ACTUALITE : THE HAUNTING OF HILL HOUSE
Quand un classique de la littérature d’épouvante (La Maison hantée de Shirley Jackson, 1959) a déjà donné naissance à un chef-d’oeuvre du cinéma (La Maison du Diable de Robert Wise, 1963) et à un insondable nanar (Hantise de Jan de Bont en 1999), est-il bien nécessaire de remettre le couvert ? La question se pose d’autant plus quand il s’agit d’un genre aussi balisé que celui du récit de maison hantée.
Ne faisons pas durer le suspense plus longtemps : confier le projet à Mike Flanagan (le réalisateur de The Mirror, Jessie et Ne t’endors pas) était sûrement la meilleure des solutions. Réalisateur et coscénariste de l’intégralité des dix épisodes, créateur de cette adaptation, le bougre n’a pas hésité à totalement s’approprier l’histoire, quitte à lui donner de faux airs d’Amityville, la maison du diable.
Alors que le roman et les films suivaient un petit groupe d’étrangers réunis par un pseudo scientifique pour explorer une maison prétendument hantée, la série est avant tout une histoire de famille, racontée sur deux époques. Dans les années 80, Hugh Crain (Henry Thomas, le Elliott d’E.T., l’extra-terrestre) et son épouse Olivia (Carla Gugino) s’installent avec leurs cinq enfants dans un gigantesque manoir. Les gosses ne tardent pas à observer des phénomènes étranges et la famille quittera les lieux en pleine nuit après un drame terrible. En parallèle, la série raconte également l’histoire, de nos jours, des cinq rejetons devenus adultes, réunis par un nouveau drame… Chacun des cinq premiers épisodes se concentre sur l’un des enfants Crain, avec comme pivot ce nouveau drame qui va marquer leur vie d’adulte. D’où une histoire qui se développe de manière non linéaire, couche par couche (à la manière de la série dramatique This Is Us). Flanagan s’intéresse en définitive à la façon dont la maison et le drame qui s’y est joué ont influencé la vie des Crain. L’un est devenu un junkie, l’autre a choisi la profession de croque-mort, le père ne voit plus ses enfants… Comme le démontre sa filmographie, Mike Flanagan est obsédé par l’idée d’être hanté par le passé, littéralement et figurativement – ce n’est pas un hasard s’il tourne actuellement le film Docteur Sleep, adaptation de la suite de Shining.
Le roman n’a pas été oublié pour autant. Les enfants reprennent les caractéristiques de ses protagonistes : l’aîné est un soi-disant spécialiste du paranormal ; l’une porte en permanence des gants à cause de son pouvoir de perception, etc. On a même droit à un caméo de l’acteur Russ Tamblyn, le jeune premier du film de Wise (et le Dr Jacoby dans Twin Peaks).
À la fois émouvante et effrayante, bourrée de twists jusqu’à la gueule et d’idées visuelles propres au « style Flanagan », The Haunting of Hill House n’a donc pas grand-chose à voir avec la « Murder House » de la première saison de American Horror Story. Seul le format pourrait les rapprocher : Flanagan nous a confirmé que cette histoire se terminait au terme du dixième épisode et qu’une éventuelle saison 2 se concentrerait sur une autre maison et d’autres personnages. En attendant, passez donc voir les Crain… ils vous attendent !
INTERVIEW MIKE FLANAGAN
CRÉATEUR ET RALISATEUR
En plein repérage pour l’adaptation ciné du Docteur Sleep de Stephen King, le réalisateur control freak Mike Flanagan a pris le temps de répondre à nos questions sur sa version sérialisée de La Maison du Diable.
Pourquoi adapter ce roman sous la forme d’une série ? Jusqu’ici, on vous connaissait comme réalisateur de longs-métrages…
Le film de Robert Wise est proche de la perfection. Je n’avais donc aucune envie de faire la même chose que lui. En fait, ce projet m’a été proposé par Amblin, qui cherchait déjà à le développer pour la télévision. Et justement, j’envisageais depuis pas mal de temps de bosser pour le petit écran. Il y a déjà eu deux adaptations pour le cinéma, et l’une d’entre elles est vraiment géniale ! Personne ne voyait l’intérêt de refaire la même chose.
Comme vous l’avez dit, la première adaptation est un chef-d’oeuvre, alors que la seconde… (rires) Quelles leçons avez-vous retenues de ces deux films ?
(Fla [...]
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Stebod78
le 22/10/2018 à 17:30Merci pour cet entretien, un brin trop court ^^
le travail de Mike Flanagan est vraiment hyper intéressant. Et même si la série a été envisagé, selon ses propres mots, comme un long métrage de 10 heures, je trouve que chaque épisode fonctionne aussi très bien comme entité indépendante, chacun développant soigneusement un aspect individuel de la "hantise" familiale, et culminant fréquemment sur un final éprouvant et émouvant.