Actualité : Cold in July

Cold in July

Une authentique série B redneck eighties qui convoque le western, l’horreur, le snuff et le thriller coréen : voilà ce que nous propose Jim Mickle. Un plaisir d’autant plus impossible à refuser qu’on pourra découvrir la chose en salle, miracle de plus en plus rare pour ce genre de spectacle !

Au départ de Cold in July (ex-Juillet de sang), on a d’abord un auteur. Et pas des moindres, puisqu’il s’agit de Joe R. Lansdale, écrivain spécialisé dans le polar hard-boiled et l’horreur, sans oublier sa participation à de nombreux comic-books comme Tales from the Crypt et Conan, en prise directe avec l’oeuvre de son compatriote texan Robert E. Howard, et à la série animée Batman. Une figure incontournable de la pop culture dont quasiment aucun des textes n’avait été porté à l’écran jusqu’ici, si ce n’est par Don Coscarelli avec Bubba Ho-Tep et l’épisode La Survivante des Masters of Horror, tous deux tirés de nouvelles de Lansdale, et par l’obscur film de zombies Christmas with the Dead. En attendant Savage Season, que produira Razor Films, et surtout The Bottoms, tiré du roman Les Marécages et que doit réaliser un autre Texan en la personne de Bill Paxton, Cold in July, publié chez nous sous le titre Juillet de sang, constitue donc en quelque sorte une première, et un film idéal pour son réalisateur Jim Mickle. Repéré avec Mulberry Street et le brillant Stake Land, puis un peu oublié à cause de son décevant We Are What We Are, l’homme est un fan de Lansdale (il travaille d’ailleurs à la série Hap and Leonard, elle aussi adaptée de l’auteur) et aura mis sept ans à monter Cold in July avec ses producteurs, vendant le projet comme un mélange de Memories of Murder et de Roadhouse, film emblématique des années 80, de la masculinité de l’époque et sommet de la série B virile redneck. Afin d’abonder en ce sens, Mickle et son coscénariste et acteur d’élection Nick Damici taillent sec dans les dialogues du roman, préférant caractériser les personnages par leur gestuelle plutôt que par des répliques trop « littéraires » qui présentent le risque de noyer la narration.

Texas, 1989. Richard Dane (Michael C. Hall), qui tient un magasin d’encadrement, est un père de famille tranquille et un peu effacé. Le genre de gars qui vit sa vie honnêtement sans faire de vagues. Une nuit, un inconnu pénètre dans sa maison alors qu’il est au lit avec sa femme et que leur petit garçon dort dans la chambre d’à côté. Alerté par le bruit, Richard croit à un cambrioleur et s’empare d’une arme pour surprendre ce dernier. Aveuglé par la torche de l’intrus et en proie à la panique, il presse la détente, tuant l’homme sur le coup alors qu’il n’était pas armé. Aux yeux de la police, son cas relève pourtant de la légitime défense et il passe vite pour un héros aux yeux de la communauté, même s’il se refuse à entrer dans ce jeu. Il n’en est pas sorti pour autant : Ben Russel (Sam Shepard), le père de la victime, est un criminel libéré sur parole. Arrivé en ville pour assister à l’enterrement de son fils, il aborde Richard et menace sa famille à mots couverts, mais la police refuse d’agir tant qu’il n’a rien fait d’illégal. Dane commet alors l’erreur de s’introduire dans la maison de Richard et dans la chambre de son fils. Il est arrêté pour être renvoyé en prison. Le soulagement de Richard est pourtant de courte durée : il réalise que l’homme qu’il a abattu n’est pas le fils de Dane et que la police leur a menti à tous les deux… 

Qu’on se rassure, ce résumé ne concerne que le premier acte du film et nous n’irons pas plus loin, tant il serait dommage de dévoiler la teneur d’une intrigue imprévisible qui commence en histoire de vengeance basique et se poursuit comme un film noir pour se terminer en vigilante, le tout impliquant snuff movies et corruption policière. Profondément ancré dans son décor rural (très joliment filmé) et son époque (la VHS revêt une importance particulière au sein du récit), Cold in July s’autorise en outre quelques écarts propres à l’horreur. Ainsi a-t-on droit à une scène très EC Comics où l’on déterre un cadavre dans un cimetière à la lueur des phares d’une voiture, à de formidables éclaboussures gore lorsque la poudre parle et à une citation directe de La Nuit des morts-vivants. Bien que Jim Mickle rende également hommage aux Nerfs à vif, à John Carpenter (notamment via la musique) et à Sam Peckinpah, son film ne ressemble pourtant jamais à celui d’un fanboy – comme c’est le cas pour tant de cinéastes de sa génération –, mais à une solide série B aux allures de western qui n’hésite pas à dévier dans le glauque le plus poisseux tout en se gardant bien de faire acte de complaisance. Il est en cela bien aidé par le trio improbable que forment ses trois protagonistes : l’interpr&egra [...]

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