2022, le bilan !

Et voici notre traditionnel papotage au coin du feu, durant lequel la Mad Team revient sur l’année cinématographique écoulée. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que 2022 nous a largement donné de quoi papoter, et que le Top de la rédac reflète cette année étonnante à plus d’un titre.

Fausto Fasulo : On peut déjà constater une chose assez étonnante, c’est que le premier film du top n’a pas été traité très longuement dans le magazine lorsqu’il est sorti. Il y a une explication très pragmatique à ça : on a vu le film assez tard et malheureusement, notre demande d’entretien avec Park Chan-wook n’a pas pu aboutir parce qu’il n’était pas disponible. Mais c’est très rare qu’on soit dans cette situation, avec un film tout en haut du top qui, finalement, n’a eu qu’un traitement rédactionnel un peu léger, dirons-nous.

Et pour le numéro 2, Top Gun: Maverick, c’est encore plus intéressant : ce n’est pas à proprement parler un film fantastique – et il en va de même pour Decision to Leave, d’ailleurs. Pourtant, nous avons eu une année assez riche en films d’horreur, dont certains ont plutôt été appréciés par l’ensemble de la rédaction. Ça vous fait réagir ?


Alexandre Poncet : Ça montre surtout la difficulté qu’on éprouve parfois pour obtenir des interviews. Moi, ce qui m’étonne surtout dans ce top, c’est Top Gun: Maverick. (rires) Je ne sais pas si on peut en parler maintenant ?


F.F. : Parlons un peu du Park Chan-wook, qui a mis à peu près tout le monde d’accord.


François Cau : Je pense qu’on peut quelque part rapprocher ce film de Top Gun: Maverick, Avatar : la voie de l’eau et pour ma part, RRR. On a été frustrés de belles expériences de salles ces dernières années, à cause de la pandémie, et là, tout à coup, ont débarqué des films qui étaient plus ou moins en rétention. Top Gun: Maverick aurait dû sortir un an plus tôt, si je ne dis pas de bêtises, pareil RRR. Cette année a marqué le retour des expériences au cinéma, sur grand écran. C’est ce que j’ai vécu avec Decision to Leave : j’ai été submergé par le film, que j’ai trouvé d’une beauté terrassante. 



Top Gun: Maverick de Joseph Kosinski est en deuxième place de ce top 2022.


A.P. : Au-delà de l’expérience en salle, c’est surtout la mise en scène qui m’a scotché. Park Chan-wook manie les pires poncifs du film policier, et pourtant, il arrive à faire l’une des plus belles scènes que j’ai jamais vues avec une séquence d’interrogatoire. C’est peut-être sa plus belle réalisation. 


F.C. : C’est un peu son Zodiac. Jusqu’à ce film, Fincher était un formaliste un peu tape-à-l’œil et dans Zodiac, toute cette virtuosité est devenue invisible. C’est le cas aussi, je pense, pour Decision to Leave.


Laurent Duroche : Dans Decision to Leave – et globalement dans le cinéma de Park Chan-wook –, il y a aussi ce travail d’orfèvre sur les sentiments, qui sont joués sur un mode mineur et qui évoluent lentement vers une explosion très intime. C’est un peu une récompense pour avoir accepté d’être embringué dans des jeux de pistes extrêmement intellectuels et sensitifs, Ici, la dernière image du film est littéralement une vague qui vient tout emporter. Park Chan-wook maîtrise vraiment ce crescendo, et Decision to Leave en est l’un des plus beaux exemples.


F.F. : Il y a aussi une chose dont presque personne n’a vraiment parlé autour de ce film, c’est la direction d’acteurs, les choix de casting. C’est vraiment une idée géniale d’avoir engagé l’actrice chinoise Tang Wei. J’ai adoré tout le jeu autour de l’incompréhension due à l’incompatibilité du langage. Et ça ne peut fonctionner que si les acteurs sont en béton armé. Park Chan-wook avait déjà abordé ce genre de choses dans Mademoiselle, où il faisait parler le japonais à des Coréens. Ce travail avec les comédiens est assez unique.

Par ailleurs, ce qui est intéressant avec les deux premiers titres de notre top, c’est que ce sont des films qui ne sont absolument pas théoriques. Decision to Leave pourrait avoir l’air d’être un peu théorique, mais il donne à ressentir un plaisir très simple de spectateur, celui d’une enquête rondement menée, avec des personnages un peu retors, complexes, des jeux de fausses pistes. On peut effectivement réfléchir autour du dispositif, parler de la mise en scène, mais en même temps, le film est totalement limpide dans ses intentions de pur spectacle. 


A.P. : Peut-être que Gilles peut parler de Top Gun: Maverick, vu qu’il l’a mis en première place ?


Gilles Esposito : J’ai juste envie de dire que c’est le cœur battant du cinéma. (rires) J’ai été complètement stupéfait parce qu’on a l’impression de voir un film de John Ford dernière manière, complètement linéaire, frontal, sans aucune esbroufe de mise en scène, et qui tire le bilan d’une vie. C’est un film d’un classicisme rutilant comme je n’en avais pas vu depuis peut-être des décennies. Une météorite venue de nulle part.



Le top 10 2022 de la rédaction de MadMovies !


F.F. : C’est à la fois hyper classique et hyper technologique. C’est un peu comme le cinéma de Cameron : il y a une dimension lucide concernant le passé, une certaine idée de ce qu’est et a été Hollywood, et en même temps, on trouve un côté prospectif, une véritable envie de réfléchir à ce que va devenir le medium. J’ai ressenti ça devant Top Gun: Maverick. Et je pense d’ailleurs que c’est pour cette raison que le film a si bien marché : il a su galvaniser un public habitué à ce type d’histoires « classiques », mais aussi un public plus jeune qui s’est retrouvé dans une dimension formelle parfaitement contemporaine.


A.P. : Je déteste le premier Top Gun, donc je n’ai pas vraiment d’affect par rapport au retour du personnage de Tom Cruise, etc. En revanche, j’ai vu dans le film un truc assez différent, qui commente presque la multiplication des morceaux de bravoure des blockbusters américains contemporains : l’unique grosse scène d’action est préparée pendant tout le film, ce qui provoque une vraie immersion du spectateur, à travers la préparation et l’entraînement – car c’est un film d’entraînement, en fait. 


L.D. : C’est La 36e chambre de Shaolin avec des avions !


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