie d’un peintre en animé, et même s’il ne résiste pas au plaisir de recaser le fameux tableau La Grande vague de Kanagawa, le cinéaste déjoue le piège de l’imitation servile, en préférant jouer le jeu de la mise en abyme. L’intériorité des personnages (rêves et autres images mentales) donne ainsi lieu à des changements de graphisme allant jusqu’au croquis sur fond blanc, comme si ces scènes feuilletaient toutes les étapes de la fabrication d’un dessin.

Mais si la légende est ramenée à un niveau terre-à-terre, c’est aussi parce que, comme son titre l’indique, Miss Hokusai se concentre avant tout sur la fille du peintre, dont on sait peu de choses sinon qu’elle participait activement aux oeuvres signées par lui… La thèse adoptée par les auteurs est que son absence de vie sentimentale la privait de l’étincelle pouvant lui permettre d’égaler son père, notamment en matière d’images charnelles. Au sein du fourmillement d’anecdotes dont le film est composé, le fil narratif le plus attachant est peut-être la relation qui la lie à un bel apprenti artiste. Or, une fois encore, l’ensemble évite les écueils de la bluette, se terminant au contraire sur une note amère qui submerge le spectateur d’émotion. Voilà donc le portrait singulier d’un personnage vigoureux mais sensible, tout aussi éloi [...]

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